Dans Ketticè, le nouveau drame de Giovanni Tortorici produit par Luca Guadagnino, Monica Bellucci joue une mère aristocratique en proie à un système oppressant. Un portrait de la jeunesse sicilienne sous l’ère Berlusconi.
Monica Bellucci incarne la matrone aristocratique dans Ketticè, le drame sicilien signé Giovanni Tortorici
Monica Bellucci, figure maternelle d’une aristocratie sicilienne en déclin
Monica Bellucci renoue avec ses racines italiennes en acceptant un rôle majeur dans Ketticè, le second long-métrage du jeune réalisateur Giovanni Tortorici, produit par Luca Guadagnino. Le tournage de ce drame initiatique a débuté récemment à Palerme, et met en évidence les disparités sociales et culturelles d’une Sicile toujours marquée par l’influence de Berlusconi.
Fort du succès critique de Diciannove, présenté à Venise et récemment distribué aux États-Unis, Tortorici poursuit son exploration de la jeunesse italienne avec une œuvre plus intense, se déroulant en 2012. Ketticè – surnom sicilien de l’héroïne Ketty – suit deux adolescents de seize ans, Ketty et Giulio, issus de milieux différents mais liés par une amitié forte. Ensemble, ils tentent d’échapper à l’influence des adultes, dans une société qu’ils perçoivent comme immobile, autoritaire et dépourvue d’idéaux.
Monica Bellucci incarne la mère de Giulio, une femme originaire de l’Ombrie, tout comme l’actrice elle-même. Mariée à un aristocrate sicilien, son personnage est victime d’un système patriarcal et de la cruauté de sa belle-mère, reproduisant à son tour ce modèle de domination sur son fils. Tortorici souligne cette dynamique d’oppression et de transmission des blessures, intégrant le rôle de Bellucci dans un contexte social plus vaste, où l’apparence aristocratique dissimule un profond malaise.
Le film, également interprété par les jeunes acteurs Rachele Testagrossa et Salvatore Gallina, aborde de manière directe les addictions, la peur constante du contrôle policier et familial, et la recherche d’un espace de liberté. À travers Ketticè, Tortorici offre une vision réaliste, parfois désenchantée, d’une génération privée de repères et marquée par l’inaction politique et culturelle du début des années 2010.
Produit par Frenesy Film, The Apartment, Memo Films et Piper Film, avec une coproduction française assurée par First Picture, Ketticè s’annonce comme une nouvelle étape importante dans la carrière de Monica Bellucci, mais aussi comme la confirmation du talent unique de Giovanni Tortorici, dont la voix s’affirme déjà dans le paysage du cinéma européen actuel.
