« Sophia » : le nouveau film de Dhafer L’Abidine présenté en première mondiale à Marrakech

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Présenté en première mondiale au Festival International du Film de Marrakech, « Sophia » marque une nouvelle étape dans la carrière de Dhafer L’Abidine. Le comédien et réalisateur y signe un thriller intime tourné entre Tunis et Londres, avec Jessica Brown Findlay dans le rôle principal.

À Marrakech, « Sophia », le nouveau film de Dhafer L’Abidine, révèle la force d’un cinéma tunisien ouvert sur le monde

« Sophia », un film tunisien qui regarde vers l’ailleurs

Avec « Sophia », Dhafer L’Abidine poursuit son travail de cinéaste et confirme son désir d’explorer des récits ancrés dans la réalité sociale contemporaine. Le film, tourné entre la Tunisie et le Royaume-Uni, s’inscrit dans un mouvement de productions tunisiennes plus ambitieuses, ouvertes sur la coproduction internationale.

Jessica Brown Findlay incarne Emily, une mère venue de Londres avec sa fille Sophia pour renouer avec le père, interprété par L’Abidine. Le voyage prend une dimension tragique lorsque l’enfant disparaît. Le film plonge alors dans un suspense tendu, nourri par les secrets et les fractures d’une famille dispersée entre deux pays.

La production réunit Double A Productions, fondée par L’Abidine, et la société britannique New Sparta Productions. Ce dialogue entre équipes, lieux et sensibilités permet au film de porter un regard sensible sur la mobilité, l’identité et la distance. Ses thèmes, simples et universels, touchent autant le public tunisien qu’un public international.

Dhafer L’Abidine, une présence centrale

L’acteur tunisien, installé depuis plusieurs années entre Tunis, Londres et le Moyen-Orient, poursuit un parcours marqué par la diversité des rôles et des registres. Présent aussi bien dans les productions arabes que dans les séries et films anglo-saxons, il a su façonner une trajectoire cohérente, sans effets de prestige. Sa présence à l’écran reste discrète et précise, et son travail derrière la caméra confirme une volonté d’explorer des récits simples, ancrés dans le réel, où les émotions prennent forme dans la retenue.

 « Sophia » : le nouveau film de Dhafer L’Abidine
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Avec « Sophia », il signe son troisième long métrage en tant que réalisateur. Après Ghodwa et To My Son…, il confirme un goût pour les récits intimes où la tension dramatique surgit de situations quotidiennes. Son jeu reste mesuré, et son regard de cinéaste s’affirme ici dans une mise en scène simple, attentive aux gestes et aux silences.

Le Festival de Marrakech, un écrin pour la première mondiale

Le Festival International du Film de Marrakech accueille la première mondiale de « Sophia » dans sa section Gala. L’événement, connu pour son ouverture aux cinématographies arabes et africaines, offre au film une visibilité forte, à la fois locale et internationale.

La sélection met en lumière un cinéma tunisien en pleine mutation, capable de dialoguer avec des acteurs et des équipes du monde entier sans perdre ses ancrages. Marrakech sert souvent de tremplin à des films portés par de nouvelles voix du monde arabe ; la projection de « Sophia » s’inscrit dans cette dynamique.

 Jessica Brown Findlay

Jessica Brown Findlay apporte au film une présence sensible et mesurée. Révélée au grand public par son rôle dans Downton Abbey, l’actrice britannique poursuit depuis une carrière discrète, entre cinéma indépendant et séries. Dans « Sophia », elle incarne une mère traversée par le doute et la peur, sans chercher l’effet dramatique. Son jeu, fondé sur la nuance et le silence, accompagne la tension du récit et offre au film une profondeur émotionnelle qui ne s’impose jamais.

Un thriller intime et sans emphase

« Sophia » avance sans grands effets. Le film privilégie la tension intérieure, les paysages du littoral tunisien, les rues de Londres et les espaces intercalaires où les personnages semblent se perdre. La disparition de l’enfant ne sert pas seulement la mécanique du suspense ; elle révèle ce que les distances — géographiques, culturelles ou affectives — déposent dans une famille.

Le choix d’un récit simple, presque dépouillé, s’accorde avec le style de L’Abidine. Le film s’inscrit dans une tradition de thrillers psychologiques où l’émotion travaille en sous-texte, portée par les situations plutôt que par les démonstrations.

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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