Tom Cruise, l’Oscar qui manquait

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Photo : Fred Duval / Shutterstock

Après plus de quarante ans de carrière, Tom Cruise reçoit un Oscar d’honneur lors des Governors Awards. Une soirée émouvante, où Hollywood a célébré un acteur devenu symbole d’un cinéma populaire et exigeant, longtemps nommé mais jamais couronné.

Tom Cruise reçoit un Oscar d’honneur aux Governors Awards

Au Dolby Theatre, l’instant où Hollywood a enfin salué Tom Cruise

C’est au son familier de Mission: Impossible que Tom Cruise a fait son entrée sur la scène du Dolby Theatre. À 63 ans, l’acteur américain a reçu l’Oscar d’honneur, sa première statuette, devant une salle debout, attentive, presque soulagée de voir enfin l’Académie saluer l’un des visages les plus durables du cinéma contemporain. Dans la salle, Steven Spielberg, Colin Farrell, Emilio Estévez et toute une génération d’acteurs et de réalisateurs ont accompagné ce moment rare.

Les Governors Awards, où l’Académie distingue chaque année des artistes pour l’ensemble de leur carrière, ont pris cette fois des allures de réconciliation tardive entre Hollywood et une star longtemps considérée comme évidente mais jamais consacrée.

«Mon amour pour le cinéma a commencé très jeune», a confié l’acteur, visiblement ému. Il a décrit la salle obscure comme un lieu qui lui a donné «faim d’aventure, de connaissance, de compréhension de l’humanité». Ces mots simples ont suffi à rappeler la dynamique qui a façonné sa carrière : l’énergie du jeu, la maîtrise des gestes, l’obsession du détail et une fidélité constante au grand écran.

Un parcours souvent nommé, jamais récompensé

Avant cet Oscar d’honneur, Tom Cruise avait reçu quatre nominations sans victoire. Elles dessinent un portrait de son évolution d’acteur, entre rôles dramatiques et cinéma populaire.

Dans Né un 4 juillet (1989), il surprend par la densité de son interprétation, incarnant le vétéran Ron Kovic avec une gravité inattendue pour celui que l’on associait alors à des rôles plus légers. Cette première nomination révèle un comédien prêt à aller plus loin.

Jerry Maguire (1996) lui offre une seconde nomination, cette fois dans un rôle mêlant fragilité et ambition, porté par un scénario précis où la comédie et le drame se répondent. La performance confirme sa maîtrise des variations émotionnelles.

Avec Magnolia (1999), Paul Thomas Anderson lui confie un rôle qui s’éloigne de ses habitudes. Sa nomination récompense un personnage abrasif et inquiet, révélant une capacité à s’aventurer dans des zones plus sombres.

Enfin, en tant que producteur de Top Gun: Maverick (2022), Cruise reçoit une quatrième nomination. Le succès mondial du film, célébré pour avoir ramené le public en salle après la pandémie, souligne son engagement pour le cinéma comme expérience collective.

Ces quatre étapes montrent une trajectoire où le spectaculaire n’a jamais effacé une volonté de progression et de recherche.

Une cérémonie dédiée au cinéma, pas au culte de la star

Cette édition des Governors Awards n’était pas centrée sur le spectacle mais sur le cinéma lui-même. Un long montage retraçant sa filmographie a rappelé l’étendue de son travail, de Taps (1981) à Mission: Impossible – The Final Reckoning (2022), en passant par ces séquences de cascades qu’il réalise presque toujours lui-même.

Le prix lui a été remis par Alejandro González Iñárritu, avec qui il tourne actuellement un film à Londres. Le réalisateur oscarisé a laissé entendre que ce premier Oscar pourrait ne pas être le dernier, signe qu’une nouvelle étape s’ouvre peut-être pour l’acteur.

Cruise, fidèle à sa ligne, a rappelé son attachement au cinéma en salle. «Je ferai toujours tout mon possible pour soutenir cet art», a-t-il assuré, évoquant la nécessité de protéger ce qui donne sa force à la projection collective.

Une soirée où Hollywood regarde vers l’avenir

L’Académie a également honoré Debbie Allen, Wynn Thomas et Dolly Parton, célébrée pour son engagement philanthropique. La présence de nombreuses stars — Leonardo DiCaprio, Michael B. Jordan, Sydney Sweeney, Dwayne Johnson, Ariana Grande ou encore Jacob Elordi — a donné à la soirée un parfum de lancement informel de la saison des Oscars.

Mais l’instant le plus marquant reste celui où Tom Cruise, après deux minutes d’ovation, a tenu sa statuette sans éclat inutile. Un acteur longtemps associé au mythe de la star indestructible, soudain ramené à une simplicité qui lui ressemble plus qu’on ne le croit.

Dans un Hollywood où les formes changent, où les usages se transforment, il demeure l’un des rares à défendre le cinéma comme un lieu, un geste et une expérience. Cet Oscar d’honneur vient rappeler qu’une carrière peut être célébrée sans bruit, avec la même sobriété que celle qui a guidé ses plus beaux rôles.

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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