Le second volet de Wicked, réalisé par Jon M. Chu et porté par Ariana Grande et Cynthia Erivo, arrive aujourd’hui en salles en France. Entre comédie musicale, récit d’amitié brisée et fable politique assumée, Wicked : Partie II conclut un diptyque devenu phénomène.
Wicked : Partie II – Un retour à Oz sous tension politique
Fin du voyage
La suite de Wicked, succès mondial de 2024, sort ce 19 novembre 2025 et marque la fin du voyage de Galinda et d’Elphaba. Inspiré du roman de Gregory Maguire et de la comédie musicale créée à Broadway en 2003, ce second chapitre retrouve Ariana Grande et Cynthia Erivo dans les rôles qui ont fait renaître l’univers du Magicien d’Oz pour une nouvelle génération.
Le premier volet s’était imposé comme l’un des succès majeurs de l’année 2024, cinquième au box-office mondial, fort de dix nominations aux Oscars. L’annonce d’une suite avait donc suscité une grande attente, nourrie par la présence de Jeff Goldblum dans le rôle du Magicien d’Oz et de Michelle Yeoh en Madame Morrible.
Une histoire d’amitié brisée et de pouvoir
Wicked : Partie II reprend là où s’arrêtait le premier film. Galinda, adulée et toujours enfermée dans les apparences qui l’ont façonnée, poursuit son ascension dans un royaume corrompu. En face, Elphaba, victime d’une propagande implacable, incarne la figure de la sorcière bannie, condamnée pour ce qu’elle est plus que pour ce qu’elle fait.
Jon M. Chu s’attache à montrer l’effritement d’un lien ancien, né malgré la rivalité initiale entre les deux jeunes femmes. Leur amitié devient ici le fil ténu d’un récit sur la loyauté, la différence et les stratégies de survie dans un système rigide, où l’illusion et le mensonge occupent la première place.
Oz comme miroir politique
Sous ses décors multicolores et sa dimension fantastique, Wicked : Partie II assume pleinement son discours politique. Là où le premier film gardait une part de subtilité, ce second opus avance plus frontalement. Le Magicien d’Oz apparaît comme une figure de pouvoir capable de manipuler la perception collective, tandis que la rhétorique de son régime évoque, pour une partie du public américain, les méthodes contemporaines de désinformation.
Cette lecture a suscité des débats dès les premières images du film. Cynthia Erivo, actrice célébrée à Broadway et militante engagée, avait déjà été prise pour cible avant même la sortie. Le film, qualifié de « woke » par certains commentateurs, n’a fait qu’intensifier le clivage en mettant en avant une vision assumée de la manipulation politique et de la résistance.
Un film entre ampleur visuelle et excès final
Jon M. Chu retrouve ici sa maîtrise du spectacle musical. Les plans sont amples, les scènes chantées soigneusement composées et le face-à-face entre les deux sorcières constitue l’une des forces du film. L’univers d’Oz conserve son identité visuelle pop, artificielle et volontairement théâtrale.
Le dernier acte s’étire cependant dans une succession de chants tragiques, comme si le film cherchait à prolonger l’émotion au-delà de ce que le récit pouvait porter. Malgré cet excès, Wicked : Partie II parvient à maintenir son équilibre entre divertissement familial et commentaire social.
Une conclusion inscrite dans son époque
Avec ce deuxième volet, la franchise Wicked consolide sa place dans le paysage culturel américain. Elle s’éloigne des productions musicales plus conventionnelles et compose, au contraire, une œuvre qui résonne avec les préoccupations politiques d’aujourd’hui. Sans chercher à ensorceler à tout prix, le film propose une lecture actuelle du pouvoir, du conflit et des récits que l’on construit pour gouverner.
On ressort de Wicked : Partie II avec l’impression d’un film qui, tout en restant fidèle à son univers, dialogue avec le réel.
