Jean Hélion
La prose du monde
Musée d’Art Moderne de Paris
Jusqu’ au 18 août 2024
L’exposition
Le Musée d’Art Moderne de Paris présente une exposition rétrospective consacrée à l’œuvre de Jean Hélion (1904-1987), un peintre et intellectuel dont l’influence s’étend sur le XXème siècle. Jean Hélion, figure pionnière de l’abstraction, a introduit ce mouvement en Amérique dans les années 1930, avant de se tourner vers une figuration personnelle avant la Deuxième Guerre mondiale.
Après son retour en France à la fin de la guerre, Jean Hélion a été reconnu dans les années 1960 par la nouvelle génération de peintres de la Figuration narrative, parmi lesquels Gilles Aillaud et Eduardo Arroyo. Il a bénéficié de nombreuses expositions de son vivant, tant dans les galeries que dans les institutions françaises et internationales, notamment au MAM en 1977 et 1984-85, sa dernière rétrospective ayant été présentée au Centre Pompidou en 2004. Malgré son importance et sa singularité, son œuvre demeure encore relativement méconnue du grand public.
Organisée de manière chronologique, l’exposition Jean Hélion, La prose du monde rassemble plus de 150 œuvres (103 peintures, 50 dessins, des carnets ainsi qu’une abondante documentation), rarement présentées au public, provenant de grandes institutions françaises et internationales ainsi que de nombreuses collections privées.
Jean Hélion
Né en 1904 en Normandie, Jean Hélion entame d’abord des études d’architecture à Paris. Après une courte période à Montmartre en 1929, il se lie d’amitié avec Théo van Doesburg et Piet Mondrian, s’orientant ainsi vers l’abstraction géométrique. Il participe activement au groupe Art Concret et contribue à la fondation du collectif Abstraction-Création, regroupant les principaux représentants de l’art abstrait entre les deux guerres. Ami de Calder, Arp, et Giacometti, il entretient également des relations étroites avec Max Ernst, Marcel Duchamp et Victor Brauner.
Dès 1929, il commence à rédiger ses Carnets, une réflexion continue sur la peinture qu’il poursuivra jusqu’en 1984. Jean Hélion est également en relation avec les écrivains de son époque tels que Francis Ponge, Raymond Queneau, René Char et André du Bouchet, qu’il associe inlassablement à son cheminement artistique.
Dès 1934, Jean Hélion s’installe aux États-Unis où il développe une amitié étroite avec Marcel Duchamp. Il devient l’une des figures centrales de l’abstraction et une personnalité éminente de la scène artistique américaine, conseillant de grands collectionneurs.
Pourtant, dès le milieu des années 1930, ses formes commencent à prendre vie, annonçant un retour imminent à la représentation de la figure humaine. Fidèle à son intuition, Jean Hélion se détourne de l’abstraction en 1939, alors même que ce mouvement commence à dominer la scène artistique internationale, pour explorer plus avant la représentation de la figure humaine et « le réel ».
Pressentant la fragilité des choses au moment où éclate le second conflit mondial, Hélion procède alors à une reconstruction de l’image à partir de son langage abstrait : les œuvres qui en résultent présentent des scènes de rue tirées du quotidien où toute sentimentalité est absente.
Interrompant sa carrière de peintre, Hélion s’engage pendant la guerre aux côtés de l’armée française, il est fait prisonnier en 1940. Le récit de son évasion They Shall Not Have Me, publié en 1943 et récemment traduit en français deviendra un best-seller.
De retour à Paris en 1946, marié à Pegeen Vail (fille de Peggy Guggenheim), il peine à trouver sa place sur la scène parisienne. Malgré tout, il réinvente la figuration en abordant différents styles et nombreux sujets : le nu (Nu renversé, 1946), le paysage (Le Grand Brabant, 1957), la nature morte (Nature morte à la citrouille, 1946 ou Citrouillerie, 1952), l’allégorie (À rebours, 1947, Jugement dernier des choses, 1978 – 79), la peinture d’histoire (Choses vues en mai, 1969) et vue d’atelier (L’atelier, 1953 acquis récemment par le MAM avec le soutien des Amis du Musée d’Art Moderne et le Fonds du Patrimoine). Paris, la rue, les choses où se mêle le songe, sont une source d’inspiration inépuisable pour écrire sa « prose du monde ».
À la fin de sa vie, perdant progressivement la vue, son œuvre entremêle volontairement les motifs qui l’ont hanté depuis toujours. Sa peinture oscille entre dérision et gravité (Le Peintre piétiné par son modèle, 1983), rêve et éblouissement heureux.
Catalogue
L’exposition est accompagnée d’un catalogue publié sous la direction de Sophie Krebs et Henry Claude Cousseau, commissaires de l’exposition, et préfacé par Fabrice Hergott, avec les contributions de Vincent Broqua, Pierre Brullé, Éric de Chassey, Céline Chicha-Castex, Oliver Koerner Von Gustorf, Brigitte Léal, Guitemie Maldonado, François-René Martin, Emmanuel Pernoud.
Agenda
Exposition
11 Avenue du Président Wilson 75116 Paris
Du 22 mars au 18 août 2024
Ouvert du mardi au dimanche
De 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h30
Exposition réalisée avec la participation de la BNF, l’IMEC et de l’Association Jean Hélion.
Photo de couverture : Jean Hélion, L’homme à la joue rouge, 1943
Une invitation à vivre l’art