Le musée des Arts décoratifs consacre pour la première fois une grande rétrospective à Paul Poiret, la mode est une fête, mettant à l’honneur l’un des créateurs les plus audacieux et visionnaires de la haute couture du début du XXe siècle.
Paul Poiret, la mode est une fête – Une ode flamboyante à l’inventeur de la modernité
Musée des Arts décoratifs, Paris, du 25 juin 2025 au 11 janvier 2026.

Cette exposition exceptionnelle invite le public à plonger dans l’univers libre, coloré et pluridisciplinaire d’un homme qui a révolutionné le vêtement féminin et redéfini le rôle du couturier en artiste complet.
Né à Paris en 1879, Paul Poiret débute son apprentissage chez les plus grandes maisons, Doucet puis Worth. En 1903, il fonde sa propre maison et impose très vite une nouvelle silhouette affranchie du corset, fluide, inspirée de l’Antiquité et des arts extra-européens. Ses robes sont épurées, structurées par des rubans intérieurs plutôt que par des armatures, et teintées de couleurs vives rappelant les fauves qu’il admire. Sa robe Joséphine de 1907, chef-d’œuvre d’élégance, incarne cette esthétique en mouvement, sensuelle et novatrice.

Exemplaire n° 176/300. Phototypie coloriée au pochoir
© Les Arts Décoratifs
L’exposition Paul Poiret, la mode est une fête rassemble plus de 550 œuvres : vêtements, accessoires, illustrations, objets d’art décoratif, documents et photographies. Elle dresse un portrait complet d’un créateur qui n’a eu de cesse de faire dialoguer les disciplines. Costumier, parfumeur, éditeur d’objets, metteur en scène de fêtes fastueuses, Poiret envisage son œuvre comme un tout cohérent. Il fonde en 1911 deux sociétés : Martine, dédiée à la décoration, et Les Parfums de Rosine, incarnant sa volonté de réunir les sens dans une vision artistique globale.

© Les Arts Décoratifs / Jean Tholance
De la Belle Époque aux Années folles, Poiret a mis en scène son époque autant qu’il l’a habillée. Grand organisateur de réceptions, il imagine des fêtes spectaculaires comme La Mille et deuxième Nuit, inspirée des contes orientaux, mêlant art, musique, costumes et gastronomie. Ces événements deviennent des laboratoires de création, rassemblant artistes et mécènes, mondains et collectionneurs. L’exposition restitue l’atmosphère de ces soirées à travers des tenues somptueuses, des décors évocateurs et les échos qu’elles ont laissés dans la presse de l’époque.

Gros de Tours liseré à décor broché de fils doré or et de lames argent, taffetas changeant, passementerie et métal argenté
© Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière
Poiret fut l’un des premiers à comprendre l’importance des collaborations artistiques. Il travaille avec Raoul Dufy, Paul Iribe, Georges Lepape, Louis Süe ou encore Marie Vassilieff. Le manteau La Perse, conçu avec Dufy en 1911, illustre cette synergie entre mode et art. L’exposition explore aussi ses liens avec les Ballets russes, la danse libre, et son attrait pour les cultures orientales, nourri par ses voyages au Maghreb et en Europe.

Héliogravure
© Les Arts Décoratifs
Malgré une fin de carrière marquée par les revers financiers, Poiret demeure une figure tutélaire dans l’histoire du costume. Son influence perdure, comme en témoigne une section finale consacrée aux créateurs qui, à l’instar de Christian Dior, Yves Saint Laurent, John Galliano ou plus récemment Alphonse Maitrepierre, ont repris ses codes : le goût de la fête, la puissance narrative du vêtement, et le dialogue constant avec les autres arts.

Mousseline de soie verte brodée de fils de soie et de perles, galon doré et fourrure de vison
© Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière
Chronologique et thématique, le parcours restitue l’effervescence d’un Paris en pleine mutation, où la couture devient un langage à part entière. De ses débuts prometteurs à l’apothéose de sa carrière, en passant par ses collaborations avant-gardistes et ses recherches olfactives, l’exposition révèle un homme en quête d’harmonie totale, un visionnaire qui a su métamorphoser l’art de se vêtir en un art de vivre.

Satin de soie, mousseline de soie brodé de tubes de verre et velours de soie
© Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière
Commissariat : Sophie Grossiord, conservatrice en chef au MAD
Catalogue d’exposition disponible en librairie du musée.
À ne pas manquer : une célébration vibrante du couturier qui fit de la mode un théâtre, et de la vie, une fête.

Satin de soie, velours de soie, broderie par Lesage de fils métalliques, cordonnet, perles et strass
© Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière
Agenda
Paul Poiret, la mode est une fête
Musée des Arts décoratifs, Paris
Du 25 juin 2025 au 11 janvier 2026