Salma Baccar : « Un plateau de tournage est le lieu le plus réjouissant pour moi »
Salma Baccar invitée de Souffle inédit
Salma Baccar est une réalisatrice et femme politique tunisienne. Elle a étudié la psychologie avant d’étudier le cinéma à l’Institut français du cinéma. Sa carrière a débuté par le poste d’assistante réalisatrice à la télévision tunisienne. Puis elle commence à réaliser des courts métrages, des longs métrages, des documentaires et des séries télévisées. En 1989, elle fonde sa société de production : Intermediate Productions. Elle sera la première femme productrice en Tunisie.
Son dernier film, El Jaida, a remporté le grand prix de la 13e édition du Festival Cinéal made Carlos en France en octobre 2018.
En 2011, elle a été élue membre de l’Assemblée constitutionnelle et y a présidé le Comité des droits et libertés.
Rencontre
Souffle inédit. Pour commencez, dites-nous comment naissent vos films ?
Salma Baccar. Avant de commencer à écrire, je passe beaucoup de temps à rêver et à imaginer le profil des personnages jusqu’à ce que un jour le thème et l’histoire s’imposent à moi ; je me mets alors à écrire. Ceci n’empêche pas que j’ai toujours besoin d’un co-scénariste, reflet dans le miroir, pour faire aboutir le scénario qui devient un rêve à deux.
Souffle inédit. Comment se fait la préparation d’un film ?
Salma Baccar. Une préparation adéquate devrait être multidisciplinaire et très minutieuse. Tout doit être contrôlé et par le réalisateur et par le producteur, rien ne doit être oublié ou laissé au hasard. Plus on s’accorde du temps pour la préparation d’une œuvre, plus on la réussit.
Quant au choix du comédien, il se fait souvent au cours de l’écriture, et parfois lors d’éventuelles rencontres. Il faut suffisamment d’entente et d’harmonie entre le personnage, le comédien et le réalisateur, une osmose nécessaire pour la réussite du rôle.
Souffle inédit. En fondant la société de production Inter Medias Production, vous devenez la première femme productrice en Tunisie. Comment êtes-vous entrée dans la production ?
Salma Baccar. Je suis entrée dans le domaine de la production en gravissant les échelons d’une façon progressive ; en tant qu’assistante à la réalisation puis directrice de production et ce n’est qu’ensuite que j’ai créé ma propre société de production en 1989.
Souffle inédit. Depuis votre film Fatma75 jusqu’au dernier film EL JAIDA, la femme est omniprésente avec ses souffrances et sa résistance !?
Salma Baccar. Effectivement depuis le film Fatma75 en passant par la Danse du feu, khochkhach, ainsi que certains des travaux réalisés à la télévision jusqu’au film El Jaida ; mes personnages Féminins semblent avoir le même destin malgré la variété de leurs histoires.
Souffle inédit. De nos jours l’industrie du cinéma a changé ; la commercialisation et la distribution du film se basent sur le marketing. Avez-vous changé votre façon de faire depuis votre premier film ?
Salma Baccar Rien n’a changé dans mon travail ni dans l’écriture, ni dans la direction de l’équipe et des comédiens. Je travaille minutieusement comme toujours et avec le maximum de précision quel que soit les exigences du sujet. Le marketing est une nouvelle donnée avec laquelle j’apprends à faire.
Souffle inédit. Qu’est-ce qui fait le succès d’un film ? Le sujet, l’esthétique, l’argent, la popularité de l’artiste ou le nom du réalisateur ?
Salma Baccar. Le succès d’un film est dû à la rencontre de plusieurs éléments comme le sujet, le scénario, le talent et la popularité d’un ou de plusieurs comédiens, mais aussi le génie du réalisateur.
Souffle inédit. Dans une carrière aussi riche d’expériences professionnelles, quelle serait l’expérience la plus proche de votre cœur ?
Salma Baccar En fait, j’ai tout aimé aussi bien mon travail en tant qu’assistante ou celui de réalisatrice. D’une manière générale, j’ai le même sentiment de plaisir quel que soit la fonction que je pratique. Le plateau de tournage est, pour moi, le lieu le plus réjouissant.
Souffle inédit. Quel serait l’apport de la littérature (poésie, roman,…) dans votre écriture cinématographie ?
Salma Baccar. Le cinéma comme tous les autres arts est muni d’un vase communiquant. Quand je travaille un scénario ou une mise en scène je suis envahi par tous les autres arts notamment les romans qui m’ont marqué
Souffle inédit. Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune réalisateur ?
Salma Baccar. L’assiduité ! Savoir ce que l’on désire et y tenir très fort. Les petits détails sont aussi importants que les grands. Tendre toujours vers la perfection.
Souffle inédit. Élue membre de l’assemblée constituante en 2011, étant une artiste a été un privilège ou un obstacle pour cette activité ?
Salma Baccar. Ce fut tout de même un privilège, surtout au début des travaux. Puis petit à petit et le fait que j’étais la présidente du bloc de l’opposition, la position des élus de la Nahdha et de ses alliés s’est endurcie, Mais malgré toute cette agressivité ce fut une très belle expérience.
Entretien conduit par Monia Boulila
Souffle inédit
Magazine d’art et de culture
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