À 92 ans, Kim Novak, légende de Vertigo, reçoit un Lion d’or à la Mostra de Venise pour l’ensemble de sa carrière, hommage à une actrice insoumise qui a marqué l’histoire du cinéma.
Mostra de Venise : Kim Novak honorée d’un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière
À 92 ans, Kim Novak, l’héroïne mystérieuse de « Sueurs froides » d’Alfred Hitchcock, a été honorée d’un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à la Mostra de Venise. Une reconnaissance tardive mais éclatante pour une actrice qui a préféré quitter les plateaux de tournage au début des années 1990, rejetant les règles rigides d’Hollywood et ses illusions destructrices.

Née en 1933 à Chicago dans une famille d’origine tchèque, Marilyn Pauline Novak a d’abord travaillé comme mannequin et animatrice avant d’être remarquée par Columbia. Renommée Kim, elle s’est rapidement fait remarquer au cinéma, notamment dans « Du plomb pour l’inspecteur » (1954), « Picnic » et « L’Homme au bras d’or ». En 1955, elle a reçu le Golden Globe de la révélation féminine, devenant, malgré elle, l’alternative à Marilyn Monroe que les studios souhaitaient promouvoir.
Cependant, c’est en 1958 que sa vie a pris un tournant décisif. Remplaçant Vera Miles, elle a incarné Madeleine/Judy dans « Sueurs froides ». Le film, initialement accueilli avec tiédeur, est devenu un chef-d’œuvre, assurant à Kim Novak une place importante dans l’histoire du cinéma. Son personnage, modelé et contraint de se transformer sous le regard masculin, reflète sa propre expérience : « Ils voulaient me remodeler selon leur propre image », a-t-elle confié en 2013.
Refusant les classifications et les rôles de « jeune femme innocente », Kim Novak a mené une carrière inégale. Elle a tenté de se libérer des contraintes d’Hollywood, tout en conservant une réputation d’actrice indépendante. Dans les années 1990, après une expérience difficile sur le tournage de « Traumatismes », elle a définitivement quitté le cinéma. Elle s’est ensuite installée dans l’Oregon, se consacrant à la peinture, aux chevaux et à une vie paisible, loin des « petits tyrans » qu’elle critiquera plus tard.
Son parcours, marqué par la vulnérabilité mais aussi par une force intérieure indomptable, inspire aujourd’hui un documentaire présenté à Venise, « Kim Novak’s Vertigo », réalisé par Alexandre O. Philippe. Le réalisateur explore les aspects sombres et lumineux de l’actrice, celle qui a incarné à l’écran une beauté froide et fascinante, mais qui s’est toujours battue pour préserver son identité.
En honorant Kim Novak avec ce Lion d’or, la Mostra de Venise ne célèbre pas seulement une figure emblématique du cinéma d’Hitchcock : elle rend hommage à une femme qui a refusé de se laisser détruire par les illusions de l’industrie, et dont le mystère continue d’inspirer l’imagination du cinéma.
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