Le documentaire A Sisters’ Tale de Leila Amini, sorti dans les salles suisses le 11 décembre 2024, est un récit d’une rare intensité. À travers l’histoire de sa sœur Nasreen, la réalisatrice iranienne signe un hommage vibrant aux femmes qui, dans l’ombre de la répression, font de leur voix un instrument d’émancipation et de résistance.
« A Sisters’ Tale » de Leila Amini, un combat pour la liberté
« A Sisters’ Tale » de Leila Amini est sorti dans les salles suisses
« A Sisters’ Tale » de Leila Amini : le chant comme acte de liberté
Sept années de tournage ont été nécessaires à Leila Amini pour façonner A Sisters’ Tale (Le conte d’une sœur), un documentaire d’une sincérité bouleversante. Le film suit le parcours de Nasreen, femme au foyer, mère de deux enfants, et sœur de la cinéaste, qui nourrit depuis toujours un rêve simple et pourtant interdit en Iran : chanter en public.
Leila Amini nous entraîne dans le quotidien de cette femme déchirée entre devoir familial, amour conjugal et aspiration à la liberté. Si Nasreen peut compter sur le soutien indéfectible de sa mère et de ses sœurs, son mari, attaché aux traditions, s’oppose à cette ambition qu’il juge contraire aux valeurs de leur société. La caméra de Leila capte avec pudeur les tensions, les doutes et les élans de courage qui ponctuent cette quête intime.
La voix de Nasreen porte un héritage familial. « Mon père et ma grand-mère chantaient aussi. Nous sommes réputés pour avoir de belles voix dans la famille », confie la réalisatrice. C’est donc bien plus qu’une histoire personnelle : A Sisters’ Tale fait résonner la transmission, la mémoire et la force des liens familiaux.
Présenté en première mondiale au Festival de Locarno 2024, le film a ouvert la Semaine de la critique sous une émotion palpable. Le moment le plus marquant fut sans doute celui où Nasreen, devant près de 900 spectateurs, a chanté en public pour la première fois. Un geste simple, mais d’une puissance symbolique immense — celui d’une femme qui ose se réapproprier sa voix dans un pays où elle lui est refusée.
Coproduit entre la Suisse, la France et l’Iran, le documentaire conjugue finesse esthétique et engagement. Il offre un regard lucide et humain sur la condition des femmes iraniennes, contraintes au silence mais animées par un irrépressible désir d’expression. À travers sa sœur, Leila Amini interroge ce que signifie chanter, rêver, exister — et rend hommage à toutes celles qui, malgré la peur, choisissent de s’élever.
