20 juillet 1964-18 mai 2017
Il y a 5 ans, Chris Cornell se donnait la mort à Détroit, dans sa chambre d’hôtel, après un concert au Fox Theatre. L’homme, qui a renoué avec son groupe d’origine, Soundgarden, après la parenthèse Audioslave (3 albums entre 2002 et 2007), semblait respirer la vie.
La voix de Chris Cornell
Les jeudis d’Hyacinthe
L’enregistrement public de son concert, qui n’était pourtant pas officiellement un « concert d’adieu », le montre bien : Vidéo
Officiellement, luttant contre la dépression et la drogue, l’artiste aurait pris deux cachets de plus de l’Ativan, prescrit contre l’anxiété et l’angoisse. Pour sa famille et ses amis, Chris Cornell ne savait pas ce qu’il faisait. Mais, pour nous, ses fans, si nous n’y pouvons rien, il s’agit d’une défection, d’une trahison, l’amour que nous vouons à la voix de Chris Cornell étant des plus intacts cinq ans après.
Pour vous assurer de la beauté de cette voix unique, nous vous invitons à écouter son Unplugged in Sweden, album acoustique enregistré en studio et devant un public réduit le 6 septembre 2006 : Vidéo
La plus belle voix de sa génération
Tout est beau, n’est-ce pas ? Des reprises des groupes Soundgarden et Audioslave, en passant par les morceaux « Redemptionsong » de Bob Marley ou « Billie Jean » de Michael Jackson, les quatre octaves que Chris Cornell a dans la voix font l’effet d’un charme sur nos esprits, nos cœurs et nos corps. Alors, que celui qui est considéré comme la plus belle voix de sa génération (cf. the telegraph) se soit donné la mort par pendaison, nous accable davantage. C’est que, derrière l’acte suicidaire de Chris Cornell, il y a une fragilité humaine, trop humaine, faut-il dire, qui, par l’art et la voix qui étaient les siens, le portent au firmament : « Qui ne “meurt” pas de n’être qu’un homme ne sera jamais qu’un homme », écrit Georges Bataille dans L’expérience intérieure.
Si on en doute encore, je vous invite à écouter «You know myname», qui ouvre l’ère Craig dans la saga James Bond : Vidéo
Puis, amusez-vous à comparer avec les versions live et autres, comme celle-ci où la voix de Chris Cornell, qui joue de la guitare acoustique, est accompagnée au violoncelle :
C’est à chaque fois une nouvelle découverte, une nouvelle sensation, un amour renouvelé…
Le grand réveil
Le 20 juillet 2017, soit deux mois après le suicide de Chris Cornell, son jeune ami, le chanteur du groupe Linkin Park, Chester Bennington, passe aussi à l’acte comme pour célébrer le 53e anniversaire de son aîné. À ce titre, « Crawling » est un duo exceptionnel où les deux voix font littéralement l’amour : Vidéo
Mais le plus beau duo demeure entre Eddie Vedder, leader du groupe Pearl Jam, et Chris Cornell, qui, ensemble, dans le cadre de Temple of the Dog, en 1991, illuminent la nuit noire avec « Hungerstrike », cri d’alarme contre la dépendance à la drogue suite à la mort par overdose de leur ami commun : Andrew Wood.
C’est ce qui caractérise le passage sur terre de Chris Cornell : un mélange d’art, de grand art, de vie à l’infini et toujours ce spectre de la mort qui le hante comme il nous hante tous, volontairement ou involontairement. Un morceau écrit par Cornell, dans l’album Out of Exile (2006), intitulé « Wide awake », met en parallèle les méfaits américains en Iraq et les ravages de l’ouragan Katrina (2005), où la voix de ce barde postmoderne se marie à merveille avec l’engagement politique de ses amis de Rage Against The Machine : Vidéo
Cela nous semble avoir l’effet d’un coup de poing dans la gueule, d’autant plus que c’est revendiqué par Tom Morello et ses compères, en pensant à Bush fils…
Mais, c’est la version acoustique interprétée à la guitare par Chris Cornell qui nous émeut : Vidéo
Ces cris, cette rage, cette vie… C’était Chris Cornell, c’est toujours Chris Cornell.
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