May NEF
Les couleurs de l’Orient et de l’Occident dans une quête de lumière
Par Michel Bénard
Sa jeunesse à Beyrouth fût plutôt favorisée car sa famille attachait une grande importance à la culture comme un bon nombre de libanais de cette époque hélas révolue.
De ce fait la petite May Nef évolua dans un environnement francophone plutôt favorable aux arts et lettres. Son cheminement artistique commença à Beyrouth à une période où il faisait encore bon vivre.
Puis les aléas de l’existence la conduisirent vers la Turquie, puis ce sera Séoul, où osons le dire le contexte lui fût plutôt porteur pour son évolution créative. Ce pays lui apporta la possibilité d’un épanouissement réel épanouissant. Elle exposa même en Chine où un musée fît l’acquisition d’une de ses œuvres.
Puis ce sera en 2014 que notre amie May Nef arrivera en France avec sa petite valise, ayant déjà un objectif majeur, celui par le biais de son art de constituer une sorte de passerelle entre l’Orient et l’Occident.
Ah ! Si seulement les artistes avaient ce pouvoir d’unifier et de pacifier le monde, ce serait un beau cadeau en ces heures incertaines d’étiolement mondial.
Si May Nef porte en elle des traces de mémoire orientales qu’elle conjugue désormais au regard intérieur occidental, vous n’êtes pas sans savoir que les métissages donnent en général de très beaux enfants.
La couleur tient pour elle une place importante et ce n’est pas un hasard si elle porte son attention sur des peintres comme Miro, Kandinsky, Matisse, Van Gogh etc, après avoir traversé une période Soulage plutôt sombre il va de soi, qui sans doute était liée au contexte de la vie et aux affres que subissait son pays et sa vie personnelle. Hélas à ce jour la situation n’a pas beaucoup évoluée.
May Nef a besoin d’espace, de lumière, son œuvre porte les traces des quatre éléments, les ors et les rouges de l’Orient, mais contient aussi les touches du passé, les graines de la mémoire, les nuances sacrées.
La preuve en est, car l’exposition, à l’espace Mompezat, est placée sous le symbole de l’Apocalypse, mais non pas l’anéantissement, mais la révélation qui nous ouvre les portes de la réflexion, dans une sorte d’oscillement dualiste.
Peut-être faut-il y voir le profil de l’instinct de conservation, une volonté de survie. Il ne faut pas s’arrêter au visible de l’œuvre de notre amie, mais plus précisément de tenter d’en pénétrer la profondeur, l’invisible, le questionnement, l’intangible.
Tout n’est qu’incertitude, alors l’artiste trouve refuge dans son imaginaire, s’ouvre sur l’infini, tente le grand passage vers la lumière en se laissant porter par le tourbillon de la vie.
Certains tableaux deviennent une métaphore de la cathédrale, chemin à l’écho mystique qui n’écarte pas une renaissance possible.
Ici, je laisserai la conclusion au poème de notre amie qui taquine aussi les muses :
« Les émotions s’entremêlent, s’étalent, se dévoilent. Sous les couleurs de mes toiles je crée, je dessine la voix de mon âme, je m’unis à l’Etoile. Les couleurs oscillent, s’égarent au gré du chemin de la douleur, de la joie. La nostalgie capture mon âme, les souvenirs se réveillent, les larmes s’écoulent, rallument la flamme ! Réclament Notre-Dame ! Ramène-moi mon cœur sèche mes larmes ! Tu es sur le chemin de la foi de la résurrection de ton âme. » M.N.
Il me semble que pour May Nef, peindre est un état de survie, peindre comme on danse le tango, pour restituer à la vie une pincée de beauté.