Présences Arabes, Art moderne et décolonisation Paris 1908-1988
Avril-Août 2024 Musée d’Art Moderne de Paris.
Par Djalila Dechache
« Il n’y a pas d’art qui ne soit une libération d’une puissance de vie » Gilles Deleuze
Affiche de l’exposition Huguette Caland.
Exposition événement de la ville de Paris, Présences Arabes a été conçue en quatre grands chapitres avec La Nahda entre renaissance arabe et influence occidentale 1908-1937, Adieu à l’Orientalisme mettant en avant le Liban, la Syrie, l’Egypte et l’Irak, Décolonisations à l‘épreuve des deuxièmes indépendances Tunisie, Maroc Algérie 1956-1967 et l‘Art en lutte de la cause palestinienne à l’apocalypse arabe 1967-1988.
Comme on peut le constater, la proposition suit une chronologique historique et politique.
L’initiative se veut réhabilitation historique et réconciliation de la France avec l’histoire de l’art ( post) coloniale.
A cet effet, une grande première partie de l’exposition est dédiée à la France coloniale et ses apports civilisationnels présentés lors de l’exposition Coloniale de 1931 à Paris. En réaction, des militants de la Ligue anti-impérialiste et de la commission anti-coloniale du Parti communiste français multiplient leurs opérations. Une image du photographe de Man Ray évoque le reportage qu‘il a réalisé à cette occasion. Un tract rappelle 100 ans de bienfaits en Afrique du Nord, Maroc, Algérie et Tunisie.
Dans la seconde partie, on est surpris de lire le titre L’orientalisme ou l’Orient rêvé par lui-même.
Ce qui qui vient immédiatement est à la thèse de référence de l’universitaire palestino-américain Edward Saïd « L’Orientalisme, L’Orient créé par l’Occident », traduit en France en 1980. Cette sous-partie est illustrée notamment par deux tableaux de femmes nues, de dos.
Il y est également fait honneur au groupe surréaliste égyptien Art et Liberté dont les artistes ont été exposés en 1947 à la Galerie Maeght ainsi que l‘artiste algérienne, Baya, repérée par Picasso. De plus un passage par l’artiste Fernand Léger et l’Ecole des beaux -arts de Paris ont constitué un réseau de soutien et d’accompagnement aux étudiants arabes.
La troisième partie montre l‘organisation de mouvements d‘Ecoles artistiques telle l‘école d’Alger en peinture qui le deviendra aussi pour la littérature sous l’impulsion d’Albert Camus et Emmanuel Roblès.
« Le groupe Aouchem a été une détonation dans le ciel de l’après-guerre. L’action de ce groupe a contribué à éclairer l’histoire de l’art en Algérie, mais ils ont bousculé également nos débats et réflexions sur l’art et la poésie ». Les premiers peintres signataires du manifeste de ce groupe, dont le nom signifie tatouage sont : Abdoun, Adane, Baya, Benbaghdad, Dahmani, Martinez, Mesli, Saïdani, Zerarti. Trois d’entre eux sont présentés dans cette exposition Baya, Denis Martinez et Rabah Choukri.
Dans cette partie il y a une sous-partie intitulée Art et Immigration qui tient le rôle de parent pauvre de l’exposition générale. Nichée dans un angle mort, entre porte sans issue et local technique, on est étonné par le manque de représentants.
Jewad Selim Alqailoula 1958.
La quatrième et dernière partie Le « Salon de la jeune peinture », à Paris, est dominé par les questions politiques et les luttes anti-impérialistes internationales, de la guerre du Vietnam à la cause palestinienne. L’artiste libanaise Etel Adnan fait paraître, en 1980 à Paris, son grand texte poétique «l’Apocalypse arabe».
Une circulation fluide permet de visiter cette exposition, d’avancer, de revenir en arrière aisément dans ce lieu aussi grand qu’impressionnant.
Le Musée d’Art Moderne de Paris propose de redécouvrir la diversité des modernités arabes au 20ème siècle et de renouveler le regard historique sur des scènes artistiques encore peu connues en Europe. À travers une sélection de plus de 200 œuvres, pour la plupart jamais exposées en France, l’exposition « Présences arabes – Art moderne et décolonisation – Paris 1908-1988 » met en lumière la relation des artistes arabes avec Paris, tout au long du 20ème siècle.
L’ensemble des oeuvres présentées comporte peintures, sculptures, photographies, elle s’accompagne d’archives sonores et audiovisuelles historiques.
Les oeuvres:
Issue de grandes collections régionales (Mathaf, Doha, (Qatar); Barjeel Art Foundation, Sharjah, (Émirats Arabes Unis) ;Ibrahimi Collection, Amman, (Jordanie) ; Musée d’art moderne du Caire, (Égypte)…et de collections privées et publiques françaises (CNAP, Fonds d’art contemporain-Paris collections, Musée d’Art Moderne de Paris, Institut du monde arabe, Musée du Quai Branly-Jacques Chirac…), la sélection de plus de 200 oeuvres, pour la plupart jamais exposées en France (incluant peintures, sculptures, photographies, …) s’accompagne d’archives sonores et audiovisuelles historiques.
Les artistes:
Shafic ABBOUD, ABOU NADDARA, Hamed ABDALLA, Youssef ABDELKE, Amal ABDENOUR, Boubaker ADJALI, Etel ADNAN, Maliheh AFNAN, Mohamed AKSOUH, Farid AOUAD, Fatma ARARGI, Abdelkader ARNAOUT, Mohamed ATAALLAH, Jean-Michel ATLAN, Amin EL-BACHA, Simone BALTAXE, Michel BASBOUS, Ala BASHIR, Fatma Haddad-Mahieddine (dite BAYA), Souhila BEL BAHAR, Farid BELKAHIA, Nejib BELKHODJAH, Fouad BELLAMINE, Mahjoub BEN BELLA, Aly BEN SALEM, Abdallah BENANTEUR, Djamila BENT MOHAMED, Samta BENYAHIA, Maurice BISMOUTH, Etienne BOUCHAUD, Pierre BOUCHERLE, Huguette CALAND, Nasser CHAURA, Ahmed CHERKAOUI, Saloua Raouda CHOUCAIR, Chaouki CHOUKINI, collectif CINÉMÉTÈQUE, Inji EFFLATOUN, André ELBAZ, Fouad ELKOURY, Errò, Ammar FARHAT, Safia FARHAT, Moustapha FARROUK, Dias FERHAT, André FOUGERON, Émile GAUDISSARD, Abdel HadiEL-GAZZAR, Jilali GHARBAOUI, Gibran KAHLIL GIBRAN, Abdelaziz GORGI, Abdelkader GUERMAZ, Abraham HADAD, Marie HADAD, Khadim HAIDER, Ahmed HAJERI, Mahmoud HAMMAD, Jamil HAMOUDI, Francis HARBURGER, Faik HASSAN, Mona HATOUM, Adam HENEIN, Georges HENEIN, Mohamed ISSIAKHEM, Abdul Kader EL-JANABI, Henri Gustave JOSSOT, Fouad KAMEL, Fêla KÉFI-LEROUX, Mohammed KHADDA, Rachid KHIMOUNE, Rachid KORAÏCHI, Georges KOSKAS, Mohamed KOUACI, Claude LAZAR, Ahmed LOUARDIRI, Nja MAHDAOUI, Mahjoub AL-JABER, Jean de MAISONSEUL, Antoine MALLIARAKIS dit MAYO, Azouaou MAMMERI, Maria MANTON, Denis MARTINEZ, Marwan KASSAB BACHI (dit MARWAN), Hassan MASSOUDY, Hatem EL-MEKKI, Mohamed MELEHI, Rabah MELLAL, Choukri MESLI, Mireille MIAIHLE, Mahmoud MOKHTAR, Fateh AL-MOUDARRES, Philippe MOURANI, Medhi MOUTASHAR, Laila MURAYWID, Nazir NABAA, Edgar NACCACHE, Effat NAGHI, Mohammed Bey NAGHI, Marguerite NAKHLA, Rafa NASIRI, Ahmad NAWACH, Amy NIMR, Leila NSEIR, Mohammed RACIM, Omar RACIM, Samir RAFI, Aref EL-RAYESS, Jocelyne SAAB, Georges Hanna SABBAGH, Gmach SADOK, Valentinede SAINT-POINT, Shakir Hassan AL-SAID, Mahmoud SAÏD, Nadia SAIKALI, Mona SAUDI, Jewad SELIM, Jean SÉNAC, Juliana SERAPHIM, Ibrahim SHADHA, Gazbia SIRRY, Chaïbia TALLAL, Kamel EL-TELMISANY, Gouider TRIKI, Yahia TURKI, Madiha UMAR, Seif WANLY, Nil YALTER, Ramsès YOUNAN, Salah YOUSRY, Fahrelnissa ZEID, Bibi ZOGBÉ
Un catalogue de 233 pages contenant des textes de nombreux spécialistes est en vente au MAM. Il réunit une documentation et une iconographie largement inédites, couvrant les grands chapitres de l’art moderne arabe à Paris, à travers de nombreux essais, notices thématiques et chronologies transnationales ; ainsi que des auteurs et autrices de premier plan (Michael Goebel, Emilie Goudal, Morad Montazami, Silvia Naef…).
Le public aurait sans doute apprécié un large éventail de cartes postales en lien avec l’exposition ainsi que l’acquisition de l’affiche.
11 Avenue du Président Wilson 75116
Souffle inédit, Magazine d’art et de culture
Une invitation à vivre l’art