Mercredi en Poésie avec Mohammed El Amin Saidi
Le quotidien de Dieu et ses révélations
Dès que Dieu se réveille le matin
Il s’enquiert des nouvelles de toutes les galaxies
Il écoute ce que les anges lui rapportent sur les agissements des humains frivoles
Et leurs péchés
Ensuite Il rit…
Sa créature, habitant le chagrin, l’étonne
Elle disparait aux confins du désespoir
– Comme un prophète l’avait déjà dit –
Il écoute les prières s’élevant des poumons de ceux qui souffrent de la cruauté
du destin…
Ensuite Il rit…
Il se dit :
Comme J’aime la folie des êtres humains
Ils provoquent l’hémorragie et s’attendent à ce que J’efface leur crime
Ils tuent la vie et prétendent organiser des funérailles
Ils oublient que Je les observe de loin de près
Que Je teste leur conscience
Ils oublient l’amour et son essence
Ils sont possédés par les textes qui leur ordonnent de tuer
Ces textes ce ne sont pas nécessairement Ma parole
J’ai longtemps vécu en dehors du temps
En dehors de l’espace
Quand J’avais créé l’existence et ses habitants
Je fus plus heureux que jamais
J’étais devenu le père des pauvres et des oiseaux,
le père de l’aigle qui tue sans le vouloir,
des scorpions ignorant l’effet du poison dans le corps de leur victime
des bêtes qui s’entretuent afin d’atteindre, par leurs gènes, l’immortalité
Le fleuve immense de leurs douleurs probables Me poussait à pleurer
Je ne suis pas ce que les gens pensent de Mon image
Je ne suis rien…
Je suis le Tout J’illumine l’existence
Je suis le Un dans mon absence
Seul…
Je suis l’Unique
Mais, dans la présence, Je suis vous, rassemblés
En vous, Je suis dispersé…
Et vous n’avez pas senti que vous êtes des dieux,
que vous êtes l’éternité
Chaque fois l’une de Mes créatures meurt,
Je sens Mon âme qui M’abandonne
J’organise des obsèques en hommage à l’âme cueillie tel un fruit
par la mort
Je ne veux pas de vos prières nocturnes
Ni des invocations sincères
Ni des invocations mensongères
Tout ce à quoi J’aspire est de voir que vous vous aimez
Que votre fraternité est immaculée
Vivant harmonieusement ensemble
Réunis autour de Mes bénédictions
Bons comme un palmier à l’ombre allongée
Cependant,
vous couvrez votre raison d’aveuglement
vous vous battez, votre ignorance vous conduisant à la guerre
vous inventez les massacres et les armes
et vous perdez la vie…
Vous devenez nourriture de la terre
Et vous pleurez dans les cimetières
Vos larmes sont les braises de la perte
Vous oubliez que vous êtes la fabrique de la mort
Je vois que vous transformez vos villes en tombeaux
Les religions vous séparent
Vous avez ensanglanté la Terre
Elle en a perdu conscience…
ivre de sang
Elle tourne et tourne pour faire disparaitre le temps
ou convoque l’au-delà
La politique vous a rendu sans merci assassinant l’enfance
Vous créez les tragédies
Et vous oubliez…
Vous envahissez vos frères
À peine le remords vous tourmente-t-il que vous recréez les sanglots
Comme si vous aviez tous perdu la mémoire…
Traduit de l’arabe par Radhia Toumi
Mohammed El Amin Saidi
Mohammed El Amin Saidi est un poète d’expression arabe et un critique littéraire algérien, né le 16 mai 1987 à Mechria, wilaya de Naâma. Il prépare un doctorat en critique contemporaine. Il a publié cinq recueils de poèmes et deux livres en critique littéraire dont : Moi qui suis toi (2008), Bruit dans le corps oublié (2009), De l’eau pour cette angoisse de sable (2011), Comme une joie entre deux blessures (2017), Les joies de la confusion : articles et textes en littérature, culture et vie (2015).
La Ministre de la Culture et des Arts Soraya Mouloudji lui a décerné en 2023 un Bouclier du mérite pour son œuvre et ses contributions dans le domaine poétique et critique.
Il a participé à l’écriture des paroles de plusieurs chants et chansons.