« Et je dévore les lèvres », poème de Tatiana Gerkens
Mercredi en poésie avec Tatiana Gerkens
Et je dévore les lèvres
Et je dévore les lèvres des histoires interdites
je transgresse les lois des vivants
je lèche la plaie béante des nuits sacrilèges
la pierre aiguë du silence
l’écorce noire du désir
je m’offre ouverte et primitive au feu du langage
sans compromis
violente
brutale
heureuse au premier coup de griffes
de dents
au sang jailli
à la salive du rêve
tout contre le sexe blanc des étoiles
Je caresse ta tête de chien mort
ton ventre de paille sèche
ta peau d’arbre blessé
et puis tu vois je me couche
je tremble
dangereusement nue
les cendres des papillons noirs
entre mes mains de rien
l’équinoxe de leurs ailes
sur ta nuque de grève froide
j’y bois le goût du tranchant
l’odeur des plaines interdites
le galop de l’enfance
et je me coule dans tes plaies
ossature meurtrie
béance silencieuse
mon souffle lent
dans le désordre de ton sommeil
J’y force un cri.
Le temps s’est tranché les veines
Les sangs ennemis se mélangent
Je t’aime et je meurs tout à la fois
Celle que je suis
Noire de cris
Sous des yeux de chat fantôme
Brûlée vive à chaque éclat de nuit
Qui le saura ?
Tatiana Gerkens
Poétesse de formation littéraire et artistique, Tatiana Gerkens a travaillé en librairie, puis comme animatrice socioculturelle avant de plonger dans l’univers de la formation pour adultes comme professeur de français, terreau fécond de rencontres humaines et d’apprentissages inoubliables.
Sa passion de la danse, du théâtre, de la musique et de l’écriture s’exprime dans des spectacles, performances et scènes slam. La poésie est sa manière viscérale d’être au monde. Publiée dans des revues, anthologies et ouvrages collectifs (Le Coudrier, Jacques Flament, …), son recueil de poèmes paraîtra à l’automne 2022 chez Bleu d’Encre.
Elle souhaite marier plus intensément la voix, le corps et l’écriture, l’eau et le feu. Sur scène, dans les jardins, à la croisée des chemins, dans un chuchotement ou un cri, entre deux plats de résistance et un verre d’amour fou, pourvu qu’il y ait l’ivresse du partage…
Ping : Tatiana Gerkens sur Souffle Inédit | Christophe Condello