Poésie

“Troisième année dans la nuit profonde” Iren Mihaylova

Iren Mihaylova

Recueil de poésie “Tirer les ombres”  chez Sans Crispations Éditions” 2023

Trois poèmes d’Iren Mihaylova

Troisième année dans la nuit profonde

 

Toute ombre dort

Au seuil du plus profond sommeil qui lasse Tantôt baissée la paupière sous l’ombre l’autre pousse à attiser mes rêves

Toute ombre dort
Une main sublime se glisse sous le décor et poignant les draps épais discrète dans la pénombre défile sa robe d’hôtesse

Toute nudité sublime Toute ombre d’or
défile hôtesse profonde étreinte de ma paresse !
Devant le seuil où mes sanglots s’empressent et lointain dont j’entends l’ombre et la faim

En Toute nudité sublime Toute ombre d’or
Maîtresse des clefs aux mains ôtées défie les songes qui disparaissent …

Toute ombre dort Toute douleur,
Comme je veux étreindre la fumée qui cesse bouclettes de son satin bridé courbures dorées de perles rares de peaux de léopard aux taches de l’étoile tombée sur ta poitrine cirée de mes baisers

Toute ombre d’or Toute douleur
Que m’est chère ma paraisse qui tout soulève des draps mortellement aérés Mortel absence Nuit qui lasse les deux gants montés au Paraître

Seul le vent d’hiver le sombre sort des corps vidés apaise

Toute ombre d’or
Astre qui s’engouffre sur ce tronc humain qui s’adosse, chemin demi-éclairé

Toute ombre d’or toute douceur éteinte
étrange absence fière de grâce têtus et arrondis les angles lorsqu’elle s’efface
Image divine fine flash d’or dans mon abdomen décor
manque des corps étouffant mon sommeil toujours absent

Toute ombre d’or toute douleur
Que la nuit est lente d’arrivée le jour court de son départ aux lueurs des fers qui s’envolent

Toute ombre d’or
Le silence d’une parole, éternel flux bas des trains qui naissent et meurent aussitôt les rampes dévêtues de leurs fumées épaisses
La neige
en toute ombre d’or blasée épaisse Nuit sublime gonflée d’aires douces au point de leurs extrémités d’orées Sublimes Nuits Fâcheuses encore là où son odeur éclore

Toute ombre d’or toute douleur
Imaginaire tombée de mon sommeil ôté de sa chaleur glacé sous les aplombs sonores des mélodies qui tardent dans mon berceau de rêve

Sans trêve je guette les trottoirs dans les nuits où elle s’efface

Toute ombre d’or toute douleur
Qu’elles me sont chères leurs profondeurs aux milles nuances des coquillages bariolés
qu’elles sont douces et rassurantes les oreilles de mon sommeil absent seul rappel de cette haleine de milles couches de sa chair
tant hâlée rêvée couchée dans son aplomb sous l’ombre le Mystère toujours présent
volant la seule image de ma paupière qu’elle baisse, mes larmes épaisses, mes lèvres émaciées où la pluie se motte

Toute ombre dort, toute douceur
La fumée envolée, les billes de songes écroulées Images venues t’aimer

Toute ombre d’or, toute douleur
Silhouette brimée de moi lasse de moi froide lassée de mes bras et bruits des baisers tombés sur ta poitrine et tes mains à toi qui ne sont plus là depuis l’éternité

Toute ombre dort
Je somnole l’image de ton image en tête les draps des Nuits épaisses les doigts que je baise qui mes paupières ont tant baissé sous l’ordre de ces Nuits Profondes de paix où une fois
Tu m’as aimé.

 

Quatrième année Soleil à épingles

Soleil à venir

souffle le mot
au bord du néant

bassons bas
Mort à tarir

bassons bas
Mot lointain

les ombres profondes

mon lointain
souffle-néant

à bout des bras
Je-souffre qui grince

ce Soleil bas
portent les fantômes ;

toute chair combat
au fond le néant ;

au fond
le matin
se dresse
très haut

très haut
pour te saisir
Soleil à-venir

 

Cinquième année De l’à-venir

Tombe-nuit
accouche le silence

Envie dorée.  Sonore ébloui
Je-mot-pareil.    Tronc ivresse hivernale

Abaisse les pas lourds d’une détresse

Aimante pitié Paraître blême

Jou-jouve-d’oubli mouv-ance assouvie

Deuil délivré       dans    Larme éblouie

Tombent Jours.          Tombent Nuits.

 

Iren Mihaylova

“Troisième année dans la nuit profonde” Iren Mihaylova

Iren Mihaylova est une psychologue, psychanalyste, poète et écrivaine née à Sofia, Bulgarie dans les années 90. Elle vit et travaille à Paris.
Dans sa poésie, nourrie à la fois du contemporain, du surréalisme et du symbolisme, elle cherche à déployer un univers à la frontière entre Rêve et Réalité, entre Rêve et Douleur.
La problématique qui anime son dernier travail Tirer les ombres du vivant, dont ces poèmes sont “tirés”, est en lien avec le cheminement et le travail du deuil face à une mort subite.
C’est à la fois les morts, à la fois les mots qui viennent traduire le rayonnement d’un Soleil Sombre, en le tirant, à bout des bras, du vivant (du néant) et jusqu’à leur dernier souffle.

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