Édith Hakimian – Petite mise en lumière

Poésie
Lecture de 5 min
Édith Hakimian - Crédit Nicole Khoury

Poète et auteure engagée, Edith Hakimian explore dans ses textes l’effondrement du monde, la quête d’identité et la puissance des mots. Finaliste de plusieurs concours littéraires, elle signe une œuvre à fleur de maux, entre silence et révolte.

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Edith Hakimian : écrire pour exister, rêver pour reconstruire

Par Christophe Condello

Et si les mots pouvaient repousser dans les cendres du monde ?

Edith Hakimian est poète et auteure. Elle détient une maîtrise en Marketing aux HEC Montréal. Finaliste en 2020 et 2023 au concours de poésie Antidote, elle se qualifie pour la troisième place en 2025. Elle figure aussi sur la liste préliminaire du Prix du récit de Radio-Canada en 2021. Elle a écrit dans les magazines Traces et Femmes de paroles (Numéro 5 : Résistance du poème; Numéro 6 : Immortelles). Ses publications couvrent plusieurs thématiques dont certains enjeux contemporains. Auteure du recueil de poésie « Le jour où j’ai dit non », paru aux éditions Écrits des Forges, elle compte aussi parmi ses publications « À fleur de maux » ainsi qu’un recueil de nouvelles « Dérapages ».

Édith Hakimian - Petite mise en lumière

Poèmes choisis       

La fin d’un monde
Ébauche d’un autre
Les cendres feront-elles des fleurs
Pivot d’une nouvelle ère
Semée d’erreurs et d’oublis
Raser l’ancien pour rebâtir
Toi, moi, les autres
Réveiller les rêves
Germes de lendemains neufs
Qui sourient,
Le rire est exclus
Peut-on croire que la vie revit
Effacer hier
Penser demain
La terre se meurt dans le dédain
Mes poings serrés
Ne rien pouvoir
Marcher pieds nus
N’apportera rien
La fin ancrée dans le début
Dans un cratère de mots et de miettes
L’idée émerge d’un long sommeil
Changer l’autre est un mirage
Poser des lys
Créera l’espoir
Cachera l’absence
Tromper l’immuable des choses
Chuchoter les vagues
De peur qu’elles n’entendent
Voyager au bord du vide
Il est long le chemin
Qui mène à demain

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***

Je cours
Tu cours
Ils tombent
Le temps s’efface
Et moi j’écris
J’écris
Parce que la vie coule
Le monde coule
L’air s’étouffe
Dans ses mensonges
Ce n’est même plus une bouteille à la mer
C’est l’ivresse de la parole
La fin qui hante les débuts
Les mots qui submergent le vide
Les lettres qui épellent À L’AIDE !
Le poème émerge des flots
Parce que le silence nie tout
Parce que la parole respire
Parce que la parole aspire
Le germe du Je suis
Je suis
Tu es
Tuer
Mais qui suis-je
Que suis-je
Je ne suis personne
Je ne veux suivre personne
Au monde de la pensée
Celui de l’être
Et du paraître
Je ne suis personne
Un simple mot
Un simple verbe
EXISTER

***

Certains jours
Le manque se rit des mots
Il est dans le tonnerre du silence
Les larmes de l’ineffable
Le tumulte du vide
Rien ne peut rouvrir
La porte du temps

***

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Je me suis réveillée
Avec la pierre du vide
À la place du cœur
Elle a creusé un trou
Dans la mer du silence
J’y ai vu mes mots
S’abîmer dans les flots
Et enterrer les rires
Toi, moi, nous
Plus jamais
Rien ne pèse plus lourd que le néant

***

Tu es là.

Ils me l’ont annoncé. Tu te caches, lové dans ma chaleur, là où rien ni personne ne peut t’atteindre. Tu ne fais pas de bruit. Tu attends. Ou pas. Tu es bien. Tu te berces de mes pensées, tu flottes un peu pour t’amuser. Tu regardes le temps passer.

Malgré tout, je t’ai deviné. Une fois. Puis une autre aussi. Mais tu n’as rien dit. Le silence. La sérénité, ça n’a pas besoin de bruit. La chaleur se conserve mieux.

Dehors, le monde se bouscule. Je me fraie un chemin devant des visages hostiles. La neige, le froid et la grisaille ne laissent aucune place à la bonté.  Mais demain, tu seras là, avec moi pour longtemps, plus longtemps que je ne le pense, plus longtemps que tu ne le sais.

Tu seras là.

Christophe Condello est poète, blogueur (Christophe Condello | « Les arbres sont des êtres qui rêvent » Aristote), chroniqueur et directeur littéraire de la collection Magma Poésie chez Pierre Turcotte Éditeur.

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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