Poésie

Le poème c’est le plus grand cri de liberté – Rencontre avec Zayneb Laouedj

Zayneb Laouedj invitée de Souffle inédit 

Née en 1954 à Maghnia (Tlemcen) en Algérie, Zayneb Laouedj marque l’histoire de son pays et du monde arabe. Elle est titulaire d’un doctorat d’Etat sur la poésie Maghrébine des années soixante-dix, de  l’université de Damas en Syrie.

Grace à sa grande faculté créatrice, elle a souvent bouleversé l’ordre des choses, cherchant à se repositionner sans cesse de façon à maintenir l’équilibre entre réalité et création. C’est ainsi qu’elle construit son monde avec des mots, chargés d’histoire, de rêve, de musique, de rythme et d’espoir. Sa poésie toujours renouvelée est inclassable.

Rencontre 

La rebelle 

Souffle inédit : On vous a définie comme poétesse « surboukée », toujours en mouvements littéraires et civilisationnels, et une défenseuse acharnée des droits humains. Vous voyez-vous dans cette définition ?

Zayneb Laouedj : Chacun de nous est le fruit d’un destin, d’une sève cachée quelques part, d’un jaillissement de quelque chose, des eaux sacrées qui nous submergent et qui nous laissent pousser comme une plante. Personne ne vient du néant. Moi je suis cette plante un peu rebelle. Je suis le fruit de toutes celles et ceux qui m’ont façonnée, qui ont tissé ma mémoire de broderies multiples, que j’essaie à mon tour de faire croiser et enrichir avec des ingrédients d’autres mémoires.

Juste je fais de mon mieux pour être à la hauteur de mes rêves, de mes aspirations, de mes désirs, et être fidèle à mes cris profonds qui se transforment en éclats de lumières qui me guident vers cette fusion continuelle avec l’Humain, l’Humain tout court. Là où Je suis, je suis présente corps et âme avec tout ce qui m’entoure, m’inspire, m’interpelle et me provoque. Sans prétention aucune, ça m’arrive de me sentir la voix des autres ; de ceux et celles privés de paroles dont la voix à été confisquée, ceux dont le cœur regorge de beautés mais qui ne peuvent s’exprimer, ceux et celles dont les mots sont telle une épine à la gorge. C’est d’eux que j’apprenne, je me ressource, je m’imprègne. Leur courage, leurs expériences, leurs patiences, leurs savoirs, leurs rages, leurs sagesse, leurs silences, leurs cris intérieurs (j’insiste sur le pluriel) ; c’est cette richesse humaine qui me souffle ma poésie, m’offre la charge des mots et ma force intérieure.

J’ai grandi attentive à mon entourage et aux battements des cœurs des autres. Donc le don de dire, d’écrire de s’exprimer par l’art dans son sens le plus large, se nourrit de tout cela aussi.

Dessiner l’arc-en-ciel

Souffle inédit : Écrire donc est un moyen de se sentir en mouvement et de vaincre le silence mais pour dire quoi ?

Zayneb Laouedj : Écrire avant tout, c’est cet appel intime qui fait parler l’enfant qui nous habite. Écrire c’est avoir cette possibilité de s’arracher à la chrysalide, et surprendre les multiples silences et voix qui sont en nous, qui grandissent avec nous. Écrire c’est être invité chez soi avec le grand (Je) en faisant vibrer les bruits des vagues emprisonnées et secouer les décombres accumulés depuis notre première mère. Écrire c’est vivre les mots qui sont le plus grand souffle de liberté comme les musiques les gestes les couleurs les connotations du monde et leurs résonances multiples.

Il y a des mots voilés, à qui il faut offrir le regard pour pouvoir dessiner l’arc-en-ciel.

Il y a des mots sourds, à qui il faut offrir l’ouïe pour pouvoir saisir les sons enfouis.

Il y a des mots muets, à qui il faut offrir toutes les voix possibles  pour faire secouer les échos dormants.

Il y a des mots fermés qu’il faut savoir ouvrir.

Tout art est un défi à la mort

Souffle inédit : Vous dites « la poésie est un défi à la mort : écrire pour ne pas faciliter la tâche aux assassins… » Le poète peut-il rendre le monde meilleur ?

Zayneb Laouedj :Tout art est un défi à la mort d’une manière ou d’une autre, sans même penser à la mort. L’art porte en lui la fibre qui perdure, la fibre éternelle ; celle de la transmission, ce grain magique qui tisse les liens entre les cultures du monde, et crée cette énorme chaîne dont les anneaux peuvent se briser sans se défaire.

Oui pendant la décennie noire en Algérie, où le pays était meurtri et presque toutes les familles endeuillées ; étudier écrire dire faire du théâtre du cinéma éditer des livres faire de la peinture, être dans son lieu de travail, c’était le plus grand défi pour dire aux assassins que la vie l’emporte sur la mort. Un défi pétri de peur de suspicion et même de fatalisme pour ne pas laisser le terrain vide aux obscurantistes qui ont utilisé la religion pour des fins politiques. Certes on a payé le prix trop cher. Beaucoup de femmes et d’hommes de culture dans de sens le plus large ont été ravis (écrivains, étudiants, journalistes, médecins, scientifiques, enseignants, militants politiques, artistes et hommes de théâtre…). En cette période difficile j’ai créé ma maison d’édition  ESPACE-LIBRE , j’ai créé la revue empreintes et quelques années avant j’ai créé avec des amies universitaires  Najat  Khadda, Dorea Meraptine Fatma Hamadi,Cherifa Bouatta, la revue et l’association CAHIERS DE FEMMES. Pour ne citer que cela.

Non, le poète ne prétend pas rendre le monde meilleur ni les gens heureux, mais il aide avec sa fragilité qui est en même temps sa grande force, à affronter les vents et les marais. Le poète n’a que les mots et leur charge qu’il tisse et transforme en images et en couleurs, pour faire ressusciter l’amour la passion le partage la générosité, et faire face à toutes les facettes de la laideur, les souffrances, les malheurs et les hurlements qui s’annoncent. La poésie nous apprend à supporter l’insupportable, nous aide à pétrir de nouveau ce qui a été broyé en nous, et à créer quelques percées pour un peu plus de lumière et faire fleurir l’espoir dans les cœurs. C’est ce qu’ont fait et font les poètes et les artistes depuis la nuit des temps.

Le poème est un cri intérieur 

Souffle inédit : Peut-on situer le poème entre révolution et médiation ?

Zayneb Laouedj : ça va un peu dans le sens de ce que j’ai dit avant. Le poème c’est le poète qui ne peut être que rebelle au niveau de la langue et des structures qu’il  veut défaire et reconstruire, et il ne peut être que la voix de quelques chose qui le poussent à  questionner le monde d’une manière perpétuelle, du moment qu’il est lié à l’humain et fidèle à son souffle intérieur le plus enfoui mais aussi à son bagage culturel, à son engagement envers sa société. Le poète n’est pas coupé du monde. La poésie vit avec nous et en nous il faut juste qu’un voleur de feu avec son don et savoir vient la saisir la capter pour transmettre les valeurs humaines et mettre en avant la plus grande valeur qui est l’Homme. Le poème c’est un cri intérieur, un cri de l’âme un cri du cœur. Le poème c’est le plus grand cri de liberté.

La décennie meurtrière en Algérie

Souffle inédit : Lors de la décennie meurtrière en Algérie, vous et votre mari le romancier Waciny Laredj, vous décidez de quitter le pays et vivre à Paris ?

Zayneb Laouedj : Non. Partir et s’installer ailleurs n’était pas une décision ou quelque chose de programmée d’avance.  Depuis notre retour de Syrie notre rêve était de s’installer en Algérie donner à nos étudiants ce qu’on a acquis comme savoir et ajouter un plus à notre Université. Nous vivions bien, nous souhaitions sillonner notre pays et notre grand Maghreb, découvrir la beauté des lieux et la faire découvrir à nos deux enfants.

En ces moments difficiles à vivre librement, tous les deux  nous avons eu une bourse d’écriture, ça a coïncidé avec les vacances , c’était le mois de décembre. Nous avons voulu juste faire profiter les enfants, et leur faire oublier, pour quelques temps, la situation dramatique dans laquelle nous vivions et extraire leur peur.

Les vacances finies ; sur place nous avons décidé de les garder pour leur sécurité. Nous étions tous menacés les enfants aussi. Plusieurs fois nous avons échappé à des tentatives d’assassinats soit à notre domicile ou dans nos lieux de travail. Nous étions actifs au niveau de la radio et TV avec nos émissions culturelles, au niveau des journaux. Waciny était aussi très actif au sein de l’union des écrivains algériens ; nos idées et nos postions de principes n’étaient cachées pour personnes. En ce qui me concerne aussi comme membre du (Conseil National de la Culture) et du (Conseil Consultatif National) dont les membres étaient menacés. Plusieurs ont été assassinés paix à leurs âmes.

« Le Seigneur des cendres »

Souffle inédit : votre fille Rim cinéaste aujourd’hui, très jeune à l’époque, a écrit son journal où elle interroge son père « Dis papa, c’est quoi une barbarie ? », en 2003 vous éditez son journal sous le titre « Le Seigneur des cendres » parlez-nous de cette expérience ?

Zayneb Laouedj : Oui elle n’avait que 8 ans quand on s’est aperçu qu’elle écrivait son cahier journal, lié à la peur et la situation dramatique qu’on vivait, on la voyait découper les journaux et coller les bouts d’information sur son cahier, c’étaient les informations sur les amis assassinés qu’elle connaissait très bien. C’était des amis proches écrivains journalistes ou artistes. Alloula , Tahar Djaout, Youcef Sebti qui venait souvent chez nous  , Rim l’adorait, chaque fois qu’il venait il lui demandait de l’accompagner avec le piano en lui lisant ses poèmes, elle était très touchée et affectée par ces actes ignobles et ces assassinats dont elle ne comprenait pas le sens. On avait trop peur pour elle. On avait même demandé conseil à nos amis psychiatres. Elle a repris son cahier journal une fois à Paris avec recul et plus d’assurance elle l’a finalisé. Pendant notre séjour d’un an à Los Angeles aux USA avec une bourse d’écriture aussi du Getty Center, elle a joué la journaliste avec son papa en le questionnant sur le fanatisme le terrorisme et sur tout le drame. Même le titre du livre c’est elle qu’elle a choisi.

La femme 

Souffle inédit : La femme et la condition féminine sont très présentes dans vos écrits et mouvements, pour quels impacts ?

Zayneb Laouedj : La présence de la femme ou l’image de la femme dans ma poésie ou dans mes recherches, mes écrits ou mes conférences, ou mon combat au quotidien c’est le fruit du vécu, du quotidien et de ce que ma mémoire a emmagasiné, depuis mon enfance jusqu’à maintenant en passant par les moment dramatiques avec le terrorisme qui a enlevé violé assassinés des jeunes filles et des femmes à la fleur de l’âge . Je suis femme j’ai vécu au milieu des femmes j’ai côtoyé des femmes de toutes les classes et de toutes les conditions. J’ai vu des injustices et des violences contre les femmes. Les tabous, les non-dits, la peur, les crimes cachés d’honneur, les mariages forcés, le harcèlement, l’inceste. En même temps la planète et comme un village, avec les moyens qui existent aujourd’hui on est informé de ce qui se passe dans le monde en général et le monde arabo-musulman en particulier. Si on s’étale sur ce sujet il faut des jours et des jours. Il y’a des statistiques terribles sur l’emprisonnement et les assassinats de femmes et les mariages des mineures. Plus la violence verbale qui est monnaie courante. Les mots font vivre et ils assassinent aussi (j’ai écrit un livre intitulé DU MOT AU CRIME). Mais tout en écrivant sur ces thèmes l’homme est présent, parce qu’il est aussi victime d’un milieu, d’une éducation, d’un endoctrinement ou de l’ignorance tout court. Mais j’ai aussi croisé les femmes bourreaux envers les femmes et envers les hommes, c’est une réalité qui mérite d’être étudié à fond pour décortiquer les causes. Juste à titre d’exemple il y a le magnifique travail  de Camille Lacoste-Dujardin paix à sa belle âme « Des mères contre les femmes/ maternité et patriarcat au Maghreb « , et d’autres recherches.

La poésie populaire 

Souffle inédit : Vous avez écrit en dialecte algérien, pourquoi ce choix ?

Zayneb Laouedj : La poésie populaire fait partie de notre héritage riche et plurielle, qui a peuplé et peuple toujours nos cœurs nos esprits et nos mémoires, on est baigné dans le conte et au milieu des mots racontés avec mille et mille manières. On a grandi avec les sons et les voix de nos mères, grands-parents et tantes, et la radio avant la télévision. Il y avait des émissions culturelles très riches dont les chansons populaires de tout genre nous ont enrichis. Les chants populaires d’amour de passion et ceux liés à la révolution, aux martyrs, aux absents, ces chants avec le temps se sont transformés en berceuses. Le chant maghrébin en général faisait partie de notre quotidien. Le chant andalou avec toute sa diversité. À un moment j’ai senti une nécessité d’écrire en dialectale ; mes premiers poèmes parlent de la femme stérile, de la femme qui n’a enfanté que les filles et beaucoup de poèmes sur la tragédie Algérienne. Je fais un travail de fond qui n’est pas facile du tout, pour rénover au niveau de la structure du poème, et essayer d’extraire la force de la langue populaire et ses images poétiques et s’accaparer de sa mémoire. La langue populaire avec des thèmes bien précis, qui touchent la sensibilité des gens hommes et femmes va droit au cœur.

Vive la poésie

Souffle inédit : Pensez-vous que la poésie est encore suffisamment lue dans nos sociétés, surtout par les jeunes ? L’enjeu de la poésie, si on ose le dire, change-t-il en ces temps ?

Zayneb Laouedj : C’est une réalité, depuis quelques années la poésie ne trouve pas trop sa place, ni par rapport à l’édition ni par rapport aux espaces culturels, pas seulement chez nous, mais aussi dans le monde. Combien d’émissions TV ou radios consacrées à la poésie dans le monde arabe ou même dans les pays européens ? Au moins ceux qu’on connait, combien de créneaux ? Combien d’espaces ? Même quand ça arrive de voir un élan fort beau émouvant avec les voix multiples des poètes du monde, c’est sporadique. Tout ce qui est fait et se fait, se fait par quelques amoureux de la poésie ou les poètes eux-mêmes. En ce qui concerne la lecture de la poésie et sa propagation, je pense qu’il y aura toujours les adeptes les amoureux les passionnés, seulement la poésie diffère des autres genres littéraires, on ne peut pas la lire dans les mêmes conditions de la lecture d’une nouvelles ou d’un roman. La poésie a besoin d’espaces, a besoin d’être écoutée dégustée saisie touchée caressée, la poésie c’est un être vivant qui bouge. La poésie c’est une musique, un tableau, une image et une lumière qu’il faut saisir et capter. La poésie ces des voix qu’il faut mettre en valeur en toute liberté.

Ces derniers temps on voit l’émergence des maisons de la poésie dans tout le monde arabe. Ça reste un acquis pour redonner vie à la poésie si ces maisons font l’effort d’être indépendantes, loin des institutions et sans exclusion aucune

Tant que l’être humain est là sur terre, la poésie sera toujours présente, comme premier langage du monde avec ses sons ses gestes ses images et ses vibrations. L’école doit jouer son rôle.

Traduire, c’est s’enrichir 

Souffle inédit : Traduire, c’est s’ouvrir, se servir, ou c’est essentiellement pour exister ?

Zayneb Laouedj : Traduire, c’est faire ce sublime voyage dans les langues et par les langues. Oui c’est s’ouvrir sur d’autres cultures, se servir dans le sens de ce faire connaître dans d’autres milieux culturels. Traduire c’est donner à l’œuvre la possibilité d’exister dans d’autres langues et de voyager.

Traduire c’est créer des espaces de débats et de dialogues qui dépassent nos espaces habituels, créer des passerelles et des ponts pour scruter d’autres horizons afin de mettre à l’épreuve notre humanité face à ses semblables. Lire et traduire c’est vivre plusieurs vies et explorer la géographie des mots et les terrains invisibles et éphémères. Traduire, c’est s’enrichir à plusieurs niveaux linguistiques, culturels et humains.

Souffle inédit : Vous avez traduit quelques romans de Waciny Laredj, votre époux et compagnon de vie, parlez-nous de cette expérience.

Zayneb Laouedj : C’est une très belle expérience de redécouvrir le travail de Waciny et pénétrer fondamentalement dans son œuvre. Ce n’est pas toujours facile de le faire parce que vous êtes à proximité de l’écrivain. Pour La gardienne des ombres par exemple j’ai travaillé continuellement avec Waciny non seulement aux niveaux des mots et des sens, mais aussi comment cibler le public francophone sans perdre l’âme de la langue arabe.

Les quatrains de Nouara la folle

Souffle inédit : Envisagez-vous écrire d’autres épopées du patrimoine arabo-africain comme celle de « Les Quatrains de Noura la folle »

Zayneb Laouedj : Les quatrains de Nouara la folle (en arabe standard) était ma première expérience dans le genre du poème narratif, un très long poème sous forme de quatrains. Un poème qui raconte un drame et une tragédie liés aux violences atroces contre les femmes, c’est un poème à ne pas confondre avec le recueil Nouara la folle (lahbila) qui est un choix de poèmes en arabe dialectale. Après cette expérience j’ai écrit deux autres longs poèmes (Une élégie au lecteur de Baghdad) et (La blessure de l’âme), deux recueils à part.

Le monde va vers plus d’injustices 

Souffle inédit : Comment percevez –vous le monde qui nous entoure aujourd’hui ?

Zayneb Laouedj : Le monde d’aujourd’hui c’est un monde qui baigne dans l’égoïsme, les petits calculs et des intérêts aveugles ; l’Humanité comme grandes valeurs est son dernier souci. Si on évoque le monde arabe, depuis l’occupation et la guerre en Irak regardez ce qui s’est passé après , la destruction de la Libye, la division et le déstabilisation du Soudan, la destructions et la déstabilisation d’un grand pays comme la Syrie  où j’ai vécu une dizaine d’années où j’ai préparé mon magistère et mon doctorat à l’université de Damas et où sont nés mes deux enfants Bassem et Rim. Le monde d’aujourd’hui fait trop peur à cause de ces déstabilisations et leurs conséquences sur les peuples, exodes, errances. Sur le plan mondial beaucoup de facteurs qui se manifestent d’une manière qui fait peur. L’hégémonie  américaine ne laisse aucun doute qui nous fait dire que l’humanité  va tout droit vers d’avantages de guerres , d’incompréhension et d’injustices, il suffit juste d’écouter de voir sans être un grand expert, pour constater le démantèlement totale de la terre palestinienne sous les yeux de tous les acteurs arabes et européens sans que personne ne bouge le petit doigt. Les événements du capitole aux USA nous poussent à dire que les anciennes assurances commencent à tomber et laissent apparaître une Amérique fracturée et affaiblie. Le monde va vers plus d’injustices, vers plus d’arrogances et d’aveuglements. C’est toujours la loi du plus fort qui règne et qui régnera, sauf miracle.

Un seul mot 

Souffle inédit : Si vous ne deviez garder qu’un seul mot de la langue arabe et un seul mot de la langue française?

Zayneb Laouedj : Je garde trois mots et en toutes les langues qui peuvent exister et celles qu’on invente : Amour. Paix. Partage

Lire et écrire 

Souffle inédit : Vos projets en cours ?

Zayneb Laouedj : Durant cette année COVID19 qui a chamboulé la vie et le fonctionnement de toute la planète et qui a changé nos vies et nous a laissé revoir beaucoup de choses en nous et nous décortiquer chacun à sa manière. Une année où il y’a eu beaucoup d’absents d’énormes blessures douleurs et des pertes irréparables.  Mais aussi une année où le temps était tellement généreux tout en nous clouant dans nos espaces vastes ou restreints. J’ai lu, beaucoup lu, j’ai traduit, écrit et finalisé les projets qui étaient en instance. J’ai trois recueils de poésie qui iront à l’imprimerie prochainement (en arabe littéraire, en langue populaire, et en français) et je viens de terminer mon premier roman. Maintenant je travaille sur les berceuses, ce genre de l’art de dire et chanter présent dans toutes les cultures du monde avec leur charge émotionnelle, leur profondeur culturelle, leurs croisements entre les cultures du monde dont la femme est le premier acteur. C’est un genre qui m’a toujours impressionné depuis mon enfance, moi-même j’en ai écrit.

Souffle inédit : Quels sont vos poètes préférés ?  Les poètes qui influencent votre écriture ?

Zayneb Laouedj : L’une des plus grandes ressources à mon avis pour un écrivain, et plus pour un poète, c’est la lecture avec toute la charge imaginaire qu’elle peut nous procurer. Je ne lis pas seulement la poésie, je lis le roman la nouvelle, les contes pour enfants, j’adore le cinéma le théâtre, être impressionnée par une image une peinture par un chant un morceau de musique. Tout cela nous aide à se renouveler et à ne pas se répéter. Parmi les livres toujours présents sous mes yeux, Aimé Césaire, Mahmoud Darwich, Nikos Kazantzakis, Jalal Eddine Rûmî, les livres sacrés, la poésie de Rainer Maria Rilke, les écrits féminins dans toutes les langues que j’arrive à lire ou déchiffrer.

Un grand merci. Je vous souhaite beaucoup de réussite et belle continuation pour votre beau projet.

 

Souffle inédit : Merci Zineb Laouedj  pour cette belle rencontre

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Nora la folle

La danseuse du temple

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Souffle inédit

Magazine d'art et de culture. Une invitation à vivre l'art. Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.

One thought on “Le poème c’est le plus grand cri de liberté – Rencontre avec Zayneb Laouedj

  • لغة الحب
    لغة الحب تحدّثُ عن قلوب المحبين
    تقول "لا" حتى حين يتوجّب قول "نعم"
    تقاوِم وتُخسِر الآخرين كل الحروب
    تضم بين ذراعيها كامل الأطفال
    تحلّي مرارة الأيام
    تحيل قسوة الليل إلى رقّة
    تتجاهل الأسوار
    لها الكون تحت قدميها
    تتجاهلها الآلهة
    تعشقها الوحوش لكن لا تتكلمها بعد.
    لغة الحب ليس لها كلمات غريبة عن الحظ السيئ
    تبقى لغة الحب في قصر الشاعر
    هي العارفة ذات التواضع
    تقدّمُ الجمال على طاولة "الرب"
    الشاعر / بيار مارسيل مونموري

    LA LANGUE DE L’AMOUR
    La langue de l’amour parle du cœur des amants, elle dit non à tout même quand il faut dire oui, elle résiste et fait perdre toutes les guerres, elle tient dans ses bras tous les enfants, elle sucre l’amer des jours, elle adoucit la dure nuit, elle ignore les murs, elle a l’Univers à ses pieds, les dieux l’ignorent, les bêtes l’adorent mais ne la parlent pas encore. La langue de l’amour n’a pas de mots étrangers au mauvais sort. La langue de l’amour demeure dans le palais du poète, elle est une humble savante qui sert la beauté à la table de l’Éternel.

    poème de Pierre Marcel MONTMORY traduit par Abdecelem IKHLEF

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