Poésie

Fatima Maaouia – L’urgence de dire – Hyacinthe

Fatima Maaouia 

L’urgence de dire, Portraits de femmes de Fatima Maaouia

Les jeudis d’Hyacinthe

Fatima Maaouia - L’urgence de dire - Hyacinthe

Vient de paraître aux éditions Nirvana, à Tunis, Portraits de femmes, un volume de poésie de Fatima Maaouia, avec des illustrations de Faouzi Maaouia, et une préface de Monique Akkari.

Le volume porte bien son nom, car Portraits de femmes se compose de seize pièces poétiques dont les titres sont tout autant des éponymes que des incarnations ou des réincarnations de figures féminines aussi historiques que réelles : Nedjma, Alissa, Néjia, Zaâra, Katia, Amélie, Hinda, Hédhba, Ruba, Ommi Sissi, Ommi Sissi Sissiya, Chéhla, Kehna, Fatma, Rahma et Jara.

Dans son avant-dire, Monique Akkari a bien raison de parler de « la galerie-miroir de Fatima Maaouia ». De fait, le travail des mots, sur les mots et par les mots effectués par la poétesse se trouve comme rehaussé par celui de son conjoint, Faouzi Maaouia, qui l’accompagne par des dessins aux formes généreuses, audacieuses, humaines et humanisantes et féminisantes. Qu’est-ce à dire ? C’est que, de portrait en femme et de femme en portrait, la poésie se fait à l’image de « la Tunisie aux multiples couleurs et origines », selon la belle formule de la préfacière.

À ce titre, nous devons louer le travail de l’éditeur, Nirvana alias Hafedh Boujmil, qui, avec Portraits de femmes, réussit un beau livre, un livre au grand format, 21×28 cm, ce qui, en l’occurrence, donne aux poèmes une réelle envergure, une sorte de présence réelle, tenace, debout, à l’image de ce que Fatima Maaouia écrit au sujet d’ « Alissa » :

Dis donc,

La p’tite fille Héritière à Didon…

La p’tite fille oubliée du soleil

La p’tite fille écrasée de soleil

Qui a oublié d’être écolière, Alissa

La p’tite fille frêle comme jonc

La p’tite fille des bas-fonds

Que la vie mastique à fond

 

La p’tite fille, sans le rond

Brûlure mal peignée

Qui peinait dur pour aider sa mère

À gagner quelques dinars

 

Voilà, c’est la voix de Fatima Maaouia, son style, pouvons-nous dire. Sa poésie est directe et semble ne pas reculer devant l’urgence de dire. Cette urgence-là, Fatima Maaouia y obéit depuis la parution, en 2001, chez L’Étoile du Nord, de L’alouette bleue, « livre vert », livre de combat pour la planète terre. Depuis cette date, elle ne cesse d’œuvrer, de se battre, d’écrire en solo, avec Les frères siamois, publié en 2002 par les soins de l’Association tunisienne pour la pédagogie du français, repris en spectacle, en 2004, ou dans des anthologies et des ouvrages collectifs, à l’instar de L’Anthologie mondiale des poètes féminines francophones (2003), Le Silence éventré, 30 voix de femmes à travers 180 pages de poésie contemporaine algérienne de langue française, aux éditions Le Carbet, à Sarcelles, en France.

Ainsi, la voix poétique de Fatima Maaouia semble-t-elle se construire, d’un volume à l’autre, d’une parole à l’autre, selon un rythme, des besoins et des échos qui sont les siens. De la légèreté du conte à la revendication engagée, elle nous portraiture une certaine réalité tout en aspirant à mieux, tout en aspirant au meilleur.

Fatima Maaouia - L’urgence de dire - Hyacinthe

Portraits de femmes, de Fatima Maaouia, illustrations de Faouzi Maaouia, préface de Monique Akkari, paru en 2021, Éditions Nirvana, 144 pages, 30 dinars.

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