Alexandru Càlinescu Arghira
Le sculpteur Alexandru Càlinescu Arghira
Par Michel Bénard
C’est à la fois avec plaisir que je vais tenter très brièvement de vous présenter le grand sculpteur roumain Alexandru Càlinescu Arghira, mais également avec bien regret car Arghira a pris la liberté de nous quitter en Décembre 2018.
Il était un grand ami de longue date d’EmMa, puisqu’ils se sont connus à Bucarest au cour de leur adolescence et aujourd’hui il lui rend hommage sous le signe sémiotique de l’amitié et de la fidélité.
Dans cet esprit EmMa a tenu à associer ses propres sculptures aux œuvres de son ami Arghira, dont la représentation ici est très minime, mais il est présent et nous rendons hommage à sa mémoire.
Arghira était un sculpteur mondialement connu en particulier pour ses œuvres monumentales se situant entre l’architecture et la sculpture.
Les critiques et spécialistes des arts les plus avisés évoquèrent avec pertinence son œuvre et ici je pense à Gérard Xuriguera, à Pierre Restany ou encore au brillant spécialiste René Huyghe de l’Académie française. Sans oublier le sculpteur Nicolas Schoffner de l’Académie des Beaux-Arts.
Arghira est né en 1935 à Bucarest, il est diplômé de l’école des beaux-arts de Bucarest. Artiste de très grand talent il est très vite reconnu par ses pairs et rapidement il amorce une carrière internationale. Dans les années 1982 il bénéficie d’une bourse d’atelier à la cité internationale des Arts à Paris et obtient en 1990 une bourse d’étude de la ville de Mannheim en Allemagne.
Je n’évoquerai pas les nombreux prix et distinctions du plus haut niveau qu’il à obtenu en reconnaissance à la qualité de son art le plaçant d’office dans l’élite mondiales des sculpteurs. Je ne citerai pas non plus tous les pays du monde et les grands musées qui ont fait l’acquisition des ses œuvres. C’est tout simplement sidérant.
Il est très sollicité et à simple titre d’exemple il est possible de trouver ses sculptures en Roumanie, à Paris, à Madrid, vous trouverez une immense sculpture à Séoul, aux U.S.A, en Corée, en Turquie etc.
Il côtoie le gotha mondial de la sculpture, ses œuvres de facture très personnelle, en pierre, bois, métal aux esthétiques singulières et mécaniques sont très prisées, il demeure dans la lignée des grands maitres tels Constantin Brâncusi, Petru Jecka, Nicolas Alquin, Nicolas Schoffer.
Au regard de ses « écosculptures » je pense à Friedenreich Hundertwasser qui déjà incorporait à ses œuvres de la verdure, nous sommes dans le « green-art » bien avant l’heure. Arghira en tant que précurseur est dans cette mouvance, avec ses chaises et tableaux à gazon. Soulignons que les prix de sculptures les plus prestigieux lui furent attribués.
Aspect singulier de son œuvre, Arghira passe du monumentale à la sculpture intimiste.
Nous pensons aussi aux totems de bois de Constantin Brancusi et aux sculptures dans l’esprit de la tradition roumaine.
La Roumanie est une terre porteuse de grands sculpteurs.
Lors de leur dernière rencontre EmMa était venu présenter des projets d’expositions et de voyages, aspect dynamique dans l’œuvre du peintre.
Ce voyage s’appelait : « Voyage au bout de nos ombres » ce en quoi Arghira dit : « Je n’ai encore jamais sculpté des ombres ».
Avant de quitter Arghira, je terminerai par une anecdote relative à l’effrayant attentat du Bataclan le Vendredi 13 Novembre 2015.
En ce jour de sinistre mémoire, j’avais eu une vision prémonitoire et quelques heures avant le drame j’ai écrit ce texte dont je vais vous donner lecture :
Les villes du désert
Sous des vents de sable incertains
Que profanent des nuées
Barbares en hordes inféodées.
Un « dieu » diabolique,
Porte leurs deuils
Sous des bannières noires
D’un désespoir abyssal.
Le monde se réveille
Au seuil du néant
Dans un bain de sang.
Seul un vol de corbeaux
Passe indifférent au-dessus
Des ruines calcinées
Par l’aveugle folie
De ce mépris des allégeances.
Dans l’esprit de ce poème et afin de pouvoir rendre hommage et se souvenir des victimes innocentes de cette barbarie, un projet de monument avait été envisagé où le poème que je viens de vous lire aurait été gravé dans la pierre. Malheureusement le projet a échoué faute de soutien financiers et d’autorisation pour installer la sculpture.
Puis quelques années après Arghira qui a créé toute sa vie prit congé de nous et de la folie destructrice des hommes.
Lauréat de l’Académie française.
Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres.