Roland Sellin : Une œuvre en recherche d’harmonie naturelle
Par Michel Bénard
Roland Sellin associe à ses œuvres l’écho de la poésie, il se hasarde sur les sentiers délicats et surprenants de cette discipline insaisissable et pourtant enivrante. Véritable hymne à la liberté.
D’ailleurs ce matin encore, l’amie et grande sculpteuse Liliane Caumont m’écrivait : « Revendiquons l’art, en occurrence, la sculpture, comme un véhicule d’amour et d’amitié. »
Notre sculpteur Roland Sellin nous vient des terres d’Armor et se présente à nous dans un esprit druidique de créateur multidisciplinaire, car il possède diverses cordes à son arc, il peint, se livre aux jeux de la poésie, mais surtout développe le noble talent de sculpteur et c’est bien là son point d’orgue. L’éventail est large, car il aborde des techniques variées, à savoir la pierre en taille directe, une discipline qui n’accepte pas le repentir, le bois de noble essence, qui occupe une place importante dans l’œuvre sculptée, mais nous trouvons également dans l’œuvre modelée, deux techniques millénaires et de haute tradition, venues en premier lieu de la Corée, puis du Japon, le raku et le obvara, qui n’ont plus beaucoup de secrets pour notre ami. Techniques subtiles et délicates signifiant le grand raffinement extrême-oriental.
Les œuvres en raku sont d’une beauté soignée avec à terme une surprise créative toujours possible issue du mystère du feu.
Esprit bien trempé en engagé dans ses choix Roland Sellin s’impliqua dans la sculpture dans les années 1983 où il se consacre plus particulièrement au modelage. En cours de route, et ayant bien des choses à conter il lui vint l’envie d’écrire une autobiographie, une difficulté qui va le conduire vers la poésie. L’idée fût bonne, car la sculpture et la poésie ne font-elles pas bon mariage, car nous y percevons un souffle de liberté cher à Rimbaud dont il fait souvent référence. Roland Sellin travaillera dans divers ateliers, à Concarneau, à Millac dans le cadre d’une exposition jumelée à l’art Sud-Américain. Dommage que nous ne nous sommes pas rencontrés plus tôt car j’aurais pu lui présenter le grand sculpteur chilien et ami Juan-Carlos Carrillo qui d’ailleurs exposa à l’Espacce Mompezat à titre amical.
Les chemins de vie ne répondent pas toujours à notre attente et Roland Sellin traversa une période disons « blanche » sur le plan de la création. Mais comme le hasard n’existe pas il va rencontrer l’éminent sculpteur Melen Gibout et prendra des cours de sculpture sur bois, de béton cellulaire avec pour terme de la saison des expositions collectives. A ce propos notre ami expose régulièrement dans les salons, les galeries etc.
Sculptures et poèmes
L’écriture est toujours présente chez Roland Sellin, ce qui lui permet d’associer ses sculptures à ses poèmes, le résultat est significatif, car le mariage est assez réussi.
Soulignons toutefois que son expression majeure est la sculpture qui lui permit d’obtenir le premier prix dans cette discipline au festival des Arts de Nanteuil.
Au travers de la sculpture Roland Sellin est en quête d’harmonie et d’équilibre dans les formes et le rythme des œuvres. Il transpose ses ressentis, sentiments et sensations, il crée au grés de son imaginaire, il transpose ses états d’âme dans la matière. Cependant tout n’étant que succession d’influences, nous percevons ici et là quelques nuances égyptiennes et près-colombiennes.
Un lien de compagnonnage s’est instauré entre le maitre Melen Gibout et le disciple Roland Sellin et repose sur des valeurs partagées.
Melen Gibout considère que : « le travail de la sculpture doit être fondé sur la liberté d’intention, de création et d’expression. L’artiste doit pouvoir transmettre son monde intérieur, sa propre vision des choses et des hommes. Cette liberté permet au sculpteur de s’affranchir des limites imposées par la réalité. »
Roland Sellin est motivé par un esprit opiniâtre, il a bien conscience que c’est par la maitrise de son art qu’il parviendra à son éclosion, car il y a dans la sculpture l’imprégnation de l’infini et de l’éternel.