Eloi Thouvenin
Quand les animaux inspirent la beauté et la vérité
Par Michel Bénard
Il n’est pas fréquent de recevoir un sculpteur animalier à part entière, qui plus est du beau talent confirmé d’Eloi Thouvenin le tout souligné d’une note d’humour non négligeable qui est un bon remède tout à fait préconiser en ces temps pesant d’incertitude.
Peut-être n’est-ce pas un hasard si notre artiste porte une préférence à la sculpture animalière, car sans doute a-t-il été imprégné dans son enfance par les histoires d’aventures se ses aïeux, voyageurs, aventuriers, artistes qui ont nourri son imaginaire.
Le jeune Eloi Thouvenin se lancera comme il aime à le rappeler en « éponge dilettante » selon un de ses professeurs, dans les études artistiques.
La passion amoureuse l’orientera vers le Japon et sa culture, ce qui peut paraitre assez naturel puisque c’est le pays de son épouse.
Nous avons beaucoup à apprendre des autres cultures, à donner, à échanger.
Notons au passage ce point commun avec sa partenaire de cimaises, Pascale Montupet qui elle aussi collabora au titre de professeur de lettres et apprenti en calligraphie au pays du soleil levant.
Cependant aussi noble qu’en soit la vocation, l’art n’est pas toujours reconnaissant et il faut bien vivre selon le terme usité, alors Eloi Thouvenin parvint à faire une belle carrière au titre de directeur artistique dans la publicité, vaste programme.
Aujourd’hui libéré de ses responsabilités professionnelles, l’art pictural et plus particulièrement la sculpture reprennent leurs justes places.
Chacune de ses œuvres raconte une histoire sur les jeux des émotions, des ressentis, des impressions, un parcours de vie parsemé de beaucoup de notes d’humour, dont nous avons tellement besoin, confrontés que nous sommes aux bouffons censés diriger le monde.
La sculpture est une voie ouverte sur l’imaginaire
Revenons à la sculpture c’est beaucoup plus noble et sécurisant. Eloi Thouvenin voit dans la sculpture une définition tridimensionnelle, une voie ouverte sur l’imaginaire, sorte de symbole de la vie et de la création, ici je songe à Pygmalion.
Si vous êtes attentifs aux œuvres de notre ami, au-delà de l’aspect humoriste, vous verrez qu’il va à l’épurement, à l’essentiel, à une ligne épurée, souple, douce, d’ailleurs n’y a-t-il pas toutes proportions gardées, comme un petit clin d’œil à François Pompon. Il perçoit également dans la sculpture en référence à la culture japonaise, comme le fruit d’une sorte de haïku où à simplement suggérer tout est dit.
Peut-être est-il bon de souligner qu’un séjour prolongé en Amérique du Sud fut aussi déterminant pour l’évolution de son œuvre, car ici aussi nous avons bien des leçons à tirer, la tradition sculpturale est bien enracinée.
Esope, Jean de La Fontaine, l’avaient très bien compris les animaux sont nos origines, nos racines et aussi nos reflets. Le langage des animaux se situe dans les expressions, ce ne sont pas eux qui nous invitent, mais nous qui les mimons. Et si c’était eux notre exemple d’humanité, car nous ne verrons jamais les animaux faire ce dont l’homme est capable, bien souvent du pire, de l’innommable.
C’est exactement ce que veut nous dire Eloi Thouvenin au travers de ses compositions animalière, il part en quête de la beauté, de plus d’humanité, de vérité.
Dans l’acte créateur notre ami rejoint la pensée extrême-orientale dans une sorte de lâcher prise qui nourrit son imaginaire de manière inconsciente, imperceptible agissant pareille à une sorte de révélation.

Où se situe le sculpteur par rapport à la concrétisation de son œuvre ?
Dans un périmètre temporel ou un abyssal intemporel ?
Notre artiste demeure peut-être lui-même dans l’incertitude et le questionnement.
Peu importe revenons à l’aspect tangible de notre sujet et profitons de la beauté, de l’originalité et de remarquable leçon d’humilité qui rayonne de ces œuvres, où l’animal n’est sans doute pas celui que nous croyons.
Avant de vous quitter et sans vous imposer les litanies d’un cursus, je peux vous dire qu’Eloi Thouvenin a un parcours artistique des plus enviables, ateliers, salons, galeries etc.
Ma conclusion portera sur deux citations :
« Le plus petit des félins est un chef-d’œuvre. » Léonard de Vinci.
« Le devoir le plus élevé de l’homme est de soustraire les animaux à la cruauté. » Emile Zola.