Gisèle Halimi, Une farouche liberté, Théâtre de la Scala Paris, jusqu’au 31 mai 2025, mise en scène Lena Paugam, avec Marie-Christine Barrault et Hinda Abdelaoui.
Gisèle Halimi, Une farouche liberté : Le combat continue au théâtre
Par Djalila Dechache

Comment mettre en scène la vie et l’œuvre de la grande Gisèle Halimi ?
Comment se faire entendre par ses parents face à ses deux frères lorsqu’elle a 10 ans ?
Comment peut-on imaginer une fillette de 10 ans faire une grève de la faim pour que ses parents lui donnent une place décente ?
Comment combiner vie de femme et vie professionnelle ?
Comment se retrouver seule femme devant une armada d’avocats hommes prêts à en découdre ?
Comment défendre Djamila Boupacha en pleine colonisation et guerre de l’Algérie par la France en sollicitant Simone de Beauvoir en France ?
Comment défendre l’indéfendable et en sortir gagnante à faire changer la loi en définissant le viol en crime ?
Comment faire avancer la société française alors si machiste vis-à-vis des femmes et vis-à-vis du droit à l’avortement ?
Et ses engagements politiques pendant sa députation ? Et bien d’autres choses encore…

En se basant sur le livre écrit par Annick Cojean et Gisèle Halimi qui retrace les grandes lignes de sa vie.
En choisissant de bonnes comédiennes. En mettant l’accent sur ses combats, ses engagements, ses réussites. En restant sereine et gardant foi en l’humanité. Parce que Gisèle Halimi est une humaniste.
Tous ces combats Gisèle Halimi les a gagnés à son époque et pour toutes les femmes d’après. Ils constituent une constellation vivante et présente de référence.
Une traversée de l’Histoire au nom des femmes
Dans un décor minimaliste, réduit à sa plus simple expression avec seulement : un mur, une porte, une robe d’avocate 100 fois portée, 100 fois rapiécée, une chaise, un banc, du bleu dans le lointain… et deux merveilleuses comédiennes telle que Marie-Christine Barrault (Gisèle âgée) et Hinda Abdelaoui (Gisèle jeune).
Les deux femmes se parlent, se retrouvent, se tournent le dos, se complètent, il y a là comme une transmission de l’une à l’autre. Elles se déplacent sur la scène de cour à jardin, évoquant tour à tour les étapes et les épreuves.
Le texte et beau, vivant, juste, efface le rapport scène-salle si bien que le public se sent impliqué, concerné avec elles deux. Il y a un tel respect, une telle connivence entre les deux comédiennes.
C’est une véritable réussite, le bonheur et les émotions s’octroient la place de choix, on suit pas à pas, mot après mot les aléas des combats de Gisèle Halimi qui porte en elle et jusqu’à la fin de sa vie, la blessure non guérie de l’enfance que sa mère ne l’aimait pas, parce que née fille.
Cela réveille forcément des choses en nous, que l’on soit d’origine juive née en Tunisie ou pas. Cela questionne, réveille, agite, émerveille aussi.
Ce spectacle ne laisse personne indifférent, que l’on soit femme ou homme. Le public a eu du mal à partir en exprimant de fervents applaudissements lors des saluts et rappels des comédiennes.
Distribution :
Texte Gisèle Halimi et Annick Cojean
ADAPTATION DU LIVRE D’ANNICK COJEAN ET GISÈLE HALIMI – © ÉDITIONS GRASSET
Mise en scène Léna Paugam
Adaptation de Agnès Harel, Philippine Pierre Brossolette et Léna Paugam
Avec Marie-Christine Barrault et Hinda Abdelaoui
Assistanat à la mise en scène Mégane Arnaud
Scénographie Clara Georges Sartorio
Création Sonore Félix Mirabel
Création Vidéo Katell Paugam
Création lumière Alexis Beyer.