Dans J’écris l’Iliade (Gallimard), Pierre Michon entremêle autobiographie, mythes grecs et désir, offrant une méditation vibrante sur Homère, l’amour, la guerre et la puissance intemporelle du récit.
« J’écris l’Iliade » de Pierre Michon : Un voyage entre mythes et désir
Pierre Michon, maître de la langue et de la rareté, revient avec J’écris l’Iliade, publié le 6 février dans la prestigieuse collection Blanche de Gallimard. Dans ce texte dense, incandescent, il poursuit une œuvre marquée par la quête des origines, des figures tutélaires et des forces qui nourrissent toute littérature. Ici, il se confronte à l’Antiquité grecque, à ses dieux, ses héros et, surtout, à l’épopée fondatrice d’Homère qui structure son imaginaire, intime et sensuel.
Un dialogue entre autobiographie et mythologie
L’écrivain, dont chaque livre est attendu comme un événement rare, entremêle avec subtilité fragments autobiographiques et visions mythologiques. Le récit nous entraîne d’un Mont Athos contemporain, baigné d’ascèse et de lumière, aux rivages épiques où résonnent encore les chants d’Achille et d’Ulysse. Michon n’évoque pas seulement l’Antiquité comme un passé figé : il la fait vivre au présent, dans sa langue charnelle, en la liant à ses propres obsessions.
Figures antiques et désir contemporain
Sous sa plume, Circé, Léda ou Hélène cessent d’être de simples mythes pour devenir des présences vibrantes, habitées par l’éros, le trouble et la contemplation. L’auteur ose mêler le registre du sacré à celui de la sensualité, inscrivant son désir dans la continuité des récits qui, depuis Homère, racontent la condition humaine.
« L’amour et la guerre sont père et mère de tout récit », écrit-il en ouverture. Ce principe fondateur irrigue l’ensemble du livre : d’un côté la violence, les batailles, le fracas des armes ; de l’autre, la douceur des étreintes, les promesses des corps et des voix. Dans cette tension, Michon interroge le pouvoir de la littérature elle-même : peut-elle encore chanter, comme Homère, les passions et les destins ?
Homère, présence intemporelle
À travers J’écris l’Iliade, Homère apparaît comme un compagnon d’écriture, un « Chanteur inlassable » qui, malgré sa cécité, continue de voir plus loin que nous. Le poète antique, convoqué par Michon, observe notre monde contemporain et lui oppose la permanence des récits fondateurs. Ainsi, la lecture devient à la fois un voyage dans le temps et une méditation sur l’avenir du verbe.
Un livre à la croisée des âges
Avec ce nouveau texte, Pierre Michon ne signe pas seulement une méditation sur l’Antiquité, mais propose une réflexion sur ce qui nous lie encore aux récits originels. À la croisée des âges et des genres, J’écris l’Iliade est une œuvre habitée, où la poésie se confond avec la mémoire, et où l’intime rejoint l’universel.
Photo de couverture @ Wikimédia