Hélène Morel explore le lien entre peinture et poésie dans une exposition inspirée du principe Ut pictura poesis, où l’image devient langage.
Société des Poètes français – Espace Mompezat – Exposition « EXPOESIE » du 05 au 18 Juillet 2025
Hélène MOREL : De la peinture comme de la poésie
Par Michel Bénard
De la peinture comme de la poésie – UT PICTURA POESIS – voici le parfum qui parcourt la nouvelle exposition d’Hélène Morel, qui un peu comme les oiseaux migrateurs nous revient chaque année en période estivale, c’est sa manière à elle de prolonger et de clôturer les activités nombreuses de la Société des Poètes français, une sortie révérencieuse.
Il est évident qu’Hélène Morel n’est pas une nouvelle venue dans le cénacle des artistes rattachés à notre société, néanmoins je vous épargnerai son cursus, beaucoup ici le connaissent et j’en viendrais directement au thème qui nous rassemble aujourd’hui où la création picturale s’associe à l’expression poétique, sorte de jumelage poético pictural – Ut Pictura Poesis – une résonance aux thèmes passés.
Hélène Morel aime chaque année nous composer un bouquet de surprise, nous nous rappelons le chemin des cathédrales, les arbres comme piliers de la terre, les métiers en hommage aux compagnons du devoir, dont Hélène porte l’esprit, puis l’an dernier la résurrection de Notre Dame de Paris.
Mais aujourd’hui suprême symbole elle réunit la gestuelle plastique à l’acte de l’écriture, chez elle il y a une volonté de nous rapprocher du symbolique. Notre amie Hélène tente une transcription de sa vision de peintre concentrée sur l’image à celle du poète s’ouvrant sur l’imaginaire. D’ailleurs depuis les origines la poésie et la peinture ne vibrent-elles pas ensemble ? Bon nombre d’artistes s’exprimèrent dans les deux disciples, au hasard je songe à Victor Hugo, Tristan Klingsor, Jean Cocteau, Max jacob, Léon Dierx, ,Pablo Picasso, Ghalil Gibran, William Blake, etc. etc.
Notre amie se risque telle une équilibriste sur cette passerelle reliant deux disciplines majeures, faisant sans nul doute un petit clin d’œil complice à Guillaume Apollinaire grand novateur, critique d’art et immense amateur d’art et de lettres.
Au cœur de cette exposition Hélène Morel fait la part belle aux poètes avec lesquels elles essaie d’établir une proximité symbolique jouant sur l’imaginaire, les rêves, les joies et les tristesses, de traduire avec le poète les sensations du peintre.
Elle nous dit qu’elle rentre dans le poème comme on rentre dans une cathédrale.
Comme Victor Hugo, Hélène Morel s’adresse aux arbres, dialogue avec eux, les écoute, capte leur énergie tellurique, décrypte leur langage, ils ont tant de choses à nous dire, pâles humains prédateurs que nous sommes.
Les arbres sont les gardiens, la mémoire de toutes les lois naturelles, les mystères de l’univers, ils se mettent aussi à l’écoute des oiseaux qui viennent les informer des rumeurs du monde. Hélène joue et rêve avec les reflets oubliés sur les miroirs façonnés par les orages.
Charles Péguy, nous renvoie aux anneaux mystiques de la nature, à la grâce et au spirituel qui nous apparait comme un vaisseau, une promesse révélatrice.
Louis Aragon en caresse les palmes, les feuillages où l’oiseau se perche sur la plus haute branche dans la perspective où les gens s’aimeront, en ce monde perdant raison et s’étiolant lentement, l’idéalisme des poètes nous permettra d’y croire.
Alphonse de Lamartine rêvant sur le lac aux abords des saules pleureurs perçoit les psalmodies des cantiques prophétiques et invite les poètes à se mettent en communion avec les arbres centenaires.
Quant à Louis Ferdinand Ramuz il prend à témoin l’ombre d’un tilleul et voit la vie s’animer dans les feuillage sombre.
Ici je laisserai s’exprimer nos récitantes, Dominique Buquet, Carolyne Cannella et Roselyne Chevalier, donnant la parole enluminant le verbe et la matière.
