Du 14 octobre 2025 au 1er mars 2026, le Musée national Picasso-Paris présente Philip Guston. L’ironie de l’histoire, une exposition majeure explorant le lien entre satire graphique et peinture expressive de l’artiste américain.
Philip Guston : peintre de l’humour noir ou caricaturiste de l’histoire ?
Philip Guston. L’ironie de l’histoire – Du 14 octobre 2025 au 1er mars 2026 – Musée national Picasso-Paris
Le Musée national Picasso-Paris consacrera, du 14 octobre 2025 au 1er mars 2026, une exposition d’envergure à l’artiste américain Philip Guston. Intitulée Philip Guston. L’ironie de l’histoire, elle prendra place au rez-de-chaussée et au sous-sol de l’Hôtel Salé, offrant au public près de 75 œuvres – dessins, peintures, gravures et un film – dans un parcours centré sur la verve satirique de l’artiste.

L’art comme arme critique
Dès les années 1920, Philip Guston s’affirme comme un esprit indocile. Exclu de l’école d’art de Los Angeles pour ses satires contre le corps enseignant, il ne cessera de faire de l’art un instrument de lutte contre les figures d’autorité. Ses premières toiles, dénonçant les violences du Ku Klux Klan, furent même vandalisées par les hommes cagoulés.
Après avoir été l’un des acteurs majeurs de l’école de New York et de l’avant-garde abstraite américaine, Guston provoque la stupeur à la fin des années 1960 en abandonnant l’abstraction pour une figuration brute, inspirée de la bande dessinée. Ce tournant marque son engagement dans une peinture où l’ironie, l’humour noir et la critique sociale deviennent des armes esthétiques.

La rencontre avec Philip Roth
En 1969, alors que l’écrivain Philip Roth entreprend une charge satirique contre Richard Nixon et son administration (Our Gang), il s’installe non loin de l’atelier de Guston. Cette proximité donne naissance à une série exceptionnelle : plus de 80 dessins où l’artiste transpose en images l’esprit corrosif du texte de Roth.
Ces « Nixon Drawings » dialoguent avec l’héritage de Picasso (Songes et mensonges de Franco), avec la causticité politique de George Grosz ou encore avec l’humour grinçant des bandes de George Herriman. Ils révèlent une porosité constante entre l’univers grotesque et caricatural du dessin et la puissance expressive de la peinture.

Une œuvre entre grotesque et profondeur
L’exposition du Musée Picasso montrera comment Guston a su irriguer sa peinture de l’énergie de ses dessins. De la série des « Nixon Drawings » jusqu’à ses ultimes toiles, son œuvre se nourrit d’un humour noir qui confère à ses compositions une profondeur grinçante, digne d’un Kafka ou d’un Gogol transposés en peinture.
Ce dialogue entre satire graphique et figuration picturale constitue l’un des axes majeurs du parcours proposé, offrant une lecture renouvelée de l’artiste, rarement présenté à Paris depuis sa rétrospective au Centre Pompidou en 2000.

Soutien et commissariat
L’exposition bénéficie du soutien de la Philip Guston Foundation et de Musa Mayer, fille de l’artiste, qui confient au musée l’ensemble de la série des « Nixon Drawings » ainsi que plusieurs œuvres inédites. Elle est placée sous le commissariat de Didier Ottinger, conservateur général du patrimoine, et de Joanne Snrech, conservatrice au Musée national Picasso-Paris.

Dans le cadre majestueux de l’Hôtel Salé, Philip Guston. L’ironie de l’histoire s’annonce comme un rendez-vous incontournable de la saison culturelle parisienne, où satire, engagement politique et puissance picturale se conjuguent pour rappeler combien l’art de Guston reste d’une brûlante actualité.