Georges de La Tour, maître du clair-obscur, illumine le musée Jacquemart-André

Peinture
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Georges de La Tour, Les Joueurs de dés, vers 1650-1651, huile sur toile - Stockton-on-Tees, Preston Park Museum and Grounds credit : Preston Park Museum and Grounds -Photograph by Simon Hill / Scirebröc

 Plongez dans l’univers spirituel et silencieux de Georges de La Tour, où l’ombre et la flamme dévoilent la beauté secrète du clair-obscur.

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Exposition Georges de la Tour, musée Jacquemart André Paris jusqu’au 26 janvier 2026

Par Djalila Dechache

Après les expositions dédiées aux maitres du XVII ème siècle, soit Les Chefs d’œuvres de la galerie Borghese, Caravage et Artemisia Gentileschi, figure majeure de l’art baroque et du mouvement caravagesque. Le musée Jacquemart André présente sa cinquantième exposition avec Georges de la Tour (1593-1652). L’ensemble de ces artistes forment un cycle remarquable. J’ai assisté au vernissage de cette exposition tout à fait remarquable grâce à l‘accompagnement éclairé du co-commissaire Pierre Curie.
Cette rétrospective constitue un événement d’autant qu’elle intervient après celle qui fut présentée en 1997 à Paris.

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Une atmosphère intimiste et esthétique

Dès le seuil de l‘exposition, le visiteur pénètre dans une atmosphère feutrée, avec des tons de cuir sur grands tableaux, à la lueur d’un éclairage double celui des peintures et celui des salles, le silence et le recueillement s’imposent et donnent l’inflexion de ce que l‘on va découvrir. On devrait pouvoir s’attarder sur chaque œuvre présentée, y recueillir la quintessence ; cela peut être possible en fonction du public présent. La scénographie induit de manière subtile la circulation dans ce lieu magistral.

L’exposition est structurée en huit parties comprenant trente œuvres sur quarante-deux œuvres connues, dont sept issues de son atelier. Ces œuvres ont été prêtées par trente-quatre pays dont le Japon, Les États -Unis, l‘Ukraine, Les Émirats arabes par Le Louvre Abu Dhabi notamment.

Comme le précise le co-commissaire, deux œuvres ne figurent pas ici, il s‘agit de La diseuse de bonne aventure et Les tricheurs. Cela n‘empêche pas l‘énorme intérêt et la beauté de cette présentation du maitre du clair-obscur.

Au gré des salles et des cimaises, le visiteur découvre l‘univers du grand artiste lorrain dont les thèmes de prédilection sont Les religieux, Les Infortunés ou Les Gueux, sous l‘influence du peintre italien Caravage dont il est le continuateur.

Il a été le peintre des rois de France dont Louis XIII et de Richelieu, ce qui lui a conféré une clientèle et une reconnaissance importantes.
De son vivant, chaque année la ville de Nancy lui commandait des tableaux pour les gouverneurs de la ville.
De ce fait sa notoriété est devenue grandissante. Reconnu de son vivant, sa mort le plonge dans l’oubli.
A la faveur de plusieurs écrivains du XXème siècle dont le poète et résistant René Char qui a écrit de beaux textes sur le peintre, le peintre revient sur le devant de la scène française.

S’agissant de sa formation, il est difficile de connaitre celle du peintre Lorrain, il y a une absence de plusieurs années dans son parcours. De sa naissance, l‘on sait qu‘il est issu d’une famille de commerçants de farines et de pains qui s’est enrichie au cours du temps et des guerres. Dans la fratrie de la famille, dix enfants sont nés, ne sont restés vivants que trois d’entre eux.

Les grandes figures religieuses

Il y en a un certain nombre. Georges de la Tour fait partie des peintres qui ont exploré la lumière comme matériau, donnant ainsi une dimension spirituelle à ses tableaux.

Qu’il s’agisse de Job, raillé par sa femme ou de Saint-Jérôme pénitent (1628-1630) et bien d’autres, il est présenté deux versions identiques en train de se mortifier, une croix à la main gauche, une corde à la main droite.

 

Exposition Georges de la Tour, musée Jacquemart André Paris

Il est sur un genou, dénudé jusqu’à la taille, il se frappe le corps afin d’éviter l’oisiveté et prôner par-dessus tout de l’obéissance à Dieu.

« Job assis avec sa femme debout, étonnement grande, penchée avec une bougie à la main, il a fait l’objet d’un pari entre Dieu et Satan. Ce dernier le prive de ses enfants, de sa richesse et le rend malade. Malgré ce que lui dit sa femme, Job restera fidèle à Dieu et va recouvrer une partie de ce qu’il a perdu ».

Les infortunés ou Les Gueux

Le sujet était fort usité à son époque, le peintre Lorrain a réalisé un bon nombre de tableaux s’y référant.

Les mangeurs de pois vers 1620 : on voit ici un couple de pauvres gens, debout, ils ne mangent pas, ils se nourrissent  pour survivre, de pois chiches à même la main.Ils sont occupés à cette activité comme pris sur le fait, comme si c’était un acte à faire en cachette.

Avec Georges de la Tour, c’est un monde statique, il n‘y a pas de mouvement, les corps sont immobiles dans une pose figée; et pourtant ils sont étonnamment vivants, tout est dans le regard, la posture du corps, riche ou pauvre, investis d’un langage intérieur.

Cette exposition reste présente à l’esprit des jours durant, signes de sa beauté et de sa grandeur.

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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