Sorti le 29 octobre, Bugonia réunit à nouveau Emma Stone et Yorgos Lanthimos dans une fable étrange et politique où le rire se mêle à l’inquiétude. Si le film suscite déjà débats et analyses, il s’inscrit surtout dans la continuité d’un parcours où chaque rôle semble une mue. De Easy A à La La Land, de The Favourite à Poor Things, l’actrice américaine n’a cessé de brouiller les lignes, d’explorer la féminité, la fragilité et la puissance avec un mélange de candeur et d’intelligence. À travers sept films marquants, retour sur une carrière faite d’audace, de ruptures et d’infinies métamorphoses.
Les sept rôles d’Emma Stone : d’une comédie adolescente à l’univers déroutant de « Bugonia »
Par la rédaction
Les métamorphoses d’Emma Stone
Actrice rare dans le paysage hollywoodien, Emma Stone avance sans se laisser enfermer dans un genre ni dans une image. Depuis ses débuts dans la comédie adolescente, elle cultive un goût certain pour les contrastes : derrière son sourire familier, une intensité qui s’impose lentement, presque à contre-courant des modes. À mesure que sa carrière s’étoffe, elle choisit des cinéastes capables de la bousculer, de faire vaciller le vernis du charme.

Chez elle, la légèreté n’exclut jamais la profondeur. Chaque film devient un terrain d’expérimentation où elle explore la peur, le désir, la vanité, la solitude. Emma Stone semble chercher moins à séduire qu’à comprendre, à travers le jeu, ce que signifie être au monde.
Du teen movie à la fable métaphysique, de la grâce musicale à la monstruosité assumée, ses personnages tracent un même fil : celui d’une liberté conquise, film après film. Ces sept rôles, de Easy A à Bugonia, dessinent le portrait d’une actrice en perpétuelle métamorphose.
Easy A -2010- : la révélation d’une voix singulière
Dans cette comédie adolescente inspirée de La Lettre écarlate, Emma Stone impose son esprit vif, son autodérision et une modernité inattendue. Derrière les dialogues vifs et les références pop, on devine déjà une actrice capable de donner de l’âme à la légèreté. Ce rôle lui offre sa première reconnaissance critique et annonce une carrière fondée sur l’intelligence du jeu.
Birdman -2014- : la maturité inattendue
Sous la direction d’Alejandro González Iñárritu, elle incarne la fille d’un acteur sur le déclin, campé par Michael Keaton. Son personnage, tourmenté et lucide, transcende son statut secondaire. En quelques scènes, Emma Stone parvient à exprimer tout un monde intérieur — celui d’une jeunesse désabusée, observant le spectacle de la vanité adulte. Un rôle qui marque le début d’une nouvelle profondeur dans son parcours.
La La Land -2016- : la consécration lumineuse
Face à Ryan Gosling, elle incarne Mia, actrice en devenir, dans une fresque musicale devenue culte. Emma Stone y déploie toute sa palette : la fragilité, la passion, la mélancolie. La caméra de Damien Chazelle épouse son visage avec une tendresse rare, offrant à l’actrice son premier Oscar. Derrière le vernis du rêve hollywoodien, elle y révèle surtout la lucidité d’une artiste consciente du prix de ses ambitions.
The Favourite -2018- : l’audace maîtrisée
Avec Yorgos Lanthimos, Emma Stone quitte la douceur pour l’ambiguïté. Dans ce drame baroque, elle joue Abigail Hill, une courtisane qui gravit les échelons du pouvoir avec un mélange de cruauté et de charme. La mise en scène crue et décentrée du cinéaste grec lui permet de repousser les limites du jeu : l’humour, la perversion, la duplicité deviennent des instruments de survie. Un tournant artistique, qui la libère de toute attente hollywoodienne.
Poor Things -2023- : la métamorphose totale
Encore sous la direction de Lanthimos, Emma Stone incarne Bella Baxter, créature ressuscitée qui découvre le monde et sa propre liberté. Le film, entre conte philosophique et exploration féministe, lui offre un rôle d’une audace rare. Elle y explore le corps et le désir sans filtre, entre monstruosité et innocence. Une performance radicale, qui confirme son statut d’actrice prête à tout risquer pour la vérité d’un rôle.
Eddington -2025- : la gravité selon Ari Aster
Dans Eddington, attendu pour 2025, Emma Stone devient Louise Cross, figure centrale d’un récit mystique signé Ari Aster. Peu d’informations ont filtré, sinon que le film mêlera drame familial et vertige cosmologique. Cette collaboration avec l’un des cinéastes les plus troublants du moment promet un nouveau défi : explorer l’invisible, les zones sombres du réel et de la conscience.
Bugonia -2025- : la fable du pouvoir
Réunion avec Yorgos Lanthimos pour une œuvre encore plus corrosive. Emma Stone y incarne Michelle Fuller, femme influente confrontée à un couple d’activistes écologistes. Entre satire, violence et farce mythologique, Bugonia prolonge le dialogue entamé entre le réalisateur et son actrice : celui d’un cinéma qui interroge les pulsions humaines, le pouvoir et la morale.
Avec ce film, Emma Stone signe peut-être la synthèse de toutes ses incarnations précédentes — l’esprit d’Easy A, la gravité de Birdman, l’abandon de La La Land, la cruauté de The Favourite, la démesure de Poor Things.
Une carrière saluée par la critique et les jurys
Selon les sites Rotten Tomatoes et Box Office Mojo, les films les plus acclamés et les plus fructueux d’Emma Stone couvrent une étonnante diversité de genres : Superbad (2007), Zombieland (2009), Easy A (2010), Crazy, Stupid, Love (2011), La Couleur des sentiments (2011), The Amazing Spider-Man (2012), The Amazing Spider-Man 2 (2014), Birdman (2014), La La Land (2016), Battle of the Sexes (2017), La Favorite (2018), Cruella (2021) et Poor Things (2023).
Cette reconnaissance critique s’est accompagnée de multiples distinctions : Emma Stone a été nommée à cinq reprises aux Oscars, et a remporté à deux reprises celui de la meilleure actrice — pour La La Land (2016) et Poor Things (2023). Elle a également reçu plusieurs BAFTA et Golden Globes, ainsi que la Coupe Volpi de la meilleure actrice à la Mostra de Venise. Ces récompenses consacrent une carrière où la légèreté des débuts s’est muée en une exigence artistique de premier plan.
De la comédie au tragique, de l’innocence à la subversion, Emma Stone s’est forgé un parcours rare dans le cinéma américain : une trajectoire où chaque rôle semble effacer le précédent tout en l’approfondissant. Dans Bugonia, elle ne se contente pas de jouer : elle poursuit, film après film, une réflexion sur le pouvoir, la liberté et la métamorphose.
Actrice caméléon, mais toujours elle-même — Emma Stone a trouvé le moyen d’être multiple sans jamais se perdre.
					
							
				
			
			
                               
		
		
