LA LA LAND
LA LA LAND, par Majida Boulila
Quand on aime la vie, on va au cinéma
La la land, la ville utopique
La la land, ce lieu magique qui par définition n’existe pas et où les rêves se déploient dans un imaginaire sans limites.
C’est aussi le titre que Damien Chazelle a choisi pour son troisième long métrage, sorti en 2016 faisant un triomphe aux golden globes en raflant les sept prix pour lesquels il était nominé. Lors des oscars, le film obtient 14 nominations, égalant le record historique de Titanic et Eve, il en gagne six dont celui du meilleur réalisateur et la meilleure musique.
Effectivement, La la land est remarquable par la fusion artistique du duo Damien Chazelle et Justin Hurwitz, son ami et le compositeur de la musique de ses films. Une énergie productive unit les deux amis depuis leurs études ensemble à Harvard et qui continue à créer des œuvres audacieuses et marquantes. Avec la dernière sortie de Babylon, le couple signe une œuvre aussi inattendue que saisissante.
Entre rêve et nostalgie
Ça se passe au cœur d’un « La la land » surnom ironique donné à Los Angeles, l’usine des rêves. Où Mia rencontre Sebastian. Elle, aspire à devenir une grande actrice et travaille en tant que serveuse. Lui, musicien, passionné de jazz, joue dans des bars miséreux pour subvenir à ses besoins. Les deux sont encore bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent.
Leur rencontre est nourrie par de grandes ambitions. Il lui apprend à aimer le jazz. Elle lui fait découvrir le cinéma et l’incite à lancer son propre club tandis que lui, il la pousse à monter sur scène et ce sera le début d’une grande carrière pour Mia.
Cinq ans plus tard, elle devient une actrice célèbre, mariée et maman, elle sort avec son mari et choisissent au hasard un club de jazz sous le nom Le Seb’s.
En découvrant le lieu, Mia réalise où elle vient de mettre les pieds. Elle aperçoit Sébastian qui se met à jouer un morceau nostalgique à son intention. Tous les deux se mettent à imaginer à quoi aurait pu ressembler leur vie ensemble. Mia décide de partir, sur des notes mélancoliques de piano, elle échange un dernier regard avec Sébastien qui lui sourit…
Le film est un traité sur l’amour. Il suffirait parfois d’un homme et d’une femme qui s’aiment devant un coucher de soleil pour que le charme opère. Cependant, la magie de cette romance se heurte pourtant à la cruauté du destin. Car derrière la charmante comédie romantique aux milles couleurs se cache une réalité pas toujours aussi joyeuse et musicale confrontant les personnages à des contraintes de la vie et les séparant dans des chemins différents. Une comédie musicale avec une première partie qui nous emporte vers un monde de rêve et nous donne envie de s’y égarer puis nous ramène dans la seconde partie à la dure réalité qui frappe en plein cœur. Malgré son romantisme si clair, le réalisateur reste réaliste sur le parcours doux et amer de ses personnages. C’est comme un portrait de ceux qui vivent la tête dans les étoiles au sein d’une société qui cherche à les étouffer. Un récit passionné et passionnant plein de vérités sur la quête de la reconnaissance.
« Le cœur du film ce sont bien les rêves et les relations, leurs rapports l’un à l’autre. On peut avoir une relation qui va changer le reste de notre vie mais pas durer le reste de notre vie. J’ai trouvé ça à la fois beau déchirant et merveilleux. Je voulais que le film soit à propos de ça » Dit Chazelle.
Une épopée moderne
Lalaland, est avant tout un film spectacle qui dégage une joie contagieuse, une comédie musicale colorée, rythmée et dansante aux nombreux clins d’œil à des comédies classiques. On pense inévitablement aux Parapluies de Cherbourg (1964) de Demy, aux Demoiselles de Rochefort (1967) et à travers les nombreux tableaux de danses magnifiquement chorégraphiés on ne peut, ne pas penser au fameux West Side Story (1961) et bien avant en 1952 Chantons sous la pluie, film qui continue à inspirer l’artiste dans Babylon.
La la land témoigne de l’attachement profond de Chazelle à l’âge d’or du cinéma hollywoodien, une vraie source d’inspiration du réalisateur avec une véritable fascination envers la ville de Los Angeles la cité des Anges.
Dans le film, le réalisateur saisit cette essence tendre et nostalgique et la transpose sur les hauteurs de Los Angeles là où le genre musical a connu son âge d’or auquel le film rend hommage.
Amour de soi, amour de l’autre
La valeur en jeu dans la la land est la réussite dans la carrière des deux personnages. Contrairement aux histoires d’amour classiques où l’amour est aussi passionnant que destructeur, ici on parle de l’amour qui soulève vers le haut et pas du tout de l’amour qui freine les projets et éteint le feu des ambitions dans la vie du couple.
C’est un amour sans rancune, les deux héros ne s’affrontent pas mais s’aident mutuellement à poursuivre leurs passions.
Rien, ni personne ne doit empêcher la réalisation de soi : une leçon de vie cachée sous les différentes couches dramatiques de cette épopée romantique qu’a écrit Damien Chazelle et qui demeure fraiche et universelle.
Le choix des acteurs Emma Stone et Ryan Gosling apporte au film encore plus de délicatesse et de rêve.
Elle, avec un visage expressif se montre très douée notamment dans la scène de l’audition.
Lui, en tant que jeune musicien passionné et passionnant altruiste et doué au piano, a dû s’entrainer durant trois mois pour jouer pour de vrai les morceaux de musique.
Un film qui ne peut laisser indifférent par son message universel, son intelligence d’écriture et sa mise en scène virtuose.
Damien Chazelle impose ainsi un style particulier unique et très personnel
On est sûrement encore plus curieux de découvrir son nouveau film Babylon paru il y’a quelques semaines.
Crédits photos : page Facebook du film
Vidéo Pool party par Souffle inédit
