Du 6 janvier au 19 mars 2026, le Forum des images propose Hollywood Millennials, un programme ambitieux qui met en regard les grands classiques des studios hollywoodiens et les œuvres de cinéastes contemporains. À travers projections, rétrospectives et rencontres, le cycle explore la persistance et la transformation des formes héritées de l’âge d’or du cinéma américain.
Hollywood Millennials
Quand le cinéma contemporain dialogue avec l’âge d’or hollywoodien
Plutôt qu’un simple cycle de projections, Hollywood Millennials se présente comme une enquête critique sur l’héritage hollywoodien. Le programme observe comment, depuis le tournant des années 2000, de nombreux cinéastes se sont réapproprié les genres, les récits et les figures nés dans les studios classiques, les déplaçant, les fissurant ou les réinventant à l’aune des sensibilités contemporaines.
Depuis plusieurs décennies, un nombre croissant de réalisateurs et de réalisatrices ont choisi de se mesurer frontalement à l’histoire du cinéma hollywoodien, non pour la reproduire à l’identique, mais pour en réactiver les lignes de force. Ce mouvement, souvent qualifié de néoclassique, traverse des œuvres aussi diverses que celles de James Gray, Todd Haynes, Greta Gerwig, David Fincher, Jane Campion ou Jeff Nichols. Tous revendiquent, à des degrés variables, une attention particulière aux récits, aux genres et aux figures hérités de l’âge d’or des studios, tout en les soumettant aux tensions contemporaines.
C’est de ce constat qu’est né Hollywood Millennials, programme conçu et organisé par le Forum des images, avec le soutien de la Ville de Paris. Plutôt qu’une simple rétrospective, l’institution propose une traversée critique de près d’un siècle de cinéma, fondée sur le principe du « double feature ». Chaque séance met en regard un film classique et une œuvre contemporaine, faisant dialoguer deux époques, deux écritures et parfois deux visions du monde.
Jeux de miroirs et correspondances
Avec plus de vingt duos – et parfois des triptyques – Hollywood Millennials explore l’ensemble des grands genres hollywoodiens. Le musical ouvre la danse, de Le Magicien d’Oz à Barbie, tandis que le mélodrame s’incarne dans les échos entre Douglas Sirk (Mirage de la vie), Pedro Almodóvar (Julieta) et Todd Haynes (Carol). Le western, le film noir, le fantastique, le cinéma d’horreur ou encore le film de procès sont autant de territoires revisités à travers des associations parfois évidentes, parfois plus inattendues.
Ainsi, Rio Bravo dialogue avec Traîné sur le bitume, Le Portrait de Dorian Gray avec The Substance, Autopsie d’un meurtre avec Juré n°2, ou encore La Féline de Jacques Tourneur avec Tiger Stripes. Ces rapprochements dessinent une cartographie sensible de l’influence hollywoodienne, où la citation laisse place à la transformation, et où la mémoire du cinéma devient matière vivante.

Le programme ne se limite pas à la fiction. Plusieurs séances associent documentaires et films de fiction, interrogeant les coulisses de Hollywood et ses zones d’ombre. The Celluloïd Closet éclaire ainsi la question longtemps occultée de l’homosexualité dans le système des studios, tandis que les films des sœurs Kuperberg redonnent une visibilité aux femmes pionnières du cinéma hollywoodien, au premier rang desquelles Ida Lupino.
Une ouverture sous le signe des réalisatrices
La soirée d’ouverture, le 6 janvier 2026, affirme d’emblée une orientation forte. Hollywood Millennials s’ouvre avec l’avant-première de The Mastermind de Kelly Reichardt, détournement subtil du film de braquage devenu road movie automnal et musical. Le lendemain, un premier double feature rapproche Bigamie d’Ida Lupino et In the Cut de Jane Campion, deux films qui interrogent le désir féminin et les normes sociales qui l’encerclent.
Cette attention portée aux filiations féminines traverse l’ensemble du programme, rappelant que l’histoire hollywoodienne ne se limite ni à ses figures masculines ni à ses récits dominants.

Jeff Nichols, un héritage réinventé
Temps fort de la programmation, la rétrospective intégrale consacrée à Jeff Nichols, du 6 au 8 février, offre l’occasion de redécouvrir une œuvre construite en dialogue constant avec le cinéma classique américain. De Shotgun Stories à The Bikeriders, en passant par Take Shelter ou Midnight Special, Nichols s’impose comme l’un des héritiers les plus singuliers de cette tradition, capable d’en réactiver la gravité morale et le lyrisme sans céder au pastiche.
Un cours de cinéma animé par le critique Frédéric Mercier accompagne cette rétrospective, analysant la manière dont Nichols interroge la notion même de legs cinématographique.

Rencontres, cartes blanches et incursions transversales
Hollywood Millennials s’enrichit également de rencontres et de cartes blanches. Le cinéaste Pierre Salvadori est invité à revenir sur la comédie sophistiquée et ses filiations, de Lubitsch à Blake Edwards, tandis que les critiques Jacky Goldberg et Clément Colliaux proposent des lectures croisées entre Hitchcock et Tony Scott, ou entre Frank Capra et James Mangold.
Des séances POPUP ouvrent enfin le programme à d’autres formes culturelles : animation, bande dessinée, jeu vidéo. Ces incursions soulignent la circulation continue des imaginaires hollywoodiens au-delà du seul champ cinématographique.
Penser Hollywood aujourd’hui
Une série de huit cours de cinéma, animés par universitaires, critiques et historien·nes, complète le dispositif. Du néoclassicisme au complexe du remake, des dessous queer de l’âge d’or aux héritages revisités en Inde et en Argentine, ces rendez-vous proposent une lecture théorique et historique des enjeux soulevés par la programmation.
Avec Hollywood Millennials, le Forum des images propose une lecture critique de l’héritage hollywoodien, observant comment le cinéma contemporain s’en empare, le transforme et le met en question, dans un programme qui articule réflexion et projection.




