Un roman de Maryse Condé bientôt adapté en série
Un roman de Maryse Condé bientôt adapté en série
Selon AFRICULTURES , un projet de série fiction télévisée d’après le roman « Ségou » de Maryse Condé est actuellement en cours d’écriture par Cédric Ido, Antoine Chevrollier et l’université Maboula Soumahoro. Ces derniers ont acquis les droits d’adaptation via leur société de production Tyga Films, associée au projet avec Itinéraires productions, dirigé par Anthony Lancret et Pierre Laugier.
« Ségou », paru en 1984 aux éditions Robert Laffont, est une œuvre monumentale qui transporte le spectateur dans l’univers fascinant de l’Empire Bambara au XVIIIe siècle, en Afrique de l’Ouest. La série dépeint la grandeur puis le carême déclin de cet empire qui s’étendait sur une grande partie de l’actuel Mali, avec la ville de Ségou pour capitale, sur une période de deux siècles, de la période esclavagiste à l’arrivée des troupes coloniales françaises.
À travers une narration captivante, les scénaristes tissent une toile complexe où se mêlent histoires individuelles et grand récit historique. L’action se situe dans la région du Ségou, où règnent des rivalités politiques, des conflits religieux et des tensions sociales. Les destinées entrelacées de différents personnages, des souverains aux esclaves en passant par les marchands, les guerriers et les griots, sont au cœur de cette fresque épique. Les thèmes de la puissance et de la fragilité des empires, de la quête de liberté et d’identité, ainsi que l’exploration de la richesse culturelle de l’Afrique précoloniale, sont finement explorés. Cette série se distingue par sa profondeur historique, sa prose envoûtante et son exploration sans compromis des dynamiques sociales de l’époque, faisant de ce projet une future référence de la fiction télévisuelle africaine.
Hommage national à Maryse Condé
Maryse Condé, écrivaine exceptionnelle dont l’œuvre a marqué la littérature francophone, nous a quitté le 2 avril 2024 à l’âge de 90 ans. Ses obsèques ont eu lieu à Paris, dans l’église Saint Germain des Près, après une cérémonie d’adieu à Gordes, dans le Vaucluse, où elle résidait. Le 15 avril 2024, un hommage national a été rendu à l’écrivaine guadeloupéenne à la Bibliothèque Nationale de France.
Le président de la République Emmanuel Macron a célébré sa mémoire, entouré de nombreuses personnalités du monde des arts et de la culture. Près de 300 personnes, dont des membres du gouvernement comme Gabriel Attal, Premier ministre, Rachida Dati, ministre de la Culture, et Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer, ainsi que des élus d’outre-mer tels que Christian Baptiste, Annick Petrus et Ary Chalus, ont assisté à cet hommage. Le monde culturel était également représenté par des personnalités telles que l’écrivain Erik Orsenna, la chanteuse lyrique Marie-Laure Garnier, l’actrice Firmine Richard ou encore la réalisatrice Euzhan Palcy.
Lors de cette cérémonie, quatre textes de Maryse Condé ont été lus : des extraits de son livre « Le Cœur à rire et à pleurer » et de son autobiographie « La vie sans fards », ainsi que des extraits de la préface de « L’ abominable institution » et d’une tribune intitulée « La colonisation fut coupable de pas mal de crimes ». Laura Cluzel a interprété « L’hymne à l’amour » avant la prise de parole d’Emmanuel Macron.
La ministre de la Culture, Rachida Dati, a salué « la puissance de son écriture, l’acuité de son regard sur notre histoire commune, sa capacité à décortiquer les jeux mémorables vives de l’histoire coloniale ».
Le Président de la République a conclu son hommage en ces mots : « …Car sur ces rayonnages bruissant parmi les pages, souffle un vent inconnu. Et ce vent demain, quand nous ouvrirons ses livres, se mettra à souffler à nouveau, vent brûlant d’abord, puis doux, vent facétieux, celui de sa présence ineffable, éternel, universel. Maryse Condé. »
Une femme Guadeloupéenne, libre, pionnière, puissante et universelle
Maryse Condé, née Marise Liliane Appoline Boucolon le 11 février 1934 à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, et décédée le 2 avril 2024, était une écrivaine exceptionnelle dont l’œuvre a profondément marqué la littérature francophone contemporaine. Originaire des Caraïbes, Condé a puisé dans son héritage antillais pour enrichir ses écrits d’une profondeur culturelle unique. Ses romans explorent fréquemment les thèmes de l’identité, de la colonisation, du racisme et de l’exil, offrant des perspectives riches et nuancées sur les réalités complexes de la société post-coloniale.
Après des études en France, où elle a obtenu son doctorat en littérature comparée, Condé a enseigné dans plusieurs pays, notamment en Afrique de l’Ouest et aux États-Unis. Son expérience internationale a nourri son regard sur le monde et a profondément influencé son écriture, qui transcende les frontières géographiques et culturelles.
Auteure de romans, d’essais et de nombreuses pièces de théâtre, elle a publié une trentaine d’œuvres couronnées par de nombreuses récompenses telles que le grand prix littéraire de la Femme en 1986, celui de l’Académie française en 1988 pour son livre « La Vie scélérate », récit autobiographique de son enfance, ou encore le prix Marguerite-Yourcenar en 1999. En reconnaissance de son immense talent, elle a également reçu le prix Nobel de littérature alternative en 2018. En mars 2020, la romancière a été élevée à la Grand-Croix de l’ordre national du Mérite par le président Emmanuel Macron.
Son dernier ouvrage, le roman « L’Evangile du nouveau monde », publié en 2021, transpose le Nouveau Testament dans la Guadeloupe contemporaine. En plus de son œuvre littéraire, Condé a été une militante de la mémoire, engagée contre le colonialisme. Elle a été la première présidente du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage (2004-2009), qui deviendra plus tard le comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CNMHE), puis sera remplacée par la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage en 2019.
Ses œuvres les plus célèbres :
« Ségou » roman paru en1984, une saga épique qui plonge dans l’histoire du Mali précolonial,
« La Vie scélérate » roman paru en 1987, poignant qui explore les ravages du colonialisme en Guadeloupe.
« Traversée de la mangrove » roman paru en 1989, a été récompensé par le Prix de l’Académie française.
Au-delà de ses talents d’écrivaine, Maryse Condé restera dans les mémoires comme une figure inspirante de la littérature caribéenne, ayant transcendé les frontières culturelles pour éclairer et enrichir le monde par sa prose puissante et humaniste.
Hommage National à Maryse Condé
Souffle inédit, Magazine d’art et de culture
Une invitation à vivre l’art