L’exposition à la Galerie Roger-Viollet révèle le regard d’Alain Adler, photographe de cinéma, témoin de la Nouvelle Vague et maître de la lumière naturelle.
Alain Adler, l’œil du cinéma français
Alain Adler — La photographie de cinéma sur un plateau
Galerie Roger-Viollet, Paris
Jusqu’au 24 juin 2023
La Galerie Roger-Viollet consacre une exposition à Alain Adler (1923-1997), figure discrète mais essentielle de la photographie de plateau. Intitulée La photographie de cinéma sur un plateau, l’exposition réunit 86 tirages contemporains en édition limitée et numérotée, présentés en collaboration avec Guillaume Adler, neveu du photographe. Ces images, d’une rare intensité, plongent le visiteur dans la décennie 1954–1964, période féconde où la Nouvelle Vague invente un autre regard sur le monde, en rupture avec le cinéma classique d’après-guerre.
Un regard au cœur du cinéma français
De l’œuvre d’Alain Adler, c’est cette décennie qui nous reste, la plus dense, celle où il arpente les plateaux de tournage de cinéastes comme François Truffaut, Louis Malle, Alain Resnais ou Jean-Luc Godard. Son objectif capte les gestes entre deux prises, les regards distraits, les éclats de rire saisis dans le clair-obscur des studios.
Adler n’est pas seulement un témoin du cinéma : il en devient le narrateur silencieux. Ses clichés révèlent une atmosphère suspendue, à la frontière entre fiction et réalité, où l’on devine le bouillonnement créatif d’une époque qui allait bouleverser les codes de l’image et du récit.
L’art de la lumière et du naturel
Avant d’être photographe de cinéma, Adler s’était fait connaître dans la mode et le portrait. Formé dans la France d’après-guerre, ce natif de Hongrie devenu Parisien d’adoption avait travaillé pour Vogue, Harper’s Bazaar ou encore les maisons Chanel et Dior.
Sa signature résidait dans son usage de la lumière naturelle, préférée aux artifices du studio. Dans ses clichés, la lumière ne souligne pas le sujet : elle le révèle, elle en épouse la vérité. Cette sensibilité se retrouve dans ses photographies de cinéma, où chaque acteur semble respirer au rythme de la pellicule.
Portraitiste du réel
Au-delà des plateaux, Alain Adler a immortalisé certaines des grandes figures de son temps : Jean-Paul Sartre, Alberto Giacometti, ou encore Simone Signoret. Ses portraits, souvent pris sur le vif, portent une charge émotionnelle rare. Ils disent le respect qu’il éprouvait pour ses modèles et sa quête d’une authenticité sans pose, loin des apparences fabriquées.
Son travail fut salué par le Prix Niépce en 1966, l’une des plus hautes distinctions françaises en photographie, et il fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1995. Pourtant, Adler reste un nom que l’histoire de la photographie n’a pas encore pleinement restitué à sa juste place.
Mémoire d’un art en mouvement
Cette exposition, en redonnant corps et lumière à ces clichés, rend hommage à une vision : celle d’un photographe qui a su saisir le cinéma non pas comme un spectacle, mais comme une forme de vie.
Entre ombre et lumière, entre instant volé et scène rejouée, l’œuvre d’Alain Adler rappelle que la photographie de plateau est, avant tout, une écriture du regard — celle d’un homme qui savait capter l’âme d’une époque, et le murmure d’une image en train de naître.
Agenda
La Galerie Roger-Viollet
6 rue de Seine 75006 Paris
Du 6 avril au 24 juin 2023
Du mardi au samedi, de 11h00 à 19h00.