Jean Dubuffet & Niki de Saint Phalle, Chassés croisés

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Du 1er octobre 2025 au 13 février 2026, la Fondation Dubuffet à Paris met en scène un face-à-face inédit entre deux figures majeures de l’art du XXe siècle. Jean Dubuffet & Niki de Saint Phalle, Chassés croisés explore, à travers plus de soixante œuvres, les affinités et les contrastes entre deux créateurs unis par la liberté, la matière et le goût de l’excès.

Chassés croisés : Dubuffet et Niki de Saint Phalle, l’art en liberté

La Fondation Dubuffet ouvre sa saison 2025-2026 avec une exposition ambitieuse : Jean Dubuffet & Niki de Saint Phalle, Chassés croisés. Conçue sous le commissariat de Déborah Lehot-Couette, directrice scientifique des collections, et avec le soutien de la Niki Charitable Art Foundation, cette rencontre imaginée entre deux artistes qui ne se sont sans doute jamais croisés met en lumière leurs correspondances profondes.

Jean Dubuffet & Niki de Saint Phalle, Chassés croisés

Derrière la différence des parcours – Dubuffet, né en 1901, précurseur de l’Art Brut, et Niki de Saint Phalle, née en 1930, figure explosive du Nouveau Réalisme – se déploie un même désir d’émancipation. Tous deux ont repoussé les frontières de l’art et de l’architecture, cherchant dans la matière brute ou synthétique la voie d’une création affranchie des normes.

Jean Dubuffet & Niki de Saint Phalle, Chassés croisés

L’exposition

L’exposition, rassemblant plus de soixante œuvres issues de collections publiques et privées, dont la Fondation Beyeler et la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, s’articule en cinq sections. Elle débute par un espace documentaire, enrichi de témoignages de Catherine Francblin et Camille Morineau, avant de suivre un parcours chronologique et thématique.

Dans les années 1950, le jeune univers de Niki de Saint Phalle se nourrit des audaces de Dubuffet. Le Cercle Volney, où ce dernier expose ses toiles charnelles et déformées, devient le lieu d’une révélation pour la future créatrice des Nanas. Leurs visions du corps féminin – tantôt brûlé, tantôt glorifié – se répondent à distance : Sang et feu (1950) de Dubuffet, récemment acquis par la Fondation, dialogue ici avec The White Goddess (1963), figure totémique et colorée de Niki.

Jean Dubuffet & Niki de Saint Phalle, Chassés croisés
Jean Dubuffet Closerie Falbala, 1971-1976, superficie : 1610m2, Fondation Dubuffet, Périgny-sur-Yerres © ADAGP, Paris / Fondation Dubuffet, Paris / Photo : Belzeaux

Les paysages, ensuite, marquent un terrain d’expérimentation commun. Chez Dubuffet, la matière s’élève contre la perspective ; chez Niki, les objets et le dripping transforment le monde en champ d’action. Tous deux abolissent le cadre traditionnel pour inventer des univers mentaux : Terre et ciel (1952) face à Confetti (1959) composent une géographie poétique et viscérale.

Jean Dubuffet & Niki de Saint Phalle, Chassés croisés
Niki de Saint Phalle Photocollage of Scenery for Travelling Companion, 1977, photocollage original, 41 x 40,5 cm, Niki Charitable Art Foundation, Santee, Californie © ADAGP, Paris / Niki Charitable Art Foundation

Le parcours s’achève sur les architectures fantastiques, prolongement naturel de leurs explorations plastiques. Dubuffet érige la Closerie Falbala et la Tour aux figures ; Niki invente ses Nanas-maisons et le Jardin des Tarots. Ces œuvres monumentales traduisent une même volonté de fusionner l’art et la vie, l’espace et le corps. Leurs propos résonnent comme un écho : « Je n’aime pas l’angle droit, il me fait peur », disait Niki. « J’ai éprouvé une vive curiosité à vivre dans des locaux où la ligne droite est abolie », écrivait Dubuffet.

L’exposition inaugure un nouveau cycle à la Fondation Dubuffet, désireuse d’ouvrir un dialogue entre art moderne et créations contemporaines. Autour de cette programmation, plusieurs rendez-vous ponctueront la saison : conférences en partenariat avec l’ADAGP, journée d’étude sur la restauration des œuvres, et expositions hors-les-murs, notamment Jean Dubuffet et la Tour aux figures au Musée Français de la Carte à Jouer d’Issy-les-Moulineaux.

Un Carnet d’exposition illustré, deuxième volume d’une nouvelle collection éditée par la Fondation, accompagnera l’événement.

Par cette mise en regard subtile, Chassés croisés ne cherche pas tant à confronter deux visions qu’à révéler la porosité de leurs imaginaires. Dubuffet et Niki de Saint Phalle, chacun à sa manière, ont réinventé la matière, célébré la liberté et refusé la perfection — parce qu’elle est, comme le rappelait Niki, « froide ».

Jean Dubuffet

Jean Dubuffet & Niki de Saint Phalle, Chassés croisés
Jean Dubuffet, 1958, Vence © ADAGP, Paris / Photo : John Craven / Fondation Dubuffet, Paris

Né au Havre en 1901, Jean Dubuffet rompt avec la tradition académique pour inventer un langage plastique affranchi des codes. Inspiré par l’Art Brut, il célèbre la spontanéité et l’expression intuitive, loin des conventions culturelles. Peintre, sculpteur, écrivain et même musicien, Dubuffet multiplie les expériences formelles, jusqu’à créer un univers total où matière, langage et architecture s’unissent. Fondateur en 1973 de la Fondation qui porte son nom, il s’éteint en 1985 à Paris, laissant une œuvre foisonnante de plus de dix mille pièces.

Niki de Saint Phalle

Jean Dubuffet & Niki de Saint Phalle, Chassés croisés
Niki de Saint Phalle, 1973, Munich © ADAGP, Paris / Photo : Laurent Condominas / Niki Charitable Art Foundation

Née en 1930 à Neuilly-sur-Seine, Niki de Saint Phalle traverse les années 1960 comme une comète flamboyante. Après une jeunesse partagée entre la France et les États-Unis, elle s’affirme avec ses Tirs, performances violentes et libératrices où la couleur explose. Son univers, empreint d’humour et de révolte, célèbre le corps féminin, la joie et la transgression. À travers ses sculptures monumentales, ses Nanas et son Jardin des Tarots, Niki de Saint Phalle impose un art de la liberté, sensible et audacieux, avant de s’éteindre à San Diego en 2002.

Agenda

Fondation Dubuffet
137, rue de Sèvres. 75006 Paris
Du 1er octobre 2025 au 13 février 2026

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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