La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé consacre une exposition à Roger Corbeau, figure majeure de la photographie de plateau, du 23 octobre 2025 au 31 janvier 2026. Près d’un siècle d’images où le cinéma se raconte à travers un regard de lumière et d’ombre.
L’œil de Corbeau : Les photographies de Roger Corbeau exposées à la Fondation Pathé
Après avoir exploré l’art des affiches de films, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé se tourne vers l’un des témoins les plus sensibles du septième art : Roger Corbeau (1908-1995). L’exposition réunit un vaste ensemble de photographies issues de son fonds, offrant un voyage au cœur du cinéma français et international entre les années 1930 et 1980.
Roger Corbeau débute auprès de Marcel Pagnol et, très vite, s’impose comme l’un des grands artisans de l’image filmée. En un demi-siècle, il accompagne près de 150 tournages, immortalisant des œuvres devenues classiques : Toni de Jean Renoir, De Mayerling à Sarajevo de Max Ophüls, Le Journal d’un curé de campagne de Robert Bresson, Les Parents terribles de Jean Cocteau, Gervaise de René Clément, Les Sorcières de Salem de Raymond Rouleau, Les Misérables de Jean-Paul Le Chanois, La Loi de Jules Dassin, ou encore Violette Nozière de Claude Chabrol. Il a aussi collaboré avec Orson Welles sur M. Arkadin et Le Procès, témoignant d’une fidélité à la lumière, aux visages et aux gestes qui font le cinéma.
Fasciné par les acteurs depuis l’adolescence, Corbeau compose des portraits où se mêlent rigueur et sensibilité. Il capte un regard, un silence, un instant suspendu. Son art du noir et blanc, d’une grande maîtrise, joue sur les contrastes et les textures. La lumière modèle les traits d’Arletty, de Louis Jouvet ou de Jean Marais, tandis que les ombres enveloppent Brigitte Bardot, Simone Signoret ou Michel Simon. Plus tard, il apprivoise la couleur avec la même justesse, sans jamais perdre la profondeur du clair-obscur.
Le photographe n’est pas qu’un témoin ; il est un metteur en scène discret. Ses images, d’une composition toujours équilibrée, portent la mémoire de toute une époque, celle des plateaux enfumés, des projecteurs halogènes, des pauses entre deux prises. Chaque cliché raconte la fabrication d’un rêve collectif.
L’exposition proposée par la Fondation Pathé invite à redécouvrir ce maître du regard. Elle s’appuie sur le fonds Roger Corbeau, enrichi de ses collections personnelles, et s’accompagne d’un catalogue de 150 pages, de visites guidées, d’une journée d’étude en janvier 2026 et d’une programmation de films muets et parlants en écho à son œuvre.
En parcourant ces photographies, on saisit combien Corbeau a su faire dialoguer la technique et l’émotion. Son œuvre traverse le siècle comme un fil invisible entre le cinéma et la photographie. À travers ses images, ce n’est pas seulement une histoire du cinéma que l’on contemple, mais celle du regard humain posé sur la fiction et la lumière.
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