Magnus Carlsen : un génie humain…
Magnus Carlsen : un génie humain, trop humain
Les lundis d’Hyacinthe
Le Mozart des échecs
Les ignorants le qualifient de « machine », alors qu’il est de loin le plus grand sportif de notre temps. Il s’appelle Magnus Carlsen, il est né le 30 novembre 1990 à Tønsberg en Norvège et il est, pour les amateurs du « jeu des rois », qualifié du « Mozart des échecs ». À ce titre, il vient de remporter en à peine cinq jours ― du 26 au 30 décembre 2023 à Samarcande en Ouzbékistan ― deux titres mondiaux en présence des plus grands joueurs de notre temps. Ces deux titres sont le championnat du monde des parties rapides, dont la cadence est de 15 minutes avec un incrément d’une seconde, et celui du blitz, dont la cadence est de 3 minutes avec un incrément de deux secondes. Mais, si le premier championnat s’est conclu au terme de treize parties, le second s’est, quant à lui, déroulé sur vingt-et-une rondes.
Ainsi, celui que les ignorants appellent « la machine » n’a concédé, sur les trente-quatre parties disputées en cinq jours, qu’une seule défaite en blitz contre le Français Maxime Vachier-Lagrave, contre sept victoires et six nulles en parties rapides, et onze victoires et onze nulles en blitz. Nous pouvons dire que, pour les connaisseurs, cela relève du prodige car aucun joueur mondial n’est à même de réaliser un tel exploit. Toutefois, nous semble-t-il, ce type d’exploits ne concernent pas seulement les échecs, mais toute activité sportive confondue, d’autant plus que Magnus Carlsen en est aujourd’hui à son dix-septième titre mondial, sans compter les grands tournois qu’il a remportés, à l’instar de la Coupe du monde des échecs 2023, huit fois le tournoi de Wijk aan Zee, le mémorial Tal à deux reprises, le Champions Chess Tour à trois reprises, etc.
Un nouveau niveau
Pourquoi toutefois Carlsen est-il qualifié de « machine » ? À moins que ce mot ne soit vraiment mélioratif, ce qui ne nous semble pas être le cas, nous pensons que seule la jalousie motive de tels propos. Non, Magnus Carlsen est loin d’être véreux, contrairement à certains qui, à tort ou à raison, ont pris le risque de brader les échecs et l’intelligence humaine contre des sommes astronomiques. Avec Magnus, l’esprit humain triomphe de la machine, non seulement parce que la créativité est à l’origine de cette supériorité, mais encore parce que les échecs comme les machines sont des créations humaines. À cela s’ajoute ceci : l’homme peut s’adapter en intériorisant l’esprit machinal des ordinateurs, des logiciels et des algorithmes capables de gagner avec des coups aussi laids qu’efficaces. De ce fait, c’est comme si l’intelligence artificielle pouvait nous satisfaire en matière de nourriture, de musique, de peinture et d’arts au pluriel.
Avec Magnus Carlsen, les échecs ont accédé à un nouveau niveau, peut-être celui de la nouvelle humanité, celle du XXIe siècle, voire plus encore. Sans nommer les logiciels qui font dans les 3000 Elo, qui sont mutatis mutandis les ChatGPT des échecs, nous croyons que ceux qui qualifient Carlsen de « machine » sont les ennemis invétérés du genre humain. Célébrer un tel esprit s’impose et ce n’est pas avec des mots ou des comparaisons médiocres qui sont à l’image des âmes grises et des esprits étriqués de ces gens-là. Suivez notre regard, allez voir de plus près et autant la noirceur de ces esprits vous révoltera, autant le génie de Magnus Carlsen vous émerveillera.
Il nous a semblé nécessaire de commencer l’année 2024 par une telle diatribe qui n’a d’égale que l’admiration que nous vouons sans réserve aucune à ce champion qui, à travers les échecs, révèle le succès de l’esprit humain face aux machines, aux diverses difficultés et surtout à ces petites natures qui ne cessent de semer le vent pour récolter les tempêtes.