Samia Nabli invitée de Souffle inédit

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Dans le cadre des jeudis littéraires d’Aymen Hacen, l’historienne Samia Nabli revient sur son ouvrage Les Pères Blancs en Tunisie, publié dans la collection « Tunisie plurielle ».

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Samia Nabli : explorer la mémoire plurielle de la Tunisie à travers les Pères Blancs

Les jeudis littéraires d’Aymen Hacen

Docteure en histoire contemporaine et membre d’un laboratoire de recherche sur le patrimoine pluriel de la Tunisie à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, Samia Nabli a été responsable des archives historiques de l’Archidiocèse de Tunis.

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Une version remaniée de sa thèse de doctorat vient d’être publiée sous le titre : Les Pères Blancs en Tunisie, avec une préface du Professeur Habib Kazdaghli, aux Éditions Santillana, dans la collection « Tunisie plurielle ».

Samia Nabli invitée de Souffle inédit

A. H : Aussi bien en master qu’en thèse, vous avez travaillé sur la présence chrétienne en Tunisie. Qu’est-ce qui justifie cet intérêt ?

Samia Nabli : Tout à fait, j’ai travaillé en master sur le cardinal Lavigerie, le fondateur des Pères Blancs et des Sœurs Blanches. Le sujet s’intitulait « L’œuvre du cardinal Lavigerie en Tunisie (1875-1891) ». Ce sujet m’a été proposé par feu professeur Hassine Raouf Hamza. Il était dirigé initialement par lui et poursuivi sous la direction de la Professeure Latifa Lakhdhar. Au cours de mes recherches en master et mes visites de l’IBLA et de la bibliothèque diocésaine de Tunis, j’ai eu la possibilité de débattre avec des Pères Blancs tels Marc Léonard et feu Jean Fontaine sur la personnalité du cardinal Lavigerie et les archives des Pères Blancs à Rome. Donc, le sujet des Pères Blancs m’a beaucoup intéressée et j’ai décidé de consacrer une thèse centrée uniquement sur cette communauté chrétienne en Tunisie. J’ai proposé le sujet à M. Habib Kazdaghli (qui s’intéresse à l’histoire des minorités religieuses), qui a accepté avec beaucoup de plaisir.

A. H : Le doyen Habib Kazdaghli écrit à propos de votre travail : « Ainsi, dans les trois parties qui structurent sa monographie consacrée aux Pères Blancs en Tunisie, Samia Nabli, suit les étapes de la métamorphose de la congrégation chrétienne et de son adaptation progressive aux réalités tunisiennes pour devenir un des piliers de la culture tunisienne à travers deux institutions qui ont résisté aux aléas du temps, à savoir : la conservation de l’une des plus riches bibliothèques spécialisées de Tunisie et le maintien d’une revue avec une teneur académique confirmée qui s’apprête à fêter les 90 années de son existence. »

Nous passons en effet de la thèse à la monographie. Pourriez-vous nous en expliquer l’acheminement et les différences ?

Samia Nabli : La thèse constitue aussi une étude monographique puisqu’elle est basée uniquement sur la présence des Pères Blancs en Tunisie. J’ai effectué quelques remaniements afin que ce travail puisse intéresser un plus large public. Remanier le manuscrit de la thèse exige : une réduction de volume, une restructuration de contenu, l’élimination des détails les moins pertinents, etc.

A. H : Votre ouvrage est publié dans la collection « Tunisie plurielle », dirigée par le Professeur Kazdaghli aux Éditions Santillana. Pourriez-vous nous parler de cette collection, de certains travaux de vos collègues et nous dire en quoi ces divers travaux menés et jusque-là publiés sont complémentaires ?

Samia Nabli : Comme il est écrit dans le dos de couverture de chaque livre de cette collection : « Tunisie Plurielle… se propose d’étudier l’ensemble des traces des communautés, minorités ethniques et religieuses qui avaient vécue en Tunisie. La collection espère être un espace d’interaction et d’échange, par la publication de livres évoquant le passé pluriel de la Tunisie en donnant la place aux récits de mémoires et aux recherches historiques produits aussi bien par les chercheurs tunisiens, que par auteurs et témoins ayant vécu ou ayant un lien avec ceux qui y avaient vécus en Tunisie ».

Six livres sont déjà parus dans le cadre de cette collection : Les juifs nos frères en la patrie, du professeur Habib Kazdaghli, Les italiens de la Goulette de mon collègue Jamel Eddine Alouini, Les Rabbins juifs en Tunisie (en arabe) de ma collègue Sameh Métoui, Les réfugiés espagnols en Tunisie du Professeur Béchir Yazidi, La communauté grecque de Tunisie de son auteur Antonis A. Chaldeos, et mon propre travail : Les Pères Blancs en Tunisie. Six titres, six contributions à la connaissance de la mémoire plurielle de la Tunisie. D’autres ouvrages sont en cours de publication traitant l’histoire des minorités noires et des Amazighs.

Samia Nabli invitée de Souffle inédit

A. H : Vous dédiez votre livre à la mémoire de votre maman et à celle du père Jean Fontaine (1936-2021). Pourriez-vous nous en parler davantage ?

Samia Nabli : Il n’y a pas de personne plus importante que la mère à qui nous pouvons offrir les fruits de nos efforts. Le père Jean Fontaine, quant à lui, m’a beaucoup aidée dans mes recherches. J’ai perdu ma maman le 29 mars 2021 puis le père Fontaine est décédé le 2 mai 2021. Tous les deux sont victimes de la Covid 19.

A. H : Ayant été responsable des archives historiques de l’Archidiocèse de Tunis, pourriez-vous nous dire ce qui en fait la spécificité et la valeur par rapport aux autres archives du pays ?

Samia Nabli : Ces archives ont un caractère privé puisqu’elles dépendent de l’Archevêché de Tunis. Les chercheurs concernés, qui travaillent sur les questions religieuses et la présence chrétienne, peuvent les consulter.

A. H : Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? Allez-vous poursuivre vos recherches selon le même élan ?

Samia Nabli : Actuellement, je suis chercheure en post-doctorat.
La thèse n’est qu’une ébauche de recherche scientifique. Le diplôme de doctorat est la porte pour être chercheur qualifié. On doit poursuivre sur le même élan.

A. H : Il s’agit d’une question plus personnelle, afin de mieux faire connaissance avec vous : si vous deviez tout recommencer, quels choix feriez-vous ? Si vous deviez incarner ou vous réincarner en un mot, en un arbre, en un animal, lequel seriez-vous à chaque fois ? Enfin, si un seul texte sur les Pères Blancs ou la présence chrétienne en Tunisie devait être traduit dans d’autres langues, en arabe par exemple, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

Samia Nabli : Si je devais recommencer, je ne pourrais pas changer mon profil ni mes convictions ! Je suis satisfaite de ma vie et de qui je suis. Si tout était à refaire ? Je serais peut-être vétérinaire. J’aimerais beaucoup m’engager pour la cause animale.

Si je devais incarner ou réincarner en un mot, je serais Persévérance.
Si j’étais un arbre, je serais le jasmin pour sa couleur et son parfum envoûtant.
Si j’étais un animal, je serais un chat, doux et paisible mais espiègle lorsqu’il se sent dérangé. J’ai deux belles chattes « Samara », 2 ans, et « Basboussa », 3 mois.
Si un seul texte sur les Pères Blancs ou sur la présence chrétienne en Tunisie devait être traduit dans d’autres langues, je dirais : une version arabe ou en anglaise de mon propre travail. Pourquoi pas !

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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