Retour sur l’essai de Didier Fassin

Essai
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Didier Fassin Credit @Patrick Imbert

Retour sur l’essai de Didier Fassin : Une étrange défaite, sur le consentement à l’écrasement de Gaza

Par Djalila Dechache

Comment aborder la lecture du livre de l’anthropologue Didier Fassin ? On pensait vraiment qu’il allait assouvir une soif de savoir, une faim de comprendre.

Retour sur l’essai de Didier Fassin
Le titre pourrait laisser penser que l’auteur va développer un regard d’homme juste, sur ce drame humanitaire que la Cour Pénale Internationale qualifie de génocide, sans commune mesure au XXI ème siècle.
Or, Il n’en est rien, on n’apprend rien, si ce n’est son parti pris vis-à-vis du plus fort.
Il accumule des annonces de presse, des statistiques, des avis, bref un panorama peu intéressant que la plupart a lu, vu, entendu, des informations rabâchées ici et là.
Pour ajouter au bien-fondé de sa démarche, il cite de longues listes de personnes qui l’ont aidé de près ou de loin à la rédaction de son opus comme pour dire que lui, citoyen français, prend une position dans ce conflit, contrairement aux puissances occidentales, nations et médias qui ont laissé faire sans bouger pour Gaza.
Tout le monde a condamné l’action du Hamas survenue le 7 octobre 2023, de cela nous sommes d’accord.

Un air de déjà vu avec un titre de Marc Bloch

Le titre est emprunté au grand historien Marc Bloch, lors de la seconde guerre mondiale,L’Étrange Défaite signé de Marc Bloch, grand historien et résistant exécuté par la Gestapo, il  avait analysé la débâcle française de 1940. La comparaison s‘arrête au titre. C’est assez culotté de la part de Didier Fassin qui évoque un échec moral, là où le grand historien signalait une défaite militaire.
Comme on dit, il n’y a pas photo ! Ce sont deux choses diamétralement opposées et qui ne souffrent pas la comparaison.

Didier Fassin en tant qu’anthropologue s’est-il rendu sur le terrain ? C’est tellement différent que d’écrire depuis son confort matériel et affectif, tout le monde le sait..
Ce changement de paradigme ne veut rien dire : une défaite morale, quelle défaite morale ? Aucun pays n’a été accablé de douleur par la mort massive de Gazaouis que l’on voit quitter leur pays en hordes avec des baluchons lorsqu’ils le peuvent, et en hordes toujours depuis le dernier cessez-le feu, pour retrouver ce qu’il reste de chez eux, entre ruines après un tsunami et chiens errants.Des images récentes prisent par des drones sur la bande de Gaza font froid dans le dos, cela oui l’occident sait faire !
Savoir que l’occident a ressenti une défaite morale n’apporte rien aux Gazaouis.

Alors que pèse une défaite morale ? Et sur qui exactement ? C’est ce que je pose à Didier Fassin, point qu’il n’a pas développé dans son livre comme il n’évoque jamais la possibilité d’une paix , terme sans doute resté au niveau de concept abstrait. Comme il n’évoque pas le rôle des intellectuels de tous pays dans de telles catastrophes. Pourtant des exemples existent et retentissent encore dans les esprits.

Aussi je ne m’étendrais pas davantage sur cet essai qui a sans doute voulu donner bonne conscience à son auteur et pas plus. Il présente une analyse du discours que d’autres que lui ont écrit.
C’est dommage parce que l’on attendait autre chose de lui qui n’est pas venu.

Une étrange défaite, sur le consentement à l’écrasement de Gaza – essai Didier Fassin, Editions la découverte, 190 p, 2024.
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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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