Maxime Rovere – Le Livre de l’amour infini, vie d’Apollonios, homme et dieu
Par Djalila Dechache
Le Livre de l’amour infini, vie d’Apollonios, homme et dieu, de Maxime Rovere, Editions Flammarion, 450 p, 2024.
Avec un tel titre, la lectrice, le lecteur tombe sous le charme de ce livre d‘un philosophe romancier, enseignant et chercheur, aux livres traduits dans plus de dix langues.
Voilà de quoi nous attirer et nous inciter à découvrir la vie d’Apollonios de Tyane (Anatolie actuelle) philosophe Pythagoricien grec du 1er siècle après J.C. Mu par une soif de savoir et de sagesse, il a pérégriné autour du monde pour assouvir sa quête de savoir et de sagesse. (Cet homme a voyagé jusqu’en Inde et en Afrique noire, des noms de pays d’aujourd’hui.)
Riche d’enseignements de plusieurs civilisations auprès des Perses, des Bouddhistes, des Nubiens et tant d’autres, il devient oracle et faisait autorité auprès des peuples qui lui ont conféré un statut d’homme divin qui soignait les âmes et les corps. Ce qui lui adjoint un sacré capital religieux et il y a fort à parier, un capital mystique. J’en veux pour preuve le titre de ce livre infiniment beau, n’est-il pas une porte vers cet univers spirituel ?
D’autre part, comment est-on passé à côté de ce philosophe grec si riche, si modeste et si puissant ? Bien qu‘il ait vécu une génération avant Jésus, il aurait été perçu comme un concurrent du Christ ! Rien que cela !
L‘histoire de ce philosophe a été effacée après « les édits de Théodose (381-389)», c’est dire combien l‘historiographie chrétienne a fait un enjeu capital du Christ, pour que nul ne vienne faire de l‘ombre !
Son plus fidèle disciple, Damis a relaté ses faits et dires, ses épreuves et aventures riches en rebondissements dans son journal.
Maxime Rovere évoque le «Roman vrai de l‘Antiquité ».Quelle chance il a eu de le découvrir et de partager son savoir avec nous !
Un découpage géographique et philosophique
Le livre est composé de 4 parties titrées doublement, en grec et en français : Suis le dieu, Assèche les souffrances, Éteins les fautes et Quitte la vie inaperçue.
A chaque partie se développent des chapitres à dimension géographique de noms de lieux qui font rêver, chargés d’imaginaire.
Comme si l‘auteur avait lui-même effectué véritablement ces destinations : Babylone, Taxila, Éphèse, Grèce, Rome, Méroé, Antioche, Euphratès et Bassus, Trophonios et l’île anonyme.
L’ensemble forme un ouvrage particulier de philosophie bien sûr, mais aussi de voyages, d’initiation, d‘expériences qui lui ont permis de valider un portrait et une pratique des plus justes. Cette vision enrichit l‘homme, mais dans ce cas, ce n‘est pas n’importe lequel.
La première phrase du livre, un programme de vie à elle toute seule : « Toute parole se juge à l’aune du silence », mérite que l’on s’y arrête afin d ‘en saisir la portée véritable, parce que le silence n’est pas inaction, ni effacement, il est méditation. Nous le savons, nous parlons trop, bavardages, verbiages stériles et fatigants partout dans les médias et au quotidien de nous toutes et tous. Cet état voile notre véritable être et l’empêche de s’exprimer autrement. Comme l’a si bien dit l‘écrivain et philosophe Max Steiner, on nous donne sans cesse le commentaire du commentaire ! Rien de nourrissant, rien d’intelligent, rien qui fait grandir la pensée. Du mâché et du rabâché.
Qui est Apollonios de Tyane, homme et divin ?
Comme le souligne Maxime Rovere, la sagesse recherchée par Appollonios de Tyane n’est pas seulement intellectuelle, elle passe aussi et surtout peut-être à cette époque-là, par le corps.Le philosophe grec expérimente sur lui, des pratiques d’Egypte, d’Inde et d’Afrique Noire.
Bien entendu aujourd’hui nous savons que ces empires ont eu une civilisation des plus remarquables, c’était en leur temps le règne de l’expérimentation empirique, par oui-dires pour atteindre les Mystères.
Apollonios de Tyane est ainsi un philosophe et chercheur moderne, un sage, sans théorie ou doctrine particulière.il a été reconnu et honoré par son charisme et ses pratiques de guérison face aux maladies, il refusait le sacrifice d’animaux et le paganisme.
« Si Apollonios est le soleil vivant qui révèle les formes du monde, Damis, lui, en est le miroir » précise Maxime Rovere.
Dans ce cas nous sommes encore une fois dans les symboles de la mystique actuelle, peut-être celle de Jalal Eddine Rûmi et d’autres soufis, avec le soleil comme élément de lumière divine et le miroir, reflet de l’homme par les éclats de cette lumière divine.
Redouté en son temps et incompris, Apollonios de Tyane nous enchante et nous ravit. Ce livre est un prodige de savoir et de sagesse, peut-être est-ce la définition de la philosophie d’aujourd’hui que professe Maxime Rovere, au prénom prédestiné, pour notre plus grande chance en vivifiant ce grand maître philosophe, patrimoine mondial de l’humanité. pour l’éternité céleste et terrestre.
Photo de couverture : Crédit @WIKIMEDIA
Souffle inédit, Magazine d’art et de culture
Une invitation à vivre l’art