Musique

Samaa Orchestra – Concert à Paris

Samaa Orchestra – Un concert inoubliable

Par Djalila Dechache

 

Concert ritualisé Samaa Orchestra, Institut des Cultures d’Islam (ICI) 56 rue Stephenson 75018 Paris avec le 360 Paris Music Factory.

Le mercredi 27 septembre 2023 veille de la fête du MOULED, à l’ICI, il s’est vraiment passé quelque chose d’incroyable et d’inoubliable.

Concert Samaa Orchestra

(c) ICI

Le Samaa Orchestra y a donné un concert pour fêter la naissance du Prophète Mohammed.

Comme chaque année désormais l’ICI ne déroge pas à ce rituel qui réunit un public d’initiés venus écouter des chants sacrés dédiés à l’éloge de l’amour inconditionnel voué au Prophète de l’islam dans la tradition mystique de toutes les confréries soufies.

A chaque fois c’est une salle pleine d’écoute, de ferveur et de partage, en un mot de joie, une joie inhabituelle, rare, celle qui remplie les cœurs apaisés dans l’élévation spirituelle.

Le Samaa Orchestra « est un ensemble musical fondé à Paris en 2022 à lInstitut des Cultures dIslam à loccasion du concert de la Nuit du destin par la directrice artistique Carole Latifa Ameer afin de proposer au public une véritable expérience de la musique soufie ».

« Ce concert est placé sous le signe d’une création musicale inédite mettant à lhonneur les parfums spirituels et plus particulièrement la rose, métaphore dans la poésie mystique de la beauté divine ». 

Il est composé de 12 personnes selon les concerts, chanteurs, musiciens venus des 4 coins du monde   dont deux frères, deux chanteurs et génies de la musique indienne (tablas et harmonium) et deux musiciennes remarquables (Qanoun et Ney) mené par un Munchid (hymnode) Abdelkader Ghayt (au nom prédestiné signifiant vie, renaissance),exceptionnel qui conduisait de sa voix douce et forte à la fois, auréolé de sa lumière intérieure, les chants et musiques spirituels.On pense à l‘un de ses éminents prédécesseurs aujourd’hui’ disparu le Cheikh Hamza Shakkour seul ou avec les derviches de Damas qui a eu un beau parcours en Syrie et à l‘international. Une jeune collégienne, Anaïs charmante petite princesse andalouse, distribuait des pétales de roses. Carole Latifa Ameer, maîtresse de cérémonie, directrice artistique du Samaa Orchestra et femme à la grande patience et générosité, toujours un mot gentil pour chacun, a lu en ouverture des textes poétiques sublimes de soufis, tel Jalal Eddine Rumi, Kul Nessimiet Mohammed el Harraq, dédiés au pouvoir et au symbole de la rose notamment. Elle est aussi historienne de l’art, auteure spécialisée en pensée et culture d’islam et plus particulièrement le soufisme.

Les réservations totalement complètes dans la salle de ce merveilleux lieu voisin qu’est le 360 Paris Music Factory situé rue Myrrha, dirigé par Saïd Essadi, ce que j’ai pris au départ comme un lot de consolation avec la la possibilité d’assister à la répétition d’avant le concert, s’est avéré être une chance inouïe, un moment de grâce, de force et de recueillement. Un bouleversement du dedans. En fait je me suis éloignée sans le vouloir, ces derniers temps de tout ce qui est mystique soufie.

Samaa Orchestra

(C) Carole Latifa Ameer

Je crois fortement que la spiritualité nous manque quelque soit la religion de notre naissance et de notre pratique.

La spiritualité est une chance, un cadeau que l‘on porte en soi, dans l’intime de notre être sans que cela se voit ou se dit, il suffit d’observer pour comprendre, c’est un bouclier face à un monde déliquescent, un partage de fraternité et de valeurs communes.

Le programme de cette soirée était composé de chants et musiques connus et d‘autres qui l‘étaient moins pour se terminer avec le chant et mouvement collectifs de la Hadra ( présence à soi, présence au spirituel) soit le point d’orgue de la cérémonie du Samaa ( audition soutenue) qui a donné naissance aux derviches tourneurs à Konya en Turquie, où musique et chants s s‘accélèrent, les chanteurs entrent en transe au bout du Dikr. ( invocation des noms divins) Parce que l‘être humain est oublieux, il lui faut le Dikr individuel et collectif pour se remémorer sa condition de mortel, ce qui dure est Dieu, sa Permanence.

Samaa Orchestra - Un concert inoubliable

D’ailleurs un des chants commençait par : «  Heydi el Hadra el mnouwra, sakinha Sidi Rasoul » : cette hadra lumineuse, le Prophète y demeure ».  Pour réaliser chaque manifestation quelle qu ‘elle soit il faut bien sûr des personnes convaincues et convaincantes qui défendent à bout de bras les choix artistiques et culturels, a fortiori dans des quartiers réputés difficiles et au sein d’une société française qui a perdu ce qui faisait sa force, sa renommée et sa visibilité positive, émulatrice dans le monde. Faudrait il pour autant baisser les bras, s‘apitoyer sur son sort ?

Je veux évoquer les mots de la Présidente de l‘Ici madame Bariza Khiari, grande protectrice, défenseure et vigie de la culture arabe depuis de nombreuses années et nous avons besoin d’elle plus que jamais. Elle a narré l’histoire du geste du colibri lors d’un incendie dévastant tout alentour, la morale du petite colibri est

Tout est là ! Que chacun fasse sa part, quels que soient ses moyens, ses forces, ses convictions et le monde sera plus beau, plus resplendissant, un monde qui comme le rappelle le Samaa est éphémère, nous n ‘en sommes que des hôtes, nous ne pensons sans doute pas assez à ce que nous laisserons aux générations qui suivront. Cela demande une initiation, une préparation de tout un chacun vers les autres.

Le Samaa vient nous rappeler notre finitude avec des mots et des sonorités venus du cœur qui touchent le nôtre d’une douceur énergique. Tel est l’intérêt puissant de se souvenir de l’essentiel immatériel avec le Samaa et le Dikr.

La salle ressemblait ce soir là à un seul et grand coeur palpitant à l’unisson avec les forces qui nous gouvernent.

Samaa Orchestra - Un concert inoubliable

Distribution : 

Direction artistique, Carole Latifa Ameer, remarquable hôtesse de cérémonie, pleine d’humanité et de bonté.

Chant soufi et Munchid, Abdelkader Ghayt, l’hymnode à la voix chaleureuse et généreuse

Tablas et Chant, Nishad Ali KAWA, génie de l ‘harmonium à la voix splendide venu du

Chant soufi et Harmonium, Naushad Ali KAWA

Chant choral et Moussami’in, Khalid Amraoui, Abdelhak Ghechati, Ibrahim Inhid, Badredine Smimite, extraordinaires chanteurs à la voix puissante et musiciens.

Kamenche et Tambour, Gilles Andrieux, tout en discrétion, à l’instrument méconnu et sublime.

Luth sharki et chant, Enris Qinami, issu du soufisme des Balkans.

Qanun et chant : Hend Zouari la princesse du Qanun

Ney Turc et chant, Pelin Basar de l‘Opéra national d’Istanbul.

Percussions daf et rik, Miloud ben Slimane, magnifique musicien

Sans oublier l‘équipe technique et ses acrobaties démentes à la lumière avec MEHDI au son avec TOM, Stanislas vif comme l‘éclair et toujours souriant, et les placeurs et placeuses bienveillants de l’ICI.

Livres : Eva de Vitray Meyerovitch : le Mathnawi somme spirituelle et tout autre livre traduit par ses soins de Jalel Eddine Rûmi,

Concert ritualisé Samaa Orchestra, Institut des Cultures d’Islam (ICI) 56 rue Stephenson 75018 Paris avec le 360 Paris Music Factory 

Samaa Orchestra : info@samaaorchestra.com

Djalila Dechache

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