Daniel Convenant, peintre du geste essentiel et l’espace flottant
Par Michel Bénard
Artiste effleurant l’insolite, Daniel Convenant se situe en marge des académismes traditionnels et dépose sur sa toile les empreintes du graphisme intuitiste de ses rêves. Il est essentiel pour lui de retrouver le geste initial, la trace première évoquant les racines et par là même la renaissance. D’ailleurs, à la suite d’un grave accident de santé, pour ce qui le concerne, il s’agit bien très précisément de l’expérience d’une résurrection.
Face à lui-même l’artiste poursuit son voyage au cœur des souches, des rejetons, dans les pénombres intérieures. Le temps glisse sur son œuvre, il joue des transparences, s’isole dans des paysages diaphanes en se laissant guider par les veines imaginaires de la terre. Silencieusement il frôle l’infini, désoriente l’ordre du temps en relisant avec attention le livre de la vie. L’art est ici vécu comme une respiration de l’âme et son élévation vers l’éternel.
Laissons-nous emporter dans ces tourbillons et turbulences marines qui se perdent sur l’horizon.
Pour peu que nous soyons attentifs à l’œuvre de Daniel Convenant, nous découvrons un environnement extra-terrestre, un monde à le fois beau, envoutant et énigmatique où la pensée se trouble. Les sujets sont assez étranges, enracinés et à la fois en pleine essor.
L’œuvre s’impose par la force incontournable de la nécessité de son regain. C’est une puissance en marche, pleine de mouvances, de geysers, d’arches étranges habillées d’écume blanche, où la notion de beauté insolite devient vite une nécessité naturelle.
Nous traversons des espaces surréels, fruits d’un imaginaire indépendant, libre d’expression, d’où surgissent d’étranges griffons ou d’inquiétants hippogriffes s’extirpant des entrailles de la terre, qui même interrogeraient Dante !
Voici des fleurs étranges, peut-être celles du mal de Baudelaire, paysages singuliers aux structures éparses. Puis voici encore des jaillissements, des dédoublements, des fragmentations se mêlant à d’énigmatiques paysages aux horizons indéfinis .
Parfois il arrive qu’une note d’un bleu roy léger pacifie l’espace et apaise le fleuve d’encre bitumineuse jusqu’à son delta.
Poètes en errance que nous sommes, laissons-nous emporter dans le sillage de ce jardin extraordinaire, comme seuls les songes les plus fous savent en construire.
Il n’est pas rare que notre peintre-poète s’invente un langage allégorique, composé de lettres fabuleuses.
Souvent nous sommes désarçonnés par des vents puissants nous venant d’Asie, alors nous croisons des jonques chimériques armées de cinq voiles. C’est un véritable défi que lance notre créateur au cœur de ses routes aventurières où toutes formes de notions temporelles sont estompées.
L’arbre comme un symbole fort est omniprésent, danse comme un grand fantôme égaré, échevelé, qui en impose de sagesse par ses cercles des âges.
Entre toutes les œuvres de notre plasticien demeure un lien immuable, véritable fil d’argent, celui qui nous relie à la vie et à son combat. L’art est un grand mystère qui ouvre à notre artiste les portes de nouveaux paysages où une source limpide reste toujours à découvrir.
Être là debout, voilà la position du peintre, oui et c’est bien celle de notre ami.
Il est un assoiffé de vie, sans doute est-ce pourquoi il veut nous entrainer dans son sillage, de graines, de racines, d’encre sépia où le temps se met en absence, alternant de l’ombre à la lumière. Dualité chère à la pensée extrême-orientale.Alchimiste de la matière, par son acte de création l’artiste métamorphose la vie.
En conclusion, je dirai qu’une œuvre artistique est pour Daniel Convenant un long chemin de silence où l’on côtoie les parfums d’un miracle.