Morgane Soulier invitée de Souffle inédit
Morgane Soulier, Pionnière du Numérique et Visionnaire de l’Intelligence Artificielle
Morgane Soulier est une figure incontournable dans le domaine des nouvelles technologies et de la transformation numérique. Diplômée d’EM Lyon, HEC Paris et Sciences Po Paris, elle a débuté sa carrière en développant des stratégies pour Orange et Netflix. Après huit ans dans des grandes entreprises, elle se lance dans l’entrepreneuriat avec une entreprise dans le secteur de la santé connectée. Aujourd’hui, elle dirige une structure de conseil, accompagnant les dirigeants dans leur compréhension des enjeux numériques contemporains, en particulier ceux liés à l’intelligence artificielle, au métaverse et aux réseaux sociaux. En tant qu’éditorialiste pour des médias de renom et ambassadrice de l’Institut EuropIA, elle œuvre pour une approche éthique des technologies. Morgane anime également le podcast « Now Futures », interviewant des leaders d’opinion, et enseigne l’entrepreneuriat dans diverses institutions. Elle est l’auteure du livre Metaverse, comprendre le monde qui vient aux éditions Grasset.
En novembre, ses œuvres seront exposées au Lyinc à Lyon, avec un vernissage prévu le 20 novembre 2024, et des visites sur rendez-vous du 4 novembre au 20 décembre. Par la suite, elles s’envoleront pour New York où elles seront présentées dans deux galeries d’art contemporain situées au cœur du prestigieux quartier artistique de Chelsea.
M.B : Vous êtes une multi-entrepreneure, reconnue internationalement en tant que consultante, Editorialiste pour de nombreux médias, vous êtes aussi créatrice d’œuvres d’art numériques, et récemment nommée Ambassadrice experte en IA générative à L’INSTITUT EUROPIA. Parlez-nous de ce parcours atypique et riche et de vos ambitions et notamment dans la création du digital art.
Morgane Soulier : Merci pour cette introduction. Mon parcours reflète effectivement une combinaison de plusieurs passions : l’innovation, la technologie et l’art. Mon parcours professionnel a débuté dans des entreprises de grande envergure comme Orange et Netflix, où j’ai pu observer de près la manière dont la technologie transforme les industries. Ce sont ces expériences qui m’ont poussé à me lancer dans l’entrepreneuriat, avec l’envie d’accompagner les dirigeants dans leur compréhension des enjeux numériques et de les aider à intégrer ces transformations dans leurs stratégies.
Mon intérêt pour l’intelligence artificielle est né assez naturellement, car j’ai toujours été fascinée par la capacité de la technologie à repousser les limites de la créativité et à réinventer les processus. L’IA générative, notamment, m’a ouvert de nouvelles perspectives, et c’est ainsi que j’ai commencé à explorer la création d’œuvres d’art numériques. L’IA n’est pas seulement un outil pour automatiser des tâches ou améliorer l’efficacité, elle devient un véritable co-créateur. Cela a redéfini ma vision de l’art et m’a permis de mêler mes compétences techniques avec ma sensibilité artistique.
Être nommée Ambassadrice experte en IA générative à l’Institut EuropIA est une reconnaissance qui me tient particulièrement à cœur. Je crois profondément que nous sommes à un tournant majeur dans l’histoire de la création artistique, et que l’IA peut jouer un rôle clé dans ce nouveau chapitre. En tant qu’artiste, mes ambitions sont de continuer à explorer les interactions entre l’homme et la machine, et de contribuer à l’émergence de nouveaux courants artistiques.
Mon travail actuel dans le digital art est une manière de repousser ces frontières et de montrer que la technologie, loin de déshumaniser l’art, peut au contraire amplifier notre capacité à rêver et à innover. J’aimerais, à travers mes œuvres et mes interventions, faire prendre conscience des possibilités infinies offertes par l’IA, tout en restant ancrée dans une approche éthique et humaine de son utilisation.
M.B : Pour présenter vos créations sur votre site vous écrivez « …Mon objectif est de capturer des moments d’émotion et de beauté, tout en utilisant la technologie pour ouvrir de nouvelles perspectives sur l’art contemporain. » Comment ces technologies transforment-elles la conception traditionnelle de l’art et quel est le rôle de l’artiste ?
Morgane Soulier : Je n’ai jamais eu le talent du dessin, mais j’ai toujours ressenti une profonde sensibilité artistique. La technologie, notamment l’intelligence artificielle, me permet aujourd’hui de collaborer avec un outil inédit pour transmettre des émotions et repousser les limites de la créativité contemporaine. C’est cette interaction entre l’humain et la machine qui me fascine : l’IA devient un partenaire de création, une extension de ma vision artistique, capable de sublimer mes idées et d’explorer des perspectives nouvelles.
En ce sens, la technologie ne remplace pas l’artiste, mais elle l’accompagne dans un dialogue créatif. C’est une façon d’élargir les frontières de l’art contemporain, en ouvrant des possibilités infinies de création tout en restant fidèle à la profondeur émotionnelle qui est au cœur de toute œuvre.
M.B : Utiliser l’intelligence artificielle pour créer une œuvre d’art est une approche innovante. Comment une telle œuvre (image en dessus) peut-elle voir le jour sans l’usage traditionnel de la toile, du pinceau ou même de l’appareil photo ? Pouvez-vous nous décrire les différentes étapes du processus créatif ?
Une œuvre de la série « Dreaming cities »
Morgane Soulier : Créer une œuvre avec l’intelligence artificielle est un processus qui, bien que différent des méthodes traditionnelles, repose toujours sur une idée ou une émotion que je souhaite transmettre. Dans le cas de cette série inspirée de New York, l’idée était de mélanger des symboles emblématiques de la ville, tels que la Statue de la Liberté et les taxis jaunes, avec des éléments surréalistes pour créer un univers ludique et inattendu. L’IA me permet de matérialiser cette vision, sans utiliser de toile, de pinceau ou d’appareil photo.
Le processus créatif commence par une interaction entre moi et l’intelligence artificielle. Je donne des instructions précises, des lignes directrices, puis l’IA génère des visuels en fonction de mes requêtes. C’est une véritable collaboration : j’affine, ajuste les détails, les couleurs et la composition jusqu’à ce que l’œuvre soit exactement comme je l’imagine. L’intelligence artificielle devient un outil avec lequel je peux repousser les limites de la créativité contemporaine.
Parallèlement à cette série, j’explore d’autres styles artistiques. Par exemple, ma série Golden Heaven adopte une approche plus minimaliste et réaliste, avec des touches de lumière dorée pour évoquer des paysages sereins et oniriques. Cette série capte des moments suspendus dans le temps, jouant avec la lumière et la texture pour créer une sensation de calme et de contemplation. Elle s’inscrit dans une démarche artistique plus épurée, mais toujours portée par cette interaction avec l’IA.
Ce qui est fascinant dans ce processus, c’est que la technologie, loin de remplacer l’artiste, lui permet de dépasser les limites traditionnelles de la création. Que ce soit pour des œuvres réalistes, surréalistes, ou abstraites, la technologie m’aide à explorer de nouvelles perspectives et à créer des émotions uniques. C’est un dialogue constant entre l’humain et la machine, qui ouvre de nouvelles possibilités pour l’art contemporain.
M.B : L’IA générative, notamment dans le domaine visuel, permet de créer des œuvres en quelques secondes. Pensez-vous que cette rapidité modifie la manière dont nous valorisons l’effort artistique et la créativité ?
Morgane Soulier : Il est vrai que l’IA générative peut créer une première image en quelques secondes, mais le processus global est beaucoup plus complexe et prend du temps. Déjà, rien que la rédaction du prompt n’est pas une simple phrase jetée au hasard. Il faut beaucoup de réflexion pour que le prompt soit précis et corresponde à la vision que j’ai en tête. Cette phase peut elle-même prendre du temps, car chaque mot, chaque nuance compte pour orienter l’IA dans la bonne direction.
Ensuite, le premier résultat n’est souvent qu’une ébauche. Il y a tout un processus d’affinage, de révision, de réajustement des détails et de modifications du prompt pour obtenir une œuvre qui soit conforme à mon imaginaire et qui véhicule l’émotion ou le message que je souhaite transmettre. Ce processus peut prendre plusieurs jours, voire plus d’une semaine, pour aboutir à un résultat pleinement abouti et satisfaisant.
La rapidité de l’IA dans l’exécution ne doit donc pas faire oublier que la véritable création est un travail de patience, d’itération et de perfectionnement. Comme avec n’importe quel autre médium, il s’agit de trouver l’équilibre parfait entre technique et émotion pour que l’œuvre prenne vie de manière authentique.
M.B : L’art assisté par l’IA soulève de nombreuses questions éthiques, notamment en matière de droits d’auteur. Quelle est votre position sur la place de la propriété intellectuelle dans cette nouvelle ère créative ?
Morgane Soulier : La question de la propriété intellectuelle dans l’art assisté par l’IA est effectivement au cœur des débats actuels. Je pense que nous sommes à un moment charnière où il est essentiel de redéfinir les cadres juridiques pour protéger à la fois les créateurs humains et les œuvres issues de collaborations avec des technologies comme l’intelligence artificielle.
En tant qu’artiste, même si l’IA m’assiste dans la création, l’intention artistique, la vision, et les choix qui façonnent l’œuvre finale sont fondamentalement humains. C’est ma sensibilité, mon imagination et mes décisions tout au long du processus qui donnent vie à l’œuvre. De ce fait, je pense qu’il est primordial de reconnaître l’artiste comme l’auteur de l’œuvre, même si une partie du travail technique est exécutée par l’IA.
Cela étant dit, il est également important d’être transparent sur l’utilisation des technologies dans le processus créatif. La collaboration avec l’IA doit être explicitement mentionnée, tout comme les outils plus traditionnels le seraient. Cela permet de valoriser non seulement l’innovation, mais aussi la réflexion et l’effort derrière chaque œuvre.
Nous devons être attentifs aux droits d’auteur des données utilisées pour entraîner les modèles d’IA, afin d’assurer que ces technologies respectent la propriété intellectuelle d’autres créateurs. En somme, il s’agit de trouver un équilibre entre protection des artistes, reconnaissance des nouvelles méthodes créatives, et mise en place de cadres éthiques autour de l’IA.
M.B : L’IA générative est un domaine en pleine expansion. En tant qu’ambassadrice à l’Institut EuropIA, comment voyez-vous l’évolution de cette technologie dans les prochaines années et quels secteurs pourraient en être les plus impactés ?
Morgane Soulier : L’IA générative est en effet un domaine qui connaît une croissance exponentielle, et je pense que son évolution va transformer de nombreux secteurs dans les années à venir. En tant qu’ambassadrice de l’Institut EuropIA, je perçois cette technologie comme un outil d’innovation puissant qui a déjà un impact majeur, et qui va continuer à révolutionner plusieurs industries.
Le domaine de la création artistique, visuelle, et audiovisuelle sera bien entendu l’un des plus transformés. Nous voyons déjà comment l’IA générative est capable de produire des œuvres, des designs et même de collaborer à des projets créatifs de manière inédite. Cela offre de nouvelles opportunités, non seulement pour les artistes, mais aussi pour l’industrie du divertissement, notamment dans le cinéma, l’animation, et les jeux vidéo, où l’IA peut accélérer des processus et proposer de nouvelles approches créatives.
Un autre secteur clé sera celui de la santé. L’IA générative a le potentiel d’assister à la création de nouveaux médicaments, à la modélisation de scénarios cliniques ou à la simulation de traitements personnalisés. En combinant l’IA avec les données médicales, nous pourrions aboutir à des avancées rapides dans la médecine de précision, le diagnostic, et même dans le développement d’appareils médicaux.
Le secteur de l’éducation pourrait également tirer parti de l’IA générative, en transformant la façon dont le savoir est transmis. Les outils d’IA permettront de créer du contenu pédagogique personnalisé, adapté aux besoins spécifiques de chaque élève, offrant ainsi une expérience éducative plus riche et individualisée.
Enfin, il est clair que les industries de la mode, du design et de l’architecture vont également connaître de profondes mutations. L’IA générative permet déjà d’imaginer de nouveaux produits, de nouvelles formes et esthétiques que l’on n’aurait peut-être pas pu concevoir sans cette technologie.
L’enjeu, bien sûr, sera d’encadrer cette évolution avec des régulations éthiques pour assurer que l’IA serve les intérêts humains tout en respectant les droits des créateurs et des utilisateurs. Je crois que, dans les prochaines années, nous assisterons à une adoption massive de ces technologies, avec des implications profondes pour notre manière de vivre, de travailler, et de créer.
M.B Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes qui souhaitent intégrer des technologies comme l’IA dans leurs créations ?
Morgane Soulier : Le premier conseil que je donnerais aux jeunes artistes est de ne pas voir l’IA comme une simple « outil magique » qui fait tout à leur place, mais comme un véritable partenaire créatif. L’intelligence artificielle peut générer des résultats fascinants, mais c’est à l’artiste de diriger, affiner et donner un sens à ces résultats. Il est essentiel de rester maître du processus créatif et d’utiliser l’IA comme une extension de votre vision, pas comme un substitut à celle-ci.
Ensuite, il est important d’expérimenter. L’IA offre des possibilités infinies, donc n’ayez pas peur de tester différents styles, d’explorer des terrains inconnus et de repousser les limites de votre imagination. Plus vous oserez, plus vous découvrirez des façons inattendues d’utiliser la technologie pour enrichir votre art.
Par ailleurs, je conseille de bien comprendre les outils que vous utilisez. La création avec l’IA demande de la réflexion, notamment dans l’écriture des prompts et dans l’ajustement des paramètres. Prenez le temps de maîtriser ces aspects techniques afin d’obtenir des résultats qui reflètent au mieux votre intention artistique.
Enfin, je leur dirais de toujours rester fidèles à leur identité artistique. La technologie peut parfois éblouir par ses prouesses, mais le cœur de l’art demeure l’émotion et l’histoire que vous voulez raconter. Utilisez l’IA pour amplifier votre message, mais gardez en tête que se sont vos idées, votre sensibilité et votre vision qui rendent vos créations uniques.
Entretien conduit par Monia Boulila
Souffle inédit
Magazine d’art et de culture
Une invitation à vivre l’art