Poésie

Ahmed Raffaa – Poésie

Mercredi en poésie avec Ahmed Raffaa 

Le poète Ahmed Raffa'a

Ta voix m’a soufflé je m’envolerai

 

J’ai entendu ta voix archipel

I

J’ai entendu ta voix de loin

Comme la musique de mes vêtements qui traînent

Derrière les collines reculées, rêveuses de la mort des barques

Je porte ce qui reste des chansons du bûcheron

Chansons des sans-abri

Des oubliés

Lampe qui éclaire mes côtes flottantes

J’ai entendu ta voix chanter

Depuis les pots qui pleurent dans le puits

Dès que j’ai porté la source de la montagne vide

Toutes les voies ont explosé

Du tourbillonnement de ton visage

Et de l’abondance de l’herbe dans le labyrinthe du crépuscule

II

Mets

Encore une fois le soutien-gorge

Pour que je ne flotte pas dans la nuit liquide

Ah

Ma langue est une aiguille face aux ballons gonflés

Ne sais-tu pas

Que le vent frappe à ma tête ?

Que dans mon ricanement meurt le silence de la rose ?

Les draps ne portaient-ils pas la prophétie du nuage ?

Pourquoi toute cette inondation ?

J’ai oublié la barque réfugié dans les grottes humides

La côte n’était pas au courant

De ma chemise mêlée à une vague morte

III

Mon menton épile l’anxiété

Chaque fois que je me cogne la tête, elle me fuit

Lentement comme une tortue

Chaque fois que la route est mâchée, un cimetière tombe

Chat chardon

Les lamentations du mouton resteront-elles suspendues entre les clous ?

Pourquoi suivre l’aube ?

Enrouement de la voix chargée de nicotine

Le conte s’éparpille

Quand le train pousse des cris

La table basse pourrit

Quand mon doigt sort d’une chaise boiteuse

Les os se fissurent

Quand le fuseau plie son conte

C’est ainsi que l’angoisse du coucher du soleil m’écorche la peau

IV

J’ai entendu

Non, je n’ai entendu qu’un sifflement

J’ai imaginé

Non, je n’ai vu que l’ombre de la gazelle abattue

Le sable s’est déchaîné sur moi

Et les cailloux courent avec la langue du soleil

Qui s’est fait sentir de la gueule d’un chameau

Oh, l’angoisse des déserts me ronge

En vain le train roule à la vapeur d’eau

Et le cœur de la gare est un hérétique

Tous les arbrisseaux ont apparu

Dessinant dans la pupille de l’aube la fumée de l’oiseau

Dans le désert j’ai besoin des voiles de chameaux

Pour que je ne me noie plus une nouvelle fois !

 

Ahmed Raffa’a

Ahmed Raffa’a – Poésie

Ahmed Raffaa est né le 8 septembre 1996. Juriste de formation, il est poète, écrivain et journaliste iraquien. Il a publié plusieurs poèmes et articles de presse dans des revues et des journaux arabes (Assabah, al-Qods al-Arabi, Le magazine al-Yamama), il est très actif dans le champ culturel de son pays. Auteur de plusieurs recueils en langue arabe, il a publié, entre autres : Apollon et les fragments de la danse, Les Saisons de Déméter et Ta voix m’a soufflé je m’envolerai.

C’est la première fois qu’il est traduit en français.

Poèmes traduits par Aymen Hacen

Le poète

 

Souffle inédit

Magazine d'art et de culture. Une invitation à vivre l'art. Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.

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