Poèmes de Bernard Pozier
Mercredi en poésie avec Bernard Pozier
Poèmes choisis
Terminal
Paris-Sud gare de planches brunes vieille locomotive solitaire nous voici enfin arrivés
À la marquise du cinéma d’en face
Paris,
Texas
il y a plusieurs années c’eût été
An
American in
Paris
Attablés au
Snack
Bar croquant dans un
Lobster
Roll sous le chaud soleil de l’été
South
Paris
Maine
USA
À l’entrée du village panneau de bois en brun sur jaune
Welcome to
Paris
II
Dans les brumes de la nuit
les néons murmurent
Paris
Star
un peu plus bas c’est
Clichy
puis au centre de la petite place
un arc de triomphe de simulacre
Montréal
coin
Rachel et
Saint-Laurent
Nous repartons jusqu’au parc
Lafontaine vers l’obélisque de
Debré vaste fissure de la mémoire
ROULIS
Écoute la respiration de l’océan
L’écho du murmure du monde
Le noir vacarme du silence
Le ciel oublié sur la terre
Dans une lente lamentation
Infini soubresaut du souvenir des hauteurs
Où les nuages mangent tout le paysage
Sur les plages et les crêtes
Nuages de mers
Écume de ciel
Vois couler la bave de l’univers
Ce si étrange escargot cosmique
Demande
Combien de cailloux dans un rocher
Combien d’arbres en un seul tronc
Combien de larmes au cœur d’un coquillage
Sonores encore
Bernard Pozier
Bernard Pozier est né à Trois-Rivières, Québec, en 1955. Il est directeur littéraire des Écrits des Forges. Ses ouvrages les plus récents sont Naître et vivre et mourir, Carnets de México, Biens et maux, Agonique agenda, Post-scriptum, Le temps bouge la Terre passe et Dérivés. Sont parus également récemment en d’autres langues Fragmentos del universo, We are what we love, Agenda de la agonía et Poetas. Sur manuscrit, son ouvrage Ces traces que l’on croit éphémères a été lauréat du prix de la revue Levée d’encre en France, en 1988. En 2012, il a reçu la Médaille de la Reconnaissance de l’État d’Aguascalientes au Mexique pour l’ensemble de ses travaux d’écriture, de traduction et de diffusion de la poésie mexicaine au Québec et, en 2013, le premier prix de calaveritas du Consulat du Mexique à Montréal. En 2018, il a reçu la Médaille Hugo Gutiérrez Vega. Il est membre du conseil académique du festival mexicain Letras en la mar et, en France, de l’Académie Mallarmé.
Tableau de couverture : Nicole Caron « Colorful silence »