Gaza
Poème de Monia Boulila
Gaza
Le poème ne me ressuscite plus !
Au large,
Le vent ne ramène plus les vagues
l’ange de la mort dans le ciel
éclaire de phosphore jaune mortel
les ténèbres trop sombres
de l’âme
Chaque nuit
Tu renouvelles ma mort
tu congèles mon sang
dans les coquillages perlières de l’océan
le Golfe se fait lourd
d’enfants beaux comme la lune
mort-nés
Horreur !, ils sont belliqueux
De nature liquide,
Serpent vénéneux
Rampant sur un sable béni.
Dieu, je n’entends plus les prières
Gaza n’a-t-elle plus de Mosquée
Ou est-ce al-Qods al-Abiyya,
L’orgueilleuse des siècles mariée,
Qui n’a plus de clochers ?!
Qui s’est tue à jamais ?
J’y enterre mon impuissance
J’acclame à chaudes mains
les pleurs
Non, je n’y planterai ni fleur
Ni tige de laurier.
Quelle est belle l’horreur
Qui chante la paix
Ici où toi et moi sommes
Mille mains pour planter
Mille et un oliviers
Et toi, belle horreur
Tu as déjà enfoncé
Mille hachoirs à lame brillante
Dans la poitrine d’enfants mort-nés
Je n’ai plus que la mort
Oui, je n’ai plus que la mort
Image vorace
Pluie carnassière
Arrosant à satiété
l’ancestral olivier.
Que dis-tu ?
Il est sous les décombres ?
De Hiroshima les espoirs sont nés !
O belle humanité
Mille et une bouches
Ne tairont jamais
la Vérité
Gaza
Monia Boulila 2008. Poème publié dans « Ailes et frissons » aux éditions l’Or du temps Tunis, décembre 2010
Monia Boulila a participé par un poème intitulé « Le grand jeu » dans « Requiem pour Gaza » : recueil d’un collectif de 30 poètes
Photos : Crédits@WIKIPEDIA
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