Gertrude Stein – Autobiographie d’Alice Toklas
Gertrude Stein
Autobiographie d’Alice Toklas
Par Djalila Dechache
Gertrude Stein, Autobiographie d’Alice Toklas, traduit de l’anglais et préface de Bernard Faÿ, Editions L’Imaginaire Gallimard.
J’ai toujours été fascinée par les mécènes a fortiori lorsqu’il s’agit d’une femme, américaine du début du XXème siècle qui a quitté son pays pour s’installer à Paris et devenir la collectionneuse la plus célèbre de son époque. Issue d’une famille immigrée d’Allemagne qui s’est installée en Pennsylvanie. Gertrude Stein y fait des études supérieures où elle va bien vite se distinguer par son esprit vivace et hors du commun.
Gertrude Stein ( 1874-1946) est poétesse, autrice et férue de littérature et d’art moderne. Pablo Picasso, Henri Matisse, Paul Cézanne seront les jeunes artistes à leurs débuts qui deviendront ses premiers protégés.
Son appartement parisien de la rue de Fleurus deviendra le rendez-vous du tout Paris et un salon d’exposition de ses acquisitions picturales qu’elle contemplait sans se lasser.
Il n’est qu’à connaitre sa bibliographie personnelle et celle écrite sur elle en français, en anglais et en allemand pour mesurer l’importance de cette femme sans équivalence.
En arrivant à Paris en 1903 elle avait écrit une Autobiographie des Américaines, première du genre parue en n1930, traduite par Bernard Faÿ et éditée aux éditions Stock en 1933, rééditée en 2018 aux éditions Barillet.
Elle a une relation particulière avec Picasso étrangers tous les deux, parlant une langue française propre à eux seuls , leur complicité magnifique et inventive traverse le siècle avec les courants tel que le Cubisme porté par des artistes qui émergeront plus tard, cités; Juan Gris, Marcel Duchamp, Andy Warhol, Bruce Nauman, les musiciens John Cage et Phil Glass, le metteur en scène et cinéaste Bob Wilson, les chorégraphes Merce Cuningham, Teresa de Keersmaker, Heiner Goebbels, se réclament de l’influence de Gertrude Stein par son écriture répétitive et tautologique telle que : « A rose is a rose is a rose ».
Lorsqu’en 1905, Pablo Picasso lui propose de faire son portrait, cela va devenir une grande affaire. En effet, Gertrude Stein ne se reconnait pas et le refuse dans un premier temps.
« L’artiste a été inspiré par une sculpture espagnole, impressionné par la vivacité d’esprit et l’avant-gardisme de Gertrude Stein, Picasso proposa de peindre son portrait. La majestueuse corpulence de l’auteure américaine y est enrobée de velours côtelé brun-rouge. Les nombreuses séances – près de quatre-vingt-dix selon Stein, ce qui paraît exagéré vu la rapidité avec laquelle Picasso travaillait
habituellement – commencèrent à l’automne 1905. Au printemps suivant, insatisfait du visage, Picasso le recouvrit de peinture. De retour à Paris, à l’automne, il figea les traits du modèle en un masque archaïsant, préfiguration du style nouveau qui avait germé dans son esprit pendant son séjour estival à Gósol, en Espagne. Il greffa audacieusement une tête proto-cubiste sur un corps typique de sa période rose, créant cette célèbre image, singulière et emblématique».( extrait de Met Museum New-York).
Gertrude Stein rencontre Alice Toklas en 1905 ( 1877-1967) américaine également, tape à la machine le récit autographique de Gertrude Stein. Alice Toklas deviendra sa compagne jusque’à la fin de la vie de Gertrude Stein.
Elles vont voyager ensemble en sillonnant la France en voiture en tant que marraines de guerre pour aider les soldats américains blessés.
Un parcours atypique, inédit et unique qui a marqué le siècle passé tant par l’action de défense et de valorisation des artistes et des auteurs que par ces deux femmes américaines qui laissent cette superbe autobiographie sans nulle autre pareille qui retrace leurs faits.
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