Giovanni Dotoli – La poésie en héritage

Poésie
Lecture de 13 min

Giovanni Dotoli – La poésie en héritage 

Par Michel Bénard

Giovanni Dotoli lauréat du prix de prestige Européen Pascal Bonetti 2023

Société des Poètes français.
Remise du prix de prestige Européen Pascal Bonetti 2023.

Giovanni Dotoli - La poésie en héritage. - Par Michel Bénard

« C’est un voyage qui conduit ou peut conduire au fond de l’Inconnu, de l’Absolu, de la Vérité, de la Vie. » G.D.

Professeur émérite et penseur

D’emblée l’humilité s’impose dans la seconde même, lorsque nous nous risquons à aborder le professeur émérite et penseur Giovanni Dotoli, haute personnalité des milieux intellectuels et culturels aux multiples facettes et à multifonctions.

De qui parlons-nous ? Du professeur de lettres brillant dont les anciens élèves ont du mal à se détacher, de l’animateur littéraire, du responsable d’édition et de rédaction, ici entre autres je songe aux éditions l’Harmattan, acteur également dans diverses revues et collections, du rassembleur et timonier toujours prêt à innover, à nous proposer une action créative, à l’essayiste, l’écrivain. Oui l’œuvre est protéiforme, le personnage une sorte de mutant multidimensionnel.

Homme de transmission et de communication.

Prétendre posséder toute l’œuvre de Giovanni Dotoli répond à un tour de force, car je me demande si lui-même a conscience du chemin parcouru. Je ne voudrais surtout pas oublier le poète, car la poésie chez lui est le contrefort et la base même de son œuvre, le socle. Ici donc par affinités électives, je me rapprocherai du poète.

Il est reconnu que la poésie « Poesis, »création, est l’alpha de tous les arts, le prolongement et cela. Giovanni Dotoli l’a parfaitement bien compris et c’est dans cet esprit qu’il se fait rassembleur et acteur dans le monde artistique, c’est ainsi que l’ensemble de ses travaux édités sont rattachés au monde des arts plastiques.

Giovanni Dotoli est un esthète qui a toujours tendu la main et a su s’associer aux artistes de toutes disciplines, peintres, graveurs, dessinateurs, photographes, calligraphes, etc.

Voici un homme qui a reçu le don de poésie en héritage et qui possède l’art inné du partage.

Pour reprendre une expression d’Alain Rey qui consacra un essai, judicieux et révélateur sur Giovanni Dotoli avec qui il était très lié, voyait en lui : « Un poète, messager du langage et un serviteur de la musique du Verbe. »

Parler d’un poète est un exercice périlleux, c’est bien dans cette situation que je me sens aujourd’hui devant vous. Alors face à la démesure de l’œuvre de notre poète, je ne me contenterai que d’un survol partiel et informel, livré un peu aux lois du hasard, hasard qui d’ailleurs n’existe pas, alors j’évoquerai plutôt les phénomènes de convergences, car il m’est impossible ici de me rattacher ou de citer tous les artistes qui ont collaboré de près ou de loin à l’œuvre de Giovanni Dotoli. Ainsi je ne me rapprocherai que de quelques-uns, que les autres veuillent bien me pardonner.

En premier lieu, je pense à l’ami de longue date, le peintre et plasticien Michele Damiani, dont nous retrouvons souvent les illustrations associées aux textes du poète. Artiste de renom, Michele Damiani est une sorte de Marc Chagall à l’italienne, associant ses œuvres choisies aux poèmes de Giovanni Dotoli. Ici je me rapproche des ouvrages comme « Epopée » et « Paris poésie »,car la poésie est prétexte à la rêverie, à la promenade, à la découverte d’un ailleurs, à engendrer des rêves androgynes et la peinture de Michele Damiani se marie très bien à la poésie de Giovanni Dotoli, c’est une fenêtre qui s’ouvre sur le monde et offre tous les possibles de l’insolite au poète.

Ouvrage d’artiste remarquable plus particulièrement réservé aux bibliophiles, « Fenêtres de Paris » où Michel Damiani excelle, les gravures sur feuilles volantes sont libres et les textes se marient merveilleusement aux illustrations, sorte de jumelage où peinture et poésie ne font plus qu’un. Voilà, une touchante communion symbolique.

« Au Lieu de la connaissance / Notre regard fixait l’instant / Nous libérions notre histoire / À la fenêtre sur le monde. »

Belle union poético-picturale où Michele Damiani associe ses dessins à l’encre de chine aux poèmes de Giovanni Dotoli, le trait est d’une extrême délicatesse, d’une haute précision et de parfaite maîtrise, sans perdre son autonomie d’expression qui à elle seule est un poème en liberté. C’est une véritable épopée qui nous élève vers l’infini pour mieux nous déposer au cœur de nos rêves.

Je serai tenté de dire comme l’a fait d’ailleurs Alain Rey, que Giovanni Dotoli est l’homme du mot révélé, de la parade verbale et de l’image symbolique qui naissent sous le pinceau ou la plume de Michele Damiani. Chacune de ses œuvres équivaut à une étincelle de vie.

Toutes les formes artistiques interrogent notre poète esthète et je me rapproche d’un artiste de captivante originalité, le peintre et graveur Patrick Navaï, souvent présent dans le sillage de Giovanni Dotoli et ici je retiendrai le recueil « Partir », où chaque illustration nous transporte dans un univers original, issu de créations singulières, naïves et oniriques cohabitant parfaitement aux textes du poète. Patrick Navaï traite ses sujets de manière imaginaire proche de la légende, du conte, de l’orphisme. Les illustrations de Patrick Navaï semblent parfois sorties des contes d’Andersen, elles apportent du rêve au poète : « Vivons la partance du poète, pour mieux vivre, pour rêver. »

Mariage de la poésie et de l’image

Les images de l’infiniment grand et de l’infiniment petit ont toujours fasciné notre poète de l’éternel, ce sera le photographe et ami Thierry Delaballe qui fera l’objet de son choix. L’œuvre de ce photographe est remarquablement chargée de poésie intemporelle, elle explose de lumière, du mystère de l’univers, il nous transporte dans l’intemporalité minimaliste et cosmique. C’est un voyage hors du temps, en un clic il nous ouvre les portes de l’éternel.

Ce mariage de la poésie et de l’image nous transcende ; il est, selon les termes de Giovanni Dotoli, une mémoire triomphant par le signe, une obscurité qui devient clarté. Au travers des photos de Thierry Delaballe, nous avons l’impression de la réflexion de l’univers. D’ailleurs, le poète Salah Stétié ne disait-il pas : « Le miroir et le rêve se ressemblent. »

Les photos de Thierry Delaballe et les textes de Giovanni Dotoli forment une parfaite osmose, c’est sans doute dans son œuvre mixte, littéraire et plastique la plus belle fusion ou union ; il y a ici le souffle d’une complémentarité précieuse. Il y a une sorte de folie derrière tout cela : « Un rêve de fou ? », mais le poète n’écrit-il pas : « Ce sont les rêves des fous qui ont ouvert les traces de l’avenir, dans le cours de l’histoire. »

Cette quête poético-picturale chez Giovanni Dotoli est vaste et variée, toute proportion gardée et avec beaucoup de modestie, j’ai eu aussi la chance et le bonheur de collaborer à ses travaux en techniques mixtes ou collages.

Lorsque j’observe Giovanni Dotoli dans son action au quotidien emporté dans son tourbillon de créativité, je compare un peu notre ami aux artistes de la renaissance ou des lumières qui conjuguaient tout naturellement multi disciplines et les exemples de peintres, poètes, sculpteurs, musiciens, savants, architectes sont pléthores. Deux noms seulement parmi des centaines, Michel Ange et Léonard de Vinci, c’est un peu sous cet angle et dans cet esprit toutes proportions gardées que je perçois Giovanni Dotoli.

Collaborations

Il a toujours été naturellement ouvert à la connaissance, à la tolérance, à l’éclectisme, à l’échange, au partage. Plutôt que de vivre en intellectuel dans sa tour d’ivoire, il a toujours tendu la main aux autres créateurs et divers plasticiens par le biais du livre, revues et expositions dont je fus pour mon plus grand plaisir, l’organisateur. Ici je pense plus particulièrement au mouvement intuitiste.

Il est bien évident que Giovanni Dotoli, fort de son hyper activité, réalisa et collabora à de multiples revues, anthologies, livres d’art, etc., mais ici je ne vais en mentionner que deux. Tout d’abord la remarquable revue « Noria » en collaboration avec le professeur Mario Selvaggio et également l’ouvrage d’art de luxe thématique et annuel comme Rimbaud, Baudelaire, Apollinaire et actuellement en réalisation Villon.

Là encore la collaboration est parfaite, où artistes, poètes et écrivains conjuguent leurs talents sous la baguette avisée du maestro Giovanni Dotoli, où nous retrouvons d’incontestables plumes, P. Brunel, P. Caizergues, C. Debon, B. Franco, J.-P. Paulhac et bien d’autres. Sans oublier les traducteurs, M. Selvaggio, B. Ouerhani, L. Zhu, etc.

Côté plasticiens, je rappellerai simplement quelques noms, G. Beaulieu, J.-C. Bemben, M. Bénard, A. Béral, F. Debellefontaine, M. Dinet, F. Ducène-Lasvigne, É. Fatras, S. Gucciardo, É. Hurtado, P. Kichilov, H. Morel, R. Souchon, etc.

Giovanni Dotoli a toujours considéré que la poésie, les lettres, les arts ne peuvent que vivre et exister ensemble, l’un sans l’autre ils n’existent pas ou sont bien incomplets, l’un se fait l’écho de l’autre, le révèle, le transcende, le solidifie et inversement.

N’oublions pas la réalisation d’un magnifique ouvrage réalisé en collaboration avec le grand calligraphe Ghani Alani, où la communion de la poésie à la calligraphie est une transcendance.

Giovanni Dotoli porte haut la bannière des arts et de la poésie, comme un suprême héritage.

Alain Rey voyait en son grand ami Giovanni Dotoli comme une sorte de prêtre laïque des mots, un prince de l’incantation  du Verbe, un passeur de la beauté et un conservateur de la vérité, se situant entre le tellurisme et le cosmique, le sacré et le profane.

Il est encore un aspect, plus intime, plus discret, que je ne voudrais pas cependant écarter, il s’agit de la musique, avec laquelle notre ami entretient un lien particulier, une relation intime au sens large du terme. Alors dans l’instant présent, car il y aurait tant à dire, je dévoilerai l’un des derniers ouvrages,« Défense et illustration de la musique », dédié au grand chef Riccardo Muti, mais aussi à une pléiade de compositeurs et de musiciens que vous pourrez bientôt découvrir. À ce propos, je crois savoir qu’un projet est en train du mûrir avec la grande violoncelliste de renom, Marie-Claude Bantigny.

Art, Beauté, Vérité et Amour

En conclusion, je féliciterai sincèrement le nouveau président de l’Académie mondiale de poésie et aujourd’hui le lauréat du Prix Pascal Bonetti de la Société des Poètes français, non sans rappeler que notre poète à parfaitement conscience et soutient sa vision humaniste dans son combat, que l’art a pour mission de tracer le chemin pour l’homme de l’avenir, que l’art doit retrouver le sens de la beauté, de la vérité et de l’amour.
Michel Bénard
Vice-Président de la Société des Poètes français.
Lauréat de l’Académie française
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres
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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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