Jean-Sébastien Huot
Mercredi en Poésie avec Jean-Sébastien Huot
Poète et artiste
En cette demeure
Se dressent trois colonnes marbrées
Les plis d’un rideau coiffent
Cette mère aux paumes léchées
Par le sel d’une marée haute
Le ciel tient dans un verre que je pose sur le carrelage
*
Visage vrai
Que je découpe avec des ciseaux.
Les polaroïds de ces pages pleurent: cire, urine, cendre.
*
Je n’engendrerai pas ces sciences exactes
Ni ces dépouilles autour de leurs chiffres
Mais témoignerai des dieux sur terre.
*
Elle aura fait vœu
De regrouper les os de caille
En un cercle blanc
Inondant nos chambres de chloroforme
Herbes hautes et rosée
*
Jean-Sébastien Huot
Écrivain et artiste visuel, Jean-Sébastien Huot est né à Québec en 1971. Fondateur de la revue de poésie Gaz Moutarde, il détient une maîtrise en création littéraire de l’Université du Québec à Montréal. Il possède aussi un diplôme d’études supérieures spécialisées en psychopédagogie de l’Université de Montréal. Il enseigne la littérature au Cégep de Sherbrooke depuis 2005.
Jean-Sébastien Huot l’artiste
Jean-Sébastien Huot : « Mon parcours comme artiste visuel a débuté alors que j’avais 18 ans. Je travaillais comme journalier dans un camp de bûcherons du Saguenay pour y faire du rubanage. Débutant à 6h du matin pour rentrer vers 15h, j’avais le loisir de m’adonner le reste de la journée à l’écriture de mon premier recueil de poésie. Habitant seul un petit chalet du Lac Otis, celui de mon grand-père, je martelais mes poèmes sur une machine à écrire électronique avec posés sur ma table les livres de Josée Yvon, les poésies complètes d’Alain Grandbois, Tous corps accessoires de Rogers Des Roches et La nuit juste avant les forêts de Koltès.
Je les avais dénichés à 2 dollars au Colisée du livre pour m’inspirer puisque j’allais passer mon été en forêt. Je feuilletais, au hasard, les pages de ces livres que je mêlais aux miennes. Un soir, m’ennuyant et en manque d’inspiration, je me mis à fouiller dans de vieilles boîtes en carton qui se trouvaient dans une garde-robe de ma chambre et tombais sur une collection du Paris Match. Je me mis à parcourir les magazines en me disant que les images colorées qui s’y trouvaient chasseraient mon ennui. L’une des revues présentait un article sur le peintre Jean-Michel Basquiat. Mes tripes se nouèrent lorsque je vis les tableaux de l’artiste. »
Poème proposé par Christophe Condello