Découvrez Gaëlle Josse, poétesse et romancière française. Après des études variées et un séjour en Nouvelle-Calédonie, elle travaille aujourd’hui pour un site Internet à Paris et vit en région parisienne.
Gaëlle Josse, Les jours à pas comptés
L’odeur d’herbe fraîche de la nuit
Le cri d’un oiseau entre les feuilles
Un vêtement oublié sur un banc
Il frissonne comme
Un bouquet abandonné
Et peut-être il danse
Lorsque tout dort au jardin
Chaque jour renaître ouvrir les volets
Au jardin jeter une poignée de graines
La part de la terre
La part des oiseaux
Et attendre ce qui est à venir
Quand il faut tout rassembler
Autour de soi
Le courage les vêtements le sourire
Et qu’on n’est pas très sûre de vouloir sortir
Dans le tranchant du jour
Le corps perdu
Le cœur perdu
Marcher sur le fil d’un silence
Guetter quelques mots de passage
Prémices d’un éveil
Echos d’une lampe allumée
A la fenêtre
De l’autre côté de la rue
Les jours à pas comptés
***
je n’écris rien d’autre que
ce qui vient se poser dans ce carnet
encombré de dessins maladroits
de listes de courses
de numéros de téléphone de prénoms
de choses importantes oubliées
je n’écris rien d’autre que
les houles qui me traversent
que les envols qui me saisissent m’emportent
que le souvenir d’un café partagé un jour de pluie
un jour où tout tremble
je n’écris rien d’autre
qu’un peu d’incertitude
et le souvenir de
quelques éclats de douceur
recueillis sur des visages inconnus
extrait du recueil et recoudre le soleil (éd. notabilia)
Gaëlle Josse
Gaëlle Josse, un parcours singulier entre poésie et roman
Gaëlle Josse est une femme de lettres française dont l’écriture s’impose par sa délicatesse et son intensité. Après des études de droit, de journalisme et de psychologie, elle séjourne plusieurs années en Nouvelle-Calédonie avant de s’installer en région parisienne, où elle travaille pour un site Internet. Parallèlement, elle anime des ateliers d’écoute musicale et d’écriture, destinés aussi bien aux adolescents qu’aux adultes, affirmant son désir de transmission et de partage autour des mots.
Venue à la littérature par la poésie, elle se tourne vers le roman en 2010 avec Les heures silencieuses, publié aux Éditions Autrement. Ce premier texte, salué pour sa finesse, reçoit de nombreux prix – parmi lesquels le Prix Lavinal, le Prix Peindre en Provence et le Prix du Marais – et figure parmi les finalistes du Prix Orange en 2011. Dès lors, Gaëlle Josse affirme un style singulier, fait d’une attention aiguë aux silences, aux blessures intimes et aux destins fragiles.
En 2012, son deuxième roman, Nos vies désaccordées, confirme ce talent et est couronné par le Prix Alain-Fournier et le Prix national de l’Audiolecture en 2013. L’année suivante paraît Noces de neige, où l’autrice poursuit son exploration des liens entre mémoire, histoire et émotions. Mais c’est en 2015 que sa notoriété prend un nouvel essor avec Le dernier gardien d’Ellis Island, publié aux éditions Noir sur Blanc. Ce récit puissant, situé dans l’un des hauts lieux de l’immigration américaine, reçoit le Prix de littérature de l’Union Européenne, le Prix de l’Académie de Bretagne et séduit de nombreuses médiathèques. Finaliste du Prix des libraires, ce roman installe définitivement Gaëlle Josse parmi les voix majeures de la littérature contemporaine.
Elle poursuit ensuite son œuvre avec L’ombre de nos nuits en 2016, roman où l’art pictural dialogue avec l’écriture, et devient la marraine du Prix littéraire des jeunes Européens. En 2018, elle publie Une longue impatience, récit bouleversant de l’attente et du deuil. L’année suivante, elle change de registre avec Une femme en contre-jour (2019), une biographie sensible consacrée à la mystérieuse photographe Vivian Maier, confirmant son talent à saisir l’intime au croisement de la mémoire et de l’Histoire.
Son dernier roman, Ce matin-là, paru en janvier 2021 aux éditions Noir sur Blanc, explore avec justesse et pudeur les fractures invisibles et les fragilités de l’existence contemporaine.
À travers chacun de ses livres, Gaëlle Josse poursuit une œuvre où les vies discrètes prennent la lumière, où les fêlures deviennent matière littéraire, et où la poésie demeure le fil secret qui irrigue son écriture.
Une plume poétique d’une grande et subtile légèreté, un parfum enivrant « qui a de la longueur » comme l’on dirait d’un grand vin, la poésie de Gaëlle Josse vous enveloppe, vous pénètre, vous prend doucement par la main et vous attire irrésistiblement vers le haut de vous-même.
Une grande poétesse.