Sanda Ristić Stojanović – Poésie
Mercredi en poésie avec Sanda Ristić Stojanović
APHRODITE III
Aphrodite se tient debout
Dans le camp de concentration de la réalité
Et comme la fumée sa beauté rampe
Le long des corps calcinés des mots et des hommes,
Pleurant
Sur les déclarations spectaculaires de la beauté
Et les abdications du passé
Et les défilés invisibles de l’actualité
Dans le camp de concentration de la parole
Qui tente d’échanger le poème
Par sa beauté déchue
Dans le cours général des événements
RECONSTRUCTION
Le soleil refait
Son idée sur la lumière de ce siècle,
Déambulant sur l’idée de la mort
Déguisé en jour, en poète
Il creuse la nuit l’abîme
Qu’il remplit de l’illusion de la terre,
Nostalgique
De la face terrestre du siècle
Du bout de civilisation
Cachée dans la pâte
Du poème inconscient
De soi-même.
La mort reconstruit son vers
Pour qu’il ressemble plus à la vie
Pendu à l’illusion du mot,
Pendu à l’illusion de l’évènement,
Elle tranche ses déclarations
Sur le Soleil, fouillant
Le jour à la recherche
D’une blancheur idéale,
Elle remplit de sang les gros mots
Trop éparpillés dans la conscience
Couleur rouge du siècle.
Le mot blotti de la terre
Reconstruit les doits du ciel et du poème
Qui tentent de toucher
La face éclatée du siècle.
L’USAGE DES MOTS
Le mot mort
Se servit du mot vie
Comme s’il s’agissait d’un homme
Il le regarda plus longuement qu’un pronostic
Plus brièvement qu’un balbutiement de l’espace
Le mot Soleil s’éprit
Du rayon éphémère en nous
Perçant le Soleil et le poème.
Le mot crépuscule transforma
La nuit artificielle
En mémoire du jour orné
De notre pâleur
Le mot étoile piqua
Le poème de la nuit
Et cette passion déversa
Le sang de notre insomnie
Au sein même du poème.
Le mot poème
Fit usage de lui-même
Comme du poète.
APHRODITE VII
SUR LE TITANIQUE DE LA CIVILISATION
Aphrodite sur le Titanique de la civilisation,
La nuit dans ses bras la porte sur le pont,
Alors que le jour nettoie le chaos de la civilisation,
Déformant sa beauté et sa pâleur
En piètres hypothèses d’étoiles
Pourquoi en haute mer du chaos
Une image de la Beauté
Tient-elle le monde en suspens,
Le monde creusé dans le mât
Du plus grand bateau de la fatalité.
Aphrodite sur le Titanique de la civilisation,
Dans le cabines de la destinée partout
Sont ses images garnies de monde
Et de pamphlets de mort et de vie
Où il faut chercher
La passion de la nuit déambulant
Séduisante comme le monde
Sur la condescendance de l’étoile qui voudrait être
Ce que sont et ne sont pas la Beauté, le monde et la catastrophe.
Aphrodite sur le Titanique de la civilisation,
La nuit la fit monter sur ses propres cris
Aux efforts vains du matin
De figer la Beauté et le monde
Au pôle Nord du poème.
La poétesse
Sanda Ristić-Stojanović est née en 1974. Elle a terminé ses études de philosophie à la Faculté de Philosophie de l’Université de Belgrade. Auteur de neuf livres de poésie dans les éditions Svetovi, KOV, Adresa et Gramatik, elle est une des quatre poétesses du recueil de poésie De l’ombre du vers publié aux éditions Gramatik en 2012, et présenté, la même année, au sein de la Société littéraire Serbe par Duško Novaković.
Alors qu’elle était encore lycéenne, ses poèmes ont été appréciés par le poète Oskar Davičo qui, à cette occasion, a attiré l’attention sur leur auteur lors d’une émission culturelle du Troisième programme de Radio Belgrade, dont la rédactrice a été Radmila Gligić, et qui a été rediffusée par radio Zagreb, grâce au poète Danijel Dragojević. (La phrase de Davičo au sujet de la poèsie de Sanda Ristić ( Stojanović ) a été reprise et publiée dans les recueils de poèmes de Sanda “Nos nuits, service“- „Noći naše, usluga“ – KOV, 2008 (en partie) et “ Avant-garde de l’éternité“ – „Avangardnost večnosti“ – Gramatik, 2018 (texte intégral).
Sanda Ristić-Stojanović a publié quatre livres de poésies chez l’éditeur Petru Krdu – aux Editions de la Commune Littéraire de Vršac – KOV (de 2007 à 2011).
Les éditeurs de ses livres publiés aux éditions Svetovi, Adresa et Gramatik sont les poètes Jovan Zivlak et Danilo Jokanović.
Sanda Ristić-Stojanović traduit la poèsie de l’Anglais en Serbe.
Elle écrit et publie aussi des critiques sur la poésie (O. Davičo, P. Krdu, B. Miljković, Duško Novaković …). Une de ses premières critiques littéraires a été publiée dans le livre de poèmes de Vuk Milatović (en 1998), avec les recensements de Nikola Milošević et Andrija Stojković.
Elle soutient, par ses écrits, de nombreux jeunes poètes de talent.
Sanda Ristić-Stojanović a été rédactrice dans la maison d’édition “Beletra“ et rédactrice en chef du magazine littéraire “Kovine“ (KOV).
Elle a publié de nombreux essais de philosophie dans les publications de la Société Esthétique de Serbie (essais philosophiques dans les publications suivantes de la Société Esthétique de Serbie : Influence de l’esthétique sur l’art, L’esthétique et l’éducation, Le problème de la créativité, Le problème du goût, La crise de l’art et les nouvelles pratiques de l’art, Le problème de la forme, Homo aestheticus, La culture esthétique, L’esthétique et le réél …). Le philosophe Sreten Petrović a analysé un des textes de Sanda Ristić-Stojanović dans son livre “L’esthétique au temps de l’anti-art“ (pages 411- 413).
Ses poèmes et courtes nouvelles ont été publiées dans de nombreux recueils et livres de littérature contemporaine et anthologies de poésie du XXI siècle.
Elle a été rédactrice du choix de poésies – “L’avant-garde existera toujours“ – édition Gramatik 2018 ( poètes aux poétiques remarquables du début du XXI siècle )
Elle est membre de la Société Littéraire de Serbie, de l’Association des Ecrivains de Serbie et de la Société Esthétique de Serbie.
Traduit par Ljiljana Prošić Kraković