Pour l’année 2026, le château de Versailles dévoile une programmation d’expositions qui affirme, avec une clarté renouvelée, sa capacité à faire dialoguer les siècles. En croisant histoire de l’art, patrimoine vivant et regards contemporains, le domaine propose une traversée sensible et intellectuelle, où le passé n’est jamais figé mais constamment réinterrogé.
Versailles 2026 : une année d’expositions entre héritage, regard contemporain et réinvention des imaginaires
Le printemps s’ouvrira avec Jardins des Lumières (1750-1800), une exposition d’envergure consacrée à l’émergence du jardin paysager dans la seconde moitié du XVIIIᵉ siècle. À travers près de cent cinquante œuvres — peintures, dessins, projets d’architecture, mobilier et costumes — le parcours explore un moment décisif où l’Europe s’éloigne des règles du jardin à la française pour privilégier l’irrégularité, le pittoresque et une relation plus intime à la nature. Inspiré du modèle britannique, ce nouveau langage paysager s’enrichit d’influences multiples, de l’Antiquité à la Chine, et accompagne l’apparition de nouveaux modes de vie faits de rêveries philosophiques, de plaisirs champêtres et de contemplation. Présentée au Grand Trianon et dans le jardin anglais du Petit Trianon, l’exposition entre en résonance directe avec les paysages historiques du domaine, offrant une lecture inédite de lieux emblématiques tels que le Belvédère, le Temple de l’Amour ou le Hameau de la Reine.
À l’automne, Versailles célèbrera les vingt ans du film Marie-Antoinette de Sofia Coppola à travers une exposition présentée au Petit Trianon, lieu intimement associé à la figure de la reine et cadre de plusieurs scènes du tournage. Devenu au fil du temps un film culte, Marie-Antoinette a profondément renouvelé l’imaginaire attaché à la dernière souveraine de France, en mêlant rigueur historique, sensibilité contemporaine et esthétique pop. L’exposition plongera le visiteur dans les coulisses de cette création cinématographique, en réunissant costumes originaux conçus par Milena Canonero, accessoires, documents de travail, photographies de plateau et éléments scénographiques. Des projections de séquences tournées à Versailles viendront renforcer cette immersion, faisant dialoguer les espaces du film avec les lieux mêmes de leur réalisation.
Versailles 2026 : à partir de novembre, le château consacrera une exposition majeure au sculpteur maniériste néerlandais Adriaen de Vries, figure essentielle de la sculpture européenne du début du XVIIᵉ siècle. Fruit d’une collaboration exceptionnelle avec le Nationalmuseum de Stockholm, cette présentation réunira pour la première fois depuis plusieurs décennies un ensemble significatif de ses œuvres. Le parcours rappellera les liens artistiques étroits entre les cours de France, de Suède et d’Italie, tout en soulignant l’admiration que Louis XIV portait à l’artiste. Installée dans les salles Empire de l’aile du Midi, l’exposition bénéficiera d’un dialogue privilégié avec les jardins dessinés par André Le Nôtre, rappelant combien les décors paysagers ont façonné la réception de la sculpture baroque en Europe.
L’année s’achèvera enfin avec l’exposition du photographe japonais Yasumichi Morita, dont le regard silencieux et attentif s’est posé, au fil des saisons, sur les détails les plus subtils de l’architecture versaillaise. Présentée dans l’appartement de Madame de Maintenon, cette série en noir et blanc révèle un Versailles intime, fait de matières, d’ombres et de lumières. Inspiré par l’essai In Praise of Shadows de Jun’ichirō Tanizaki, le travail de Morita explore cet espace fragile entre clarté et obscurité, là où affleure la mémoire sensible des lieux et des gestes qui les ont traversés.
Par cette programmation 2026, le château de Versailles affirme une vision curatoriale exigeante, attentive aux continuités comme aux ruptures. En faisant dialoguer jardins, cinéma, sculpture et photographie, le domaine propose une lecture plurielle du patrimoine, ouverte aux résonances contemporaines et à la diversité des regards. Une invitation à parcourir Versailles autrement, dans le temps long et la nuance.
