Cinéma

JOHN WICK : chapitre 4

John Wick : chapitre 4

Confirmation d’un grand classique

Les lundis mensuels d’Hyacinthe

 

John Wick : chapitre 4

Une fin ouverte

Contrairement aux trois précédents opus de la saga, John Wick n’est pas là, debout, prêt à bondir, à frapper, à tirer, à livrer une course vertigineuse contre la montre et bien sûr contre La Grande Table. Non, cette fois-ci, sa stèle, selon sa dernière volonté confiée à Winston (incarné par Ian McShane), se trouve aux côtés de celle de sa dulcinée, Helen, avec l’inscription qu’il a voulue : « Lovinghusband », soit « Un mari aimant » en français.

Même quand son ami Caine, remarquablement incarné par Donnie Yen, traverse l’une des rues de Paris un bouquet de fleurs à la main pouvant enfin renouer avec sa fille qui joue du violon devant l’Académie Nationale de Musique, risquant de se faire assassiner par Akira, la fille de Shimazu (Hiroyuki Sanada), ne sommes-nous pas en droit d’exiger la présence de John Wick pour empêcher que deux des siens ne s’entretuent ?

C’est pour dire que nous ne savons pas si c’est vraiment la fin de la saga, comme cela a été la fin pour Daniel Craig dans la saga James Bond avec Mourir peut attendre. Sauf que comparaison n’est pas raison, et personne ne peut tuer et enterrer Baba Yaga, le croque-mitaine. À ce titre, la fin reste ouverte et nous attendons un cinquième opus avec Keanu Reeves dans le rôle de John Wick, sous le haut commandement de Chad Stahelski.

Impossible déception  

Le problème avec les sagas, c’est la déception. Oui, nous avons toujours peur que l’inspiration s’essouffle, que les épisodes se répètent et que le plaisir ne se transforme en dégoût. Mais, après le premier opus, que Chad Stahelski a coréalisé avec David Leitch, la saga est allée de mieux en mieux, le personnage principal prenant à chaque fois de l’épaisseur, secondé par des amis et bien sûr des ennemis aussi valeureux que complexes.

L’intrigue n’est certes pas décisive en soi, en ce sens que nous ne sommes pas dans un film signé Sergio Leone, Akira Kurosawa ou François Truffaut, pour ne citer que ces grands maîtres du cinéma mondial, mais le travail de Chad Stahelski, qui a commencé sa carrière à la mort de Brandon Lee lors du tournage, en 1994, de The Crow, est brillant à bien des égards, ne serait-ce que par sa capacité de se renouveler, de ne pas se répéter et encore moins décevoir ses spectateurs.

De même, il s’agit d’une saga d’action, avec cette particularité consistant à mettre en avant les scènes de combat mêlant armes à feu et arts martiaux. Cette combinaison est aussi inédite qu’heureuse car ni Denzel Washington dans The Equalizer, ni Tom Cruise dans Jack Reacher ou Mission Impossible, ni Liam Neeson dans Taken, ne sont allés aussi loin, aussi bien, aussi fort.

La maestria avec laquelle Keanu Reeves endosse le rôle de John Wick est vertigineuse. Tout est juste, tout est dynamique, tout va crescendo. À l’image de l’idée même de l’intrigue, il s’agit d’une fuite en avant qui, même avec cette stèle funéraire portant son nom, ne s’arrêtera pas.

Nouveaux horizons

Après New York, Rome et Casablanca dans les précédents opus, c’est à Osaka, Berlin et Paris que Jonathan élit demeure. N’oublions pas la scène du début avec cette course-poursuite dans le désert, laquelle semble directement s’inspirer de Lawrence d’Arabie et a été vraiment filmée à Akaba.

Bien sûr, la presse et le public français ont beaucoup jacassé sur les scènes tournées à Paris sur les marches de Montmartre, au cours de cette incroyable ascension martiale de John Wick voulant atteindre le Sacré-Cœur pour y livrer un duel, ainsi que la course-poursuite à la place de l’Étoile, autour de l’Arc de Triomphe, ou encore cette scène tournée au Musée du Louvre devant La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix, ou encore dans la station Porte des Lilas où le héros éponyme de la saga écoute nostalgiquement « Les amants du dimanche » de Lucienne Delyle. Tout cela est d’autant plus beau qu’il transforme Paris, qui ne sera plus une fête, mais un sol guerrier où la mort est partout et l’espoir, pour le héros, ne tient qu’à un fil, celui d’un improbable lever de soleil parisien. Voilà qui, pour tout Parisien qui se respecte, une source d’inspiration et d’espoir…

Mais, pour nous, les nouveaux personnages conviés à ce quatrième opus qui nous intéressent. Outre le maître du Continental d’Osaka, Shimazu, interprété par le charismatique Hiroyuki Sanada, qui incarne par son honneur et sa loyauté envers John Wick le parfait samouraï, au point d’y laisser la vie, c’est le personnage du non voyant Caine, joué par Donnie Yen, que nous avons adoré dans la peau d’Ip Man, le maître de Bruce Lee, ainsi que dans celle deChirrut Îmwe, le combattant également non voyant de Rogue One, le préquel de Star Wars, en 2016.

Le personnage de Caine, en bretteur aveugle, n’est pas sans nous rappeler celui de Zatoïchi, oui, celui repris par Takeshi Kitano en 2003 à partir de la série de films japonais, portée par le sublime ShintarōKatsu, de 1962 à 1989. (Sans doute nous faut-il revenir à cette autre saga, d’autant plus que nous en possédons le coffret intégral).

Personnage aussi charismatique que complexe, Caine est un ancien ami devenu adversaire de John Wick. Tantôt voulant le tuer (pour sauver sa propre fille menacée par La Grande Table et en l’occurrence le marquis Vincent de Gramont), tantôt le protégeant, il incarne le dualisme de l’homme, partagé entre volonté personnelle d’amitié et de liberté et impératifs dictés par le monde. Il en va de même du personnage de Tracker qui n’aide John Wick que pour faire monter la prime pour sa tête et qui finit par devenir son allié parce qu’il a sauvé sa chienne, une ravissante malinoise belge, nommée Noisette. Ce qui nous fait revenir à l’intrigue d’origine de la saga…

Enfin, nous ne pouvons pas passer sous silence le personnage aussi grotesque que pathétique du Berlinois Killa dont le costume, les grimaces et l’agilité aux cartes ne sont pas sans nous rappeler l’éternel Joker. Incarné par Scott Adkins, méconnaissable à première vue dans ce rôle, Killa est à l’image même de l’adversité qui entoure John Wick, laquelle est illustrée, à travers ce personnage et tous les ennemis du héros, par La Grande Table qui a cédé les pleins pouvoirs à l’arrogant marquis Vincent de Gramont. D’ailleurs, c’est ici que se trouve le nœud de ce quatrième opus : comment John Wick peut-il se débarrasser aussi bien du vilain marquis que de l’organisation criminelle, sans avoir à revenir au point de départ avec la simple élimination de celui-ci qui sera forcément remplacé ?

Il s’agit plus d’un problème insoluble que d’une simple question. La réponse, précisément le dénouement illustrera à merveille l’excellent travail de scénario et de réalisation par lesquels ce quatrième opus de John Wick a été mené. Nous sommes sûrs que, comme les excellents coups de nunchaku rendant hommage au maître Bruce Lee, ce film restera dans les annales du genre.

John Wick : chapitre 4de Chad Stahelski, avec Keanu Reeves, Donnie Yen, Bill Skarsgård, Laurence Fishburne, durée 169 minutes, date de sortie dans les salles le 22 mars 2023, y compris en Tunisie

Hyacinthe

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